PETER FRAMPTON - "Comes Alive " (1976) par Philou

Show Me The Wah-Wah...

Été 76, la canicule s'abat sur l'hexagone et la France a soif. Cela n'empêche pas le tout jeune et encore fringuant Philou de trainer ses baskets Palladium en toiles véritables, dans les magasins de disques non climatisés, toujours en quête de la vinyle rondelle qui faisait encore le printemps (des maisons de disques) à l'époque.
En ces temps éloignés, les poches du pauvre bougre ne contenaient qu'une ou deux pièces de 1 Franc, juste de quoi acheter un paquet de bonbecs. Il fallait sacrément économiser pour pouvoir s'acheter enfin un disque, ce bel objet qui attisait tous ses désirs et qui connut son âge d’or à la fin du siècle dernier.
Attiré par les belles pochettes cartonnées réalisées par des artistes, les éditions limitées, les packaging sérigraphiés et autres "Picture Discs", le gars Philou avait entendu sur les radios qui passaient encore du rock à l'époque, un certain Peter Frampton qui faisait parler sa guitare et Philou qui n'était pas encore le briscard que l'on connait, se demandait bien comment y faisait ce type là pour faire causer sa gratte ???
Cette année là, en fin connaisseur, il s'était acheté le "Agents Of Fortune" du Blue Öyster Cult, le "Rocks" de Aerosmith , le "Desire" de Bob Dylan et le "Live Bullet" de Bob Seger, que du lourd, la fine fleur du Rock US. En ces temps bénis par les dieux du riff et du solo de batterie, seuls, les bons groupes faisaient la loi sur la planète musique.

Le fameux Peter Frampton et son "Comes Alive" avait déjà déboulé dans les bacs depuis janvier, mais Philou à force de privation s'était amassé un petit pécule ( 84 francs et 75 centimes) et réussit enfin à acquérir la fameuse galette le samedi 3 juillet à 15h27, tandis qu'au même moment à Paris, 40 % des bus de la RATP refusaient de sortir des dépôts pour protester contre un pic de 59° dans les véhicules. On débrayait aussi à la Samaritaine et le journal Libération titrait à la une : "Travailler fait suer !"
Peter Frampton, Philou avait entendu parler de lui et lu des articles dans "Best", ce gars là malgré son jeune âge (26 ans) avait déjà enregistré 4 albums solo et joué avec le groupe de Steve Marriott, Humble Pie."Pas un charlot ! " se dit Philou en posant délicatement et fébrilement, le disque sur sa platine Akaï APA1 à courroie. Dès le début du concert avec "Something's Happening", Philou s'en prend plein les feuilles (décollées) et se retrouve complétement électrisé par le jeu du blond guitariste au visage juvénile... "Putain c'est trop bon" hurle Philou dans sa chambre en mimant de façon plus que convaincante les gestes de Peter Frampton, sans avoir la fameuse Gibson Les Paul noire entre les mains.
Les experts aujourd'hui encore sont formels, c'est bien Philou qui aurait inventé le "Air Guitar".
En écoutant le morceau suivant "Show Me The Way", Philou très perspicace, se dit qu'avec ce titre là, Peter va certainement ramasser un bon paquet de Dollars.

La pointe diamant parcourt le microsillon et l'album défile, la prise de son est remarquable, claire et précise. Les titres s'enchainent, tous gorgés d'une émotion vibrante, sans faiblir, de l'acoustique délicat "Wind Of Change", à la ballade remplie d'émotion "Baby, I Love Your Way" en passant par l'électrisant et envoutant "Lines On My Face ", jusqu'au mythique et incontournable "Do You Feel Like We Do", un incroyable défilé rock de près de 14 minutes où justement, le malin Peter fait parler sa guitare......

Bob Mayo on the keyboards...Bob Mayo...!!!! annonce Peter Frampton à la foule déchainée du Winterland à San Francisco.

............DOO YOOU FEEEL LIKE WE DOOO...........

"Putain ! c'est vrai il fait parler sa guitare!!!" s"exclame Philou, "Comment c'est qui fait ???? Vite, il appelle JL, son pote qui est en classe avec lui, en 5 ème transition, il capte rien en cours, mais en zique il touche sa bille.
JL est en fait le futur et illustre Rockin JL, cousin éloigné de Rory Gallagher par ses racines celtes et futur collaborateur de Philou au sein du Deblocnot'.
En fait, JL explique que Peter Frampton se sert d'une Talk Box, branchée entre la tête et l'enceinte de l’ampli, elle déroute le signal vers un mini HP situé dans une boîte (Box) de laquelle part un tuyau que l’on place dans sa bouche, il suffit de contrôler l'effet en ouvrant plus ou moins la bouche (Talk) et le tour est joué !

"Putain, il est fort mon pote JL !!!... et ce disque c'est une véritable tuerie, foi de Philou !!!

C'est vrai, cet album est un incontournable dans la série des "Live Album", Frampton et ses excellents musiciens, John Siomos ( batterie), Stanley Sheldon (Basse) et le regretté Bob Mayo (tout le reste) jouent tous dans une osmose plus que parfaite. De plus, les version en public des chansons sont beaucoup plus percutantes sur cet album, dynamitées par une envie de jouer, sincère et sans artifice de Peter et de son groupe.
Cet album séjournera 10 semaines à la 1ère place des charts US, et reste l'un des albums live les plus vendus aux USA encore de nos jours (le 4ème). L'album sera élu "meilleur album de l'année 1976" par le célèbre magazine "Rolling Stone".
Après avoir enchaîné auparavant, concerts sur concerts, sans grand succès, la carrière de Peter Frampton décollera de façon fulgurante avec la sortie de ce double album. Il sera le premier surpris de ce succès inattendu et phénoménal. La suite sera moins favorable au guitariste qui ne parviendra jamais à rééditer cet exploit, bien au contraire et ce n'est pas l'arrivée des punks et de la New-Wave qui arrangeront ses affaires.

Il continuera cependant à sortir régulièrement des albums et on pourra le voir comme guitariste auprès de David Bowie et même participer, en 1986, à l'album "Rock'n Roll Attitude" de Johnny Hallyday en tant que session man !!!





“If there was ever a musician who’s an honorary member of San Francisco society, Mr Peter Frampton "......ou l'introduction légendaire de Bill Graham, le promoteur du concert le 14 juin 1975, qui disparaitra tragiquement en 1991, dans un accident d'hélicoptère en revenant d'un concert de Huey Lewis & The News.