Merci Mr. FRAMPTON
Sir Peter Frampton, c'est bien évidemment la personne qui participa à l'aventure Humble Pie, au côté de Steve Marriott de 1969 à 1971. Groupe ô combien essentiel, sachant qu'il inspire encore tant de groupes (et non des moindres). Alors qu'il a souvent été relégué comme un musicien dont le talent reposait essentiellement sur son physique, un bellâtre, un minet à bouclettes (qu'il a depuis rasées), il est pourtant indéniable que Peter est un musicien dans l'âme. Dès 16 ans, avec le groupe The Herd, il fut reconnu comme un jeune prodige de la guitare ; certes, également comme « The Face of 68 ». Ce n'est pas sans fondement que Steve Marriott plaqua les Small Faces pour créer avec Peter Humble Pie. Groupe que Frampton quittera en dépit d'un succès croissant, pour suivre une carrière solo, qui malgré quelques difficultés à décoller, le propulsera dans la sphère des Rock Stars de statut international. Une notoriété acquise grâce à l'énorme succès du double live « Frampton Comes Alive » (à lire http://ledeblocnot.blogspot.com/2011/02/peter-frampton-comes-alive-1976-par.html ).
Pendant cette période heureuse, sans cesse sollicité, il ne quittera pas les routes jusqu'à ce grave accident de voiture (multiples fractures et dommages musculaires) qui le contraint à arrêter brutalement sa carrière courant 78. Une longue absence de la scène due à sa convalescence, et aussi un changement radical des attentes du public en matière de musique, le plongea progressivement dans un semi-anonymat (du moins en Europe), malgré quelques albums dans les 80's. En 87, il rejoignit David Bowie (avec qui il jouait déjà dans les 60's au sein de George & the Dragon, un groupe de collège) pour sa tournée Glass Spider Tour. En 90, Frampton et Steve Marriott projettaient de reformer le Pie, ou "au pire", un duo, « Frampton-Marriott ». Ils avaient composé ensemble, enregistré 3 chansons, et recruté pour partir en tournée. Hélas, en avril 91, Marriott périt dans les flammes de sa demeure. Fortement ébranlé, Frampton ne reprit la scène que plus tard ; il entama pour l'occasion une tournée des clubs en commémoration de son ami défunt.
Graduellement, Frampton renoua avec une certaine notoriété. On le vit dans diverses manifestations : avec Bill Wyman et ses Rythm's Kings, avec Ringo Starr et son All Starr Band, avec Lynyrd Skynyrd en 98, la contribution au film « Almost Famous » de Cameron Crowe (que l'on dit quelque peu auto-biographique), Gibson lui consacre une LesPaul signature, et récemment la création de la société Framptone (distributrice de divers accessoires pour guitare dont la célèbre Talk-box). Et puis, suite à ses collaborations diverses et ses concerts, Frampton commença à recevoir les louanges de la presse américaine, le reconnaissant comme un réel performer ; excellant tant au chant (bien qu'il faille admettre que sa voix a perdu de l'ampleur - Peter est né le 22 avril 1950), qu'à la guitare, sachant de plus rester humble et avenant, chose rare dans le milieu. Et ce malgré une carrière de plus de trente ans, d'un carnet d'adresses gros comme un (petit) dictionnaire, d'un statut d'ancien recordman de vente et de squatteur de charts. Même en plein concert, Peter affiche un (large) sourire sincère, trahissant son bonheur d'être là, de jouer.
Enfin en 2003, Frampton retourna dans les studios et réalisa l'excellent « Now »; Un album qui revient à certains fondamentaux de la guitare Heavy, proche des 70's, nanti d'un gros son omnipotent. Les concerts qui suivirent démontrèrent que l'homme ne trichait pas : la restitution des compositions en live ne souffre d'aucune faiblesse, et la patate Rock, le gros son est bien présent. Et tout dans les mains de Peter, et non derrière une console. Suivra un très bon disque instrumental, « Fingerprint », récompensé d'un Grammy Award en 2007.
« Thank you Mr. Churchill » s'inscrit dans la lignée de « Now ». De bonnes tranches de Heavy-rock charnu, mélodique mais nullement FM, fignolé mais aucunement pompeux, encore moins prétentieux, sans perdre l'esprit Rock'n'Roll. Du gros son mais jamais sur-produit. Fini les bluettes des 70's, Frampton a digéré le meilleur de sa longue carrière pour en retirer l'essence de ce qu'elle a produit de meilleur. En y apportant des influences récentes et bien assimilées (sa reprise, en instrumental, du "Black Hole Sun" de Soundgarden sur "Fingerprint", où il fait chanter sa guitare, prouve qu'il n'est pas resté renfermé sur lui-même et son passé). Toutefois sa dernière réalisation sonne, dans l'ensemble, un peu moins Rock que « Now », un chouia mainstream.
Pourtant, cet opus a quelque peu du mal à démarrer, à décoller ; comme pour un tour de chauffe d'un concert, ou un vieux diesel, les deux premiers titres sont finalement assez moyens. Bons, mais sans plus, conventionnels.
Puis, avec "Road To The Sun", Frampton prend un bain de jouvence avec un Heavy-rock percutant. A cette occasion, le père Frampton est soutenu par une bande de jeunes loups : Smoking Gun, avec Julian, son fils, au chant. A l'écoute du résultat, on ne peut que regretter que Smoking Gun ne participe pas à l'intégralité de l'album tant l'énergie employée et la chaleur dégagée sont bienfaitrices. Dès lors, Frampton est lancé et maintient un certain niveau de qualité avec ses Rock-songs aux accents Pop, charpentées de guitares judicieuses et crémeuses.
« I'm Due in You », un diamant brut charpenté de guitares grasses et de chant pop, et pourvu d'un refrain galvanisant.
« Vaudeville Nanna and The Banjolele », une petite douceur, aux accents nostalgiques (les paroles sont autobiographiques), qui rappelle par la même occasion que le premier contact charnel de Frampton avec la musique fut un Banjolélé (croisement entre un Banjo et un Ukulélé) trouvé dans le grenier de sa grand-mère.
« Asleep at the Wheel » ouvre la porte à un registre foncièrement Hard-Rock avec des guitares lourdes et menacantes, un tempo et une rythmique pesante. La voix, par manque de puissance, semble avoir un peu de mal à s'intégrer totalement (la voix d'un Marriott ou un Gregg Ridley aurait été plus adéquate).
« Suite Liberté » est une pièce instrumentale en deux partie distinctes. La première, « Megumi » est un succédané de toute beauté constitué de parfums Hawaïens, de Django Reinhardt (ralenti), et d'intermèdes acoustiques comme savaient si bien le faire certains groupes des 70's ; la seconde, « Huria Wattu », enchaîne sur une trame bluesy et remet l'électricité au couvert,dans un lent crescendo amenant à une extase langoureuse de chorus électrique comme on en entend rarement (même chez les jeunes bluesmen). Le final dérive dans une ambiance « creamienne ». Magnifique.
« Restraint », riff acoustique tendu, limite inquiétant, batterie équilibriste, chant désabusé ; inclassable.
Avec « It Want it Back » Frampton rappelle qu'il sait produire également des riffs gras, simples, directs et rentre-dedans. Toutefois, on peut ici reprocher un manque de "piquant", d'étincelles.
« Invisible Man », pop-rock aux accents et arrangements Soul/Funk 60's.
« Black Ice », pièce intimiste, triste, épurée et, comme son nom l'indique, assez froide. Frampton joue seul de tous les instruments. Il n'y a pas de percussions.
En bonus (?), « I Understand » est une ballade mélancolique acoustique nantie d'un bon solo, et « A thousand Dreams » une sorte de World mélangeant folk-pop-rock, guitare espagnole, solo « santanaesque », chœurs semblant d'inspiration africaine, et même à deux reprises un riff pachydermique.
Un disque qui n'est en rien révolutionnaire, mais qui, ma foi, apporte son lot de bonnes sensations auditives. N'est-ce pas l'essentiel ?Très tôt, Frampton s'intéressa au matériel. Question guitares, sa prédilection demeure à jamais aux Gibson Les Paul, malgré quelques infidélités dans les 80's, avec une nette préférence pour sa célèbre LesPaul noire à 3 humbuckers. Il eut toujours une certaine curiosité envers les pédales d'effets. Il acquit rapidement la fameuse Talk-box, et même s'il n'a pas été le 1er à s'en servir, il devint néanmoins son représentant le plus connu avec les hits « Show me the way » et « Do you feel like we » (qu'il est condamné à resservir à la plupart de ses concerts). Une Talk-box lui fut dédiée. Récemment encore, Gig-fx a conçu, en collaboration, une pédale Wah-wah signature (en mono), qui paraît sonner du feu-de-dieu. Pour les fadas du matos : http://www.youtube.com/watch?v=Uo1zshCbya8&feature=related (de quoi donner le tournis).
P.S. : Depuis son précédent disque Frampton aime énumérer en détail le matériel utilisé ; poussant le vice jusqu'à citer le millésime. Pour celui ci, Gibson SG 62 & 61, Les Paul Custom, Signature, 2005,Les Paul Jr 58, ES-175, Fender Stratocaster Hank Marvin, Telecaster Custom Shop 93, Jaguar, Martin PF D-42, Fender Bass Precision 62 et Ukulele Ko Aloha.
En concert avec le fiston :
Tiens celui-ci a l'air de passer (pour l'instant...)
Juste une précision, puisque tu parles du film "Almost famous" que l'on dit quelque peu autobiographique... On le dit parce que c'est vrai ! Ce film de Cameron Crowe relate le premier boulot de C. Crowe dans le journalisme rock. Il place des articles à Rolling Stones, et on y croise Lester Bangs. Un film que j'adore d'ailleurs, dont je ne me lasse pas, un brin nostalgique juste ce qu'il faut, de la zic impeccable : sans doute un des meilleurs film sur le Rock, doublé d'une belle évocation sur les années de jeunesse.
RépondreSupprimerSur les photos, assis avec la guitare, il un faux air de Larry Carlton.
RépondreSupprimerPourquoi on ne peut pas lire les vidéos?
RépondreSupprimerVraiment Luc, Crowe journaliste rock en herbe ? Je ne savais pas.
RépondreSupprimerJe pensai surtout à Frampton qui a contribué au film en qualité de témoin de la vie des groupes des 70's. J'aime bien ce film également, avec toutes ces références et clin d'oeil. Lester Bangs parle même du début de la fin du Rock'n'Roll, la fin de l'innocence dans la musique et de la récupération par l'industrie.
De toute façon, tous les films de Cameron sont bons (Avatar ne dérogeant pas à la règle).
Effectivement Shuffle. Je m'étais d'ailleurs fait récemment la même remarque, mais à l'envers, en tombant sur un vieux disque de Carlton époque "bouclettes".
RépondreSupprimerLes viédos ??
T'Dieu !! ! Jusqu'à présent il n'y avait pas de problème. Me font passablement @§!#& !! On part en quenouilles !
Je verrais ça ce soir.
Il y en a une qui passe. Pour l'énumération du matériel avec millésime, Petty a fait la même chose pour MOJO. Cette mode vintage, ça commence à gonfler.
RépondreSupprimer1) question : pourquoi ce titre d'album, outre que notre bonhomme soit anglais ? (pas trop déçu Shuffle ?...)
RépondreSupprimer2) observation : sur le troisième clip, la voix... les intonations... ça n'a pas changé en 35 ans !! C'est miraculeux !
3) observation bis : quel bonheur de voir un type si talentueux, heureux d'être là, le sourire aux dents, peinard, sans chi-chi...
1 -En fait, l'album a tout simplement pris le nom de sa 1ère chanson. Chanson sur laquelle il commence par remercier Churchill sans qui il ne serait peut-être pas né(en 1950) dans un "monde de paix". Mais finalement les paroles, désabusées, tournent autour de la nécessité d'arrêter de guerroyer et d'enfin accéder à une authentique ère de paix. Pas de quoi faire le sujet d'une étude littéraire.
RépondreSupprimer2 - Tout à fait d'accord avec les observations. Et c'est notamment ce qui rend le personnage sympathique. Un exemple que devrait suivre bon nombre de jeunes "artistes".