LES WITCH DOCTORS - "Born On The Bocage " - (2011) par Rockin-jl

Figurez vous que suite à ma chronique la semaine dernière des Lazy Buddies et mon apologie des groupes bretons, j’ai reçu un courrier de l’AMRBN , l’Association des Musiciens de Rock et de Blues Normands, qui me disait " vous ne parlez que de la Bretagne, mais nous on est là aussi et on a les Witch Doctors ".

Les Witch Doctors  ? Qui peuvent être ces sorciers  Made in Normandie  capables d’intituler leur album " Born On The Bocage"  ? C’est donc avec curiosité et impatience que j’ai déballé fébrilement leur album et que ma chaîne l’a avalé goulûment, tellement goulûment qu’elle ne veut pas me le rendre et que nous l’écoutons en boucle depuis, je suis donc particulièrement bien placé pour en parler.

Emmanuel , guitare et JC, basse , chant

Avec impatience je disais et aussi émotion et excitation car le premier album d’un groupe ce n’est pas rien quand même, il faut imaginer les doutes et les galères que ça doit représenter mais aussi le processus de création (j’allais dire de procréation) et ses moments de joie quand la sauce prend . Et bien les Witch vous pouvez être fier de votre bébé dont les 3 papas sont Olivier Gebenholtz a la batterie, Emmanuel Desnos à la guitare et Jean Christophe Pagnucco basse, chant et qui a signé les compos de cet album .
En effet ces Caennais jouent avec leur tripes, une mode chez eux (désolé mais je ne pouvais pas la louper celle là) ; avec l’envie et l’enthousiasme communicatif de ceux qui conçoivent la musique comme une passion et pas un tiroir caisse (pas de noms , ce n’est pas mon genre, donc je ne citerai pas messieurs Obispo et Maé, au hasard).


JC ; photos de Jacky Buyck, merci à lui, son site: jacks-pixels.com

Si le blues transpire par leurs pores et s’ils ont tendance parfois à confondre Orne et Mississippi ou bayous et bocages leurs influences vont bien a delà du delta, du blues rock de Stevie Ray à celui plus  "roots" de Creedence Clearwater Revival , d’où le clin d’œil du titre sans doute, en passant par Chuck Berry sans oublier nos bluesmen français Paul Personne, Bill Deraime, les Stocks de Christophe Marquilly ou encore Jean Patrick Capdevielle, Monsieur Eddy ou Johnny (celui de la bonne période, de "Mes rock les plus terribles" à "Rock à Memphis") ..


Comme les sus nommés, ils ont prit le parti de chanter en français, et ma foi c’est très agréable surtout quand il y a un vrai talent de songwriting derrière comme sur mon titre préféré  "sortir d’ici"  , beat obsédant qui  rappelle le "Peter Gunn Theme", et belle chanson autobiographique sur une ville devenue fantôme . Autres morceaux de choix avec  les titres "d’amour et de Zydeco"  qui nous envoie direct en Louisianne,  "rien qui vaille" un beau blues lent entre West Side Sound et Bill Deraime, avec un beau travail d’Emmanuel à la guitare, comme sur tout l’album d’ailleurs , le  "chuckberryen"  " j’en demande encore"  avec son clin d’œil à "Johnny Be Good", les blues rock "Dans la détresse" et  "j’ai tout donné" . Mais les shamans normands savent aussi tâter de la ballade mid-tempo comme sur  "les fleurs fanées" ou "Rien de nouveau aujourd'hui", un rien désabusés, avant de retrouver la frite sur "je me sens si bien", déclaration d'amour à la vie de musicien et à la vie tout court d'ailleurs, nous aussi on se sent bien avec vous les gars.


au centre, Olivier, le batteur

Un album trés réussi dont vous terminerez l’écoute en sueur avec "40° de fièvre", rock speed et chanté à 100 à l’heure qui aurait pu être l’œuvre d’un Chuck Berry dopé au pot belge.
Mais pas de panique , prenez un aspirine et appelez les Witch Doctors, en plus leur disque est remboursé par la Sécu comme remède contre la morosité, alors n'hésitez pas!
 (leur site : leswitchdoctors.free.fr)