samedi 11 juin 2011

Séance ERNST LUBITSCH, présentée par Foxy Lady et Rockin-jl

- Hé Foxy Lady, on se fait une toile?
- Yes Rockin' qu'est ce que tu proposes ? la saga Twilight ?
- Ben, tu sais moi les vampires pour pré-ados c'est pas trop mon truc... en fait je pensais plutot à des Lubitsch...
- Bonne idée, mais tu sais je ne connais pas trop, à part "The shop around the corner"... et je ne connais pas grand chose sur lui...

- Alors en 2 mots, il est né en Allemagne, à Berlin en 1892, son père était tailleur, mais lui il était bien là (NDLR -desolé pour ce jeu de mot déplorable de Rockin'), peu doué pour reprendre le commerce familial, il se passsionne pour le théatre, se fait remarquer dans le cinéma, d'abord comme acteur, puis scénariste/réalisateur. En 1921, il se rend aux Etats Unis où il tournera une vingtaine de films (plus une dizaine de muets), il tournera avec les plus grands et son succés ne se dementira pas, jusqu'à sa mort en 1947, à L.A.
- D'accord, merci, bon on regarde lequel?
- Installe toi, t'as préparé des tapas ? et y'a de la sangria! cool!! allez c'est parti! On en voit 3, et de ses meilleurs ! Et on commence avec

NINOTCHKA


Ninotchka , de 1939, situé entre "la huitième femme de Barbe Bleue" et "The shop around the corner", c'est du trés grand Lubitsch avec ce dosage unique entre charme et satire,impertinence et légéreté, insolence et humour subtil.



L'action se passe à Paris, d'ailleurs Lubitsch et la France, c'est une histoire d'amour, puisque 9 de ses films de 1930 à 1939 s'y déroulent ; qu'il emploiera souvent des acteurs français (Maurice Chevalier, Charles Boyer), qu'on parle souvent français dans ses films (voir "Le Ciel peut attendre"). Il fut aussi reconnu dans notre pays, recevant la légion d'honneur en 1938, les hommages de ses pairs aussi, ainsi  François Truffaut, grand admirateur, déclara joliment " dans le gruyère Lubitsh, chaque trou est génial ".

Le scénario - signé Billy Wilder -  voit 3 camarades soviétiques (dont un étonnant sosie de Groucho Marx) en mission et leur supérieure la divine Greta Garbo aux prises avec les charmes de la vie du gai Paris, un Paris fantasmé où tous les hommes sont des dandys et les femmes des courtisanes, et succombe à un french lover (Melvin Douglas, un habitué des seconds rôles de classe dans les comédies américaines) avec bien sur derrière une satire du régime communiste, bien terne et rigide en comparaison.

Garbo rit !!
Garbo qui cède aux sirènes des magasins de fringues chics ou qui s'encanaille dans un troquet (géniale scène où elle rit pour la première fois à l'écran, d'où le slogan du film "Garbo rit") ; c'est l'homme (la femme plutôt) qui se libère du carcan qui l'emprisonne.


Garbo est énorme (au sens figuré bien sûr, je ne me permettrai pas !) et ce rôle fut l'un de ses préférés " Lubitsch était le seul grand metteur en scène à Hollywood, Ninotchka a été le seul film pour lequel j'ai été dirigé par un grand metteur en scène "; il faut la voir, éméchée et tenant un discours de propagande à d'imaginaires masses laborieuses devant son miroir...


Trois ans plus tard, Lubitsch s'attaquera au nazisme avec autant de réussite dans :

TO BE OR NOT TO BE

Avec "To be or not to be" Lubitsch atteint sans doute l'apogée de ce qu'on nomme la Lubitsch'touch, ce mélange inégalé de burlesque, de virtuosité scénaristique, de mise en scène brillante, ce soin apporté aux dialogues, aux décors mais aussi de satire, du communisme, sociale (Le Ciel peut attendre), ou comme ici, de Hitler.


L'action se déroule à Varsovie au moment de l'invasion par les troupes nazies et Lubitsch en profite pour régler ses comptes avec Hitler et ses rêves de domination du monde. D'ailleurs ce film de 1942 fit partie des films de propagande produits par Hollywood en ces années là, comme un film auquel on le compare souvent : "Le dictateur" de Chaplin. Lubitsch régle ses comptes, lui qui sera déchu de sa nationalité allemande par les nazis en 1935 ; ici il nous montre les officiers du III eme Reich pas très finauds, constamment dupés par des résistants polonais, membres d'une troupe de théâtre et habiles dans les déguisement et les jeux de rôles. D'ailleurs le film est aussi un hommage au théâtre et à ses acteurs, entre le play boy cabotin, les seconds rôles qui rêvent de la lumière, et la vedette féminine courtisée par un admirateur, ce qui permet à Lubitsch de caser le triangle amoureux cher à tout vaudeville qui se respecte.


Coté distribution on retrouve dans son dernier rôle la superbe Carole Lombard (à gauche photo çi-dessus) qui se tuera dans un accident d'avion avant la sortie du film (d'ailleurs la production lui retirera une réplique prémonitoire qu'elle avait dans le film où elle disait à son amant aviateur " on ne sait pas ce qui peut arriver à un avion "...), ce fut son dernier rôle,à 34 ans, promise à une grande carrière, et femme du séducteur Clark Gable, qui ne se remettra jamais de cette disparition.


Dans le rôle de son mari et acteur vedette de la troupe, plus préoccupé de sa renommée et de sa qualité de cocu que du sort de son pays, Jack Benny (1894-1947). A noter qu'un acteur anglais, grand fan, Alfred Hawthorn Hill, lui piqua son nom et connu le succès sous le nom de... Benny Hill.


Le 3eme membre du triangle, le jeune pilote est joué par Robert Stack, futur Eliot Ness de la série "les Incorruptibles".


Un film qui a été éreinté a sa sortie par la critique et pas connu non plus de succès en salle, sans doute le public alors que la guerre se déclarait n'avait-il pas le recul nécessaire pour en rire ; en tout cas, prés de 70 ans après il reste un chef d'oeuvre à voir et à revoir et n'a absolument pas vieilli. Et on se souviendra de cette réplique culte, Hitler arrivant dans une pièce, levant la main, en disant "Heil myself !".


Mel Brooks a fait un remake de ce film en 1983, et "Inglourious basterds" de Tarantino contient plusieurs clins d'oeil à To be or not to be.

L'année suivante, le maître sort  HEAVEN CAN WAIT, comédie classieuse, avec une petite touche de fantastique.
 
Ce film d’une grande tendresse nous livre le portrait d’Henry Van Cleve, homme passionné et cabotin, qui, au cours de sa vie, fut incapable de résister à une jolie femme, alors qu’il était marié à une créature divinement belle. Juste après sa mort, Henry se présente à la porte des Enfers, persuadé d’y avoir sa place, et va faire le récit de sa vie au Maître des lieux, le sympathique Lucifer !


Pour incarner la femme d’Henry, Lubitsch fait appel à Gene Tierney, absolument sublime, qui sera l’inoubliable interprète de " Laura " en 1944, " Péché mortel " en 1945 ou encore  "L’aventure de Mme Muir" en 1947. Le couple qu’elle forme avec Don Ameche est incroyablement attachant et séduisant.


Gene Tierney , là ou y'a Gene, y'a du plaisir..
On peut noter quelques jolies scènes qui arrivent à nous enchanter, comme la rencontre de Martha et d’Henry à la librairie, ou celle où Henry enlève Martha à son cousin le jour de son anniversaire, entre 2 éternuements de la demoiselle ou encore une des scènes, pleine d’émotion, où Henry se remémore sa femme décédée. Que dire d’une comédie romantique à la fois si mélancolique, légère et raffinée ?


En faisant le portrait d’un Casanova espiègle et insouciant, Lubitsch fait une apologie de la félicité conjugale, et nous livre une petite perle dont lui seul avait le secret. Le personnage du grand-père d’Henry, joué par l’immense Charles Coburn, haut en couleur, est digne de figurer parmi les personnages les plus drôles du cinéma des années 40. Répliques cinglantes et naturel déconcertant font de lui une véritable bouffée d’oxygène !


Ajoutons à ceci la magie du technicolor, un scénario plein de poésie, des décors et des costumes somptueux, et vous obtiendrez une comédie hédoniste subtile et pleine d’humour.


Lubitsch disait :  " ma théorie est que l’être le plus digne est ridicule au moins deux fois par jour " et on ne s’étonne qu’à moitié qu’il ait été capable de nous livrer de tels portraits, tant dans cette comédie que dans d’autres de ses films.


Lubitsch nous quittera en 1947, quatre ans après ce film, qui résonne comme un testament, surtout lorsqu’on connaît l’intérêt du réalisateur pour la gent féminine.
Il est certains films que l’on aimerait voir pour la première fois, juste pour le plaisir de les découvrir… Il ne fait pas le moindre doute que « Le ciel peut attendre » en fait partie !

Un film tellement craquant qu'il inspira une chanson à ... Iron Maiden, pourtant on ne soupçonnera pas  les "métalleux" teutons d'avoir des âmes de midinettes... ("Heaven can wait" sur l'album "Somewhere in time"  de 1986)

(NB - le film du même titre de Warren Beatty (1978) n'a rien à voir avec celui ci et n'en est pas un remake.)




 extrait: le début de "To be or not to be", Hitler se balladant dans Varsovie; en fait il s'agit d'un des acteurs du théatre testant son déguisment d'Hitler..


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