Rock pastoral passablement tourmenté
"Mother Juno", le précédent album sorti en octobre 1987, avait finalement obtenu de bonnes critiques et apporté de nouveaux espoirs au groupe. Mais malheureusement cela n'allait pas durer et le retour du succès sera de courte durée, gâché par le comportement autodestructeur d'un Jeffrey Lee Pierce bouffi, qui avale les pilules roses de Xanax comme des Smarties et ingurgite le bourbon comme du petit-lait !!!
Les concerts du GUN CLUB ne furent pas tous désastreux, mais certains soirs, même Pete Doherty aurait pu passer pour un des prêtres de Spiritus Dei, à coté du déglingué et passablement déchiré Jeffrey Lee Pierce...
JLP fut même hospitalisé suite à une cirrhose du foi ( à 29 ans !!!), et à partir de là, sa santé ira en se dégradant sérieusement de jours en jours.
En 1988, alors qu'il était partit se ressourcer à Los Angeles, Red Rhino, le nouveau label anglais du GUN CLUB mettait la clé sous la porte et Jeffrey Lee Pierce sombrait de plus en plus dans la dépression.
Pourtant, 1990 semble être l'année du renouveau. Jeffrey Lee Pierce de retour en Europe s'est refait une santé, il est (soi-disant) clean ????
Il a perdu du poids et se dit que c'est le moment ou jamais pour relancer la carrière du GUN CLUB. Le groupe se stabilise avec la même formation que sur "Mother Juno" (avec Kid Congo, Nick Sanderson et Romi Mori) et publie son cinquième album "Pastoral Hide And Seek", produit par Jeffrey Lee Pierce lui-même, aux studios ICP de Bruxelles .
"Pastoral Hide And Seek" continue sur la même voie que le très élaboré album "Mother Juno" , mais avec une production plus propre, plus élaborée, plus pop !
Le public du GUN GLUB ne retrouve plus le "swamp blues/ punk poisseux" du début et le fera savoir en boudant cet album. La maigre participation à la guitare de Kid Gongo, devenu presque un intérimaire depuis son intégration aux BAD SEEDS de Nick Cave, laisse Jeffrey Lee Pierce toute liberté pour se lancer dans de brillantes interventions de guitare situées quelque part entre TELEVISION, THIN LIZZY et JIMI HENDRIX....
Jeffrey et le groupe veulent rompre avec la connexion punk/rock du début. Fatigués de jouer les titres des premiers albums (JLP ne supportait plus de jouer "Sex Beat" devant un parterre de keupons imbibés à la bière), ils veulent désormais s'éloigner des éternels accords de guitare primaires et s'orienter vers des rythmes différents. JLP écoutait beaucoup Hendrix, Coltrane et Eric Dolphy à l'époque, alors il s'était mis à composer des titres plus subtils, remplis d'ambiance dominatrice et beaucoup plus complexes.
Ce fut la première depuis Las Vegas Story où il s'était vraiment concentré sur des types très différents de chansons.
Tous les morceaux du disque ont été enregistrés dans un esprit live. Des sessions, n'ont été conservé que la batterie, parfois la basse, mais rarement les guitares, JLP les jugeant trop approximatives. Pour les parties de guitares, il dit lui même :
- "Je crois que nous nous sommes diversifiés comme jamais nous ne l'avions fait, que ce soit dans les instruments utilisés ou dans notre manière de les faire sonner. Il y a divers canevas que nous avons superposés dans chaque chanson, parfois il y a jusqu'à quatre ou cinq plans, c'est assez nouveau pour nous, finis les "Sex Beat" et autres "She's Like Heroin To Me".....
Ce fut la première depuis Las Vegas Story où il s'était vraiment concentré sur des types très différents de chansons.
Tous les morceaux du disque ont été enregistrés dans un esprit live. Des sessions, n'ont été conservé que la batterie, parfois la basse, mais rarement les guitares, JLP les jugeant trop approximatives. Pour les parties de guitares, il dit lui même :
- "Je crois que nous nous sommes diversifiés comme jamais nous ne l'avions fait, que ce soit dans les instruments utilisés ou dans notre manière de les faire sonner. Il y a divers canevas que nous avons superposés dans chaque chanson, parfois il y a jusqu'à quatre ou cinq plans, c'est assez nouveau pour nous, finis les "Sex Beat" et autres "She's Like Heroin To Me".....
Par ailleurs l' album, qui ne fait que suivre les hauts et les bas de la santé mentale et physique de Jeffrey Lee Pierce, se divise en deux catégories bien distinctes : les morceaux rapides, vraiment excellents comme "Humanesque", "The Straits Of Love & Hate", " Another Country's Young", "The Great Divide" et les titres plus calmes, moins percutants ,"St. John's Divine", "Temptation & I", Emily's Changed", "I Hear Your Heart Singing". Des morceaux plus calmes, certes, mais toujours torturés, remplis de lyrisme, que l'on n'apprécie pas forcément à la première écoute, mais qui restent gravés dans votre cerveau....
A noter également la présence d'un titre écrit en 1982, la splendide ballade "Flowing" qui, comme son nom l'indique, flotte dans l'air, rempli d'effluves de la slide guitare de Kid Congo.
KID CONGO sur la scène de l'Aeroneff à Lille en 1990. |
L'album, trop poli pour certains, super bien fignolé pour d'autres, est heureusement porté par le chant toujours aussi exceptionnel de Jeffrey Lee Pierce. Un chanteur incroyable à la voix envoutante, qui s'arrache les tripes et qui renvoie un bon paquet de soi-disant pousseurs de beuglements (j'ai la liste) à leur cours de chant. Arrêtez les gars !!! retournez au château, allez le restaurer, mais surtout n'en sortez plus, car jamais vous n'arriverez à la cheville du charismatique leader du GUN CLUB !!!
Tant pis pour eux, et tant mieux pour nous.....Jeffrey est unique et irremplaçable. Inimitable, cent fois copié mais jamais égalé et cet album nous le prouve encore une fois de plus.
L'album s'achève par une reprise bouleversante écrite par Grace Slick et Paul Kantner en 1969 pour l' album Volunteers du JEFFERSON AIRPLANE, la déconcertante chanson prophétique "Eskimo Blue Day".
Pour conclure, je soulignerai encore une fois la formidable injustice faite à ce groupe majeur et à son chanteur hors normes qui, malgré la série d' albums incontournables qu'ils nous ont offert, n'ont jamais vraiment eut la reconnaissance méritée...
Jeffrey Lee Pierce "ramblin jeffrey lee" (1992)
*A lire également: Gun Club "miami" (1982)
Gun Club "larger than live" (2008)Jeffrey Lee Pierce "ramblin jeffrey lee" (1992)
Le seul et unique clip (officiel) tourné par le groupe : "St.John Divine"
Un grand merci pour les commentaires affutés et précis de vos chroniques discographiques et un peu plus même... J'avais découvert ce groupe unique avec Bernard Lenoir. Je n'ai jamais pu me départir de leur sons, de leur énergie et de cette voix.
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