Dès les premières images de DOWN BY LAW, le ton est donné: la caméra défile sur les quartiers pauvres de la Nouvelle Orleans -ceux là même qui ont été dévastés par l'ouragan Katrina- accompagnée de la voix rocailleuse de Tom Waits ("Jockey full of Bourbon") dominant de superbes images en noir et blanc.
Le film commence par suivre le parcours de deux loosers pathétiques, joués les musiciens Tom Waits et John Lurie, l'un DJ raté (Waits), l'autre un maquereau (Lurie). Parcours qui les conduit droit... en prison suite à des combines foireuses ! Mais le piquant c'est qu'ils sont aussi innocents l'un que l'autre des faits qui leur sont reprochés. Ils vont partager une cellule à deux, et la cohabitation s'avère délicate entre ces deux "durs" taciturnes avant qu'ils ne soient rejoints par un hurluberlu italien, Roberto Benigni bien sûr, tricheur professionnel qui a soit disant commis un crime, et dont l'exubérance et l'optimisme va leur faire briser leur coquille. Voila nos trois compères qui s'évadent et c'est parti pour un road movie à travers les bayous de Louisiane.
Ne vous attendez pas à un film sur la prison ou sur l'évasion avec poursuites et effets spéciaux, ce n'est pas l'Evadé d'Alcatraz ni Prison break... Jarmush comme toujours dans ses films (Stranger than paradise, Dead man, Mystery train...) s'attache à ses personnages et a leurs rapports entre eux plus qu'a l'action. C'est un film d'ambiance, dépouillé, presque minimaliste ou tout est réussi, la musique superbe de John Lurie, la mise en scène, la performance du trio d'acteurs, la photo en noir et blanc - le bayou n'a peut être jamais été aussi bien filmé - des scènes mythiques (We scream for ice cream, la partie de cartes, Begnini et le lapin rôti, le final...). Onirique, poétique, burlesque, tendre, surréaliste, définitivement un de mes films préférés, et je ne dois pas être le seul, les frères Coen par exemple, dont le O'Brother semble inspiré de DOWN BY LAW. Précisons toutefois pour les fans de Taxi 4 et de Fast and Furious 17, si par hasard un d'eux me lisait, que le rythme du film leur paraîtra sans doute lent, mais c'est ça aussi le cinéma, prendre son temps, installer des ambiances, peindre à petites touches...
de g. à d. Lurie, Waits, Begnini |
J'avais vu ce film a sa sortie en 1986 dans un cinéma de quartier - "Les Studios" , ça te dit quelque chose Luc ? **-, et après on allait chiner un 33 tours de blues à "Jazz Rock Pop" avant de terminer par un café rue de Bordeaux, que c'est loin tout ça (sanglots émus dans la voix) - et j'ai pris toujours autant de plaisir à le revoir ces jours-çi, tellement que j'ai eu envie de vous en parler. Et oui, c'est aussi pour ça qu'on a fait un blog, pour se faire de petits plaisirs et les partager avec vous lecteurs (et surtout lectrices) adorés. Quoi ? moi, démago ? Pas du tout, mais bon les élections sont dans moins d'un an et on ne sait jamais, DSK out, ça ouvre des perspectives...
** M'en cause pas, Rockin', m'en cause pas... et passe moi un de tes kleenex...
Vu en 87, lors de mon arrivée à Paname.
RépondreSupprimerAcheté en DiViDi ya pô longtemps.
Une merveille !
Toujours.
Dingue, non ?