Un Ange au cœur de l'hiver au Pays de Lorient.
Pour commencer, signalons qu’il s’agit d’un concert organisé dans le cadre du festival "Les Deiziou" ( les journées culturelles bretonnes), consacrées à la musique celte et bretonne. Quel rapport avec ANGE allez vous nous demander ? Nous le cherchons également.... si ce n’est que Christian Decamps participe à Anne De Bretagne, l’opéra rock celtique d’Alan Simon et que ANGE défend aussi une certaine identité culturelle à travers ses chansons bien enracinées dans le terroir de notre vieille France.
La question qui se posait pour ANGE se pose encore plus pour la première partie, Kina Temple, un groupe de Lorient , si ceux là sont effectivement des régionaux , leur musique les rapproche plus du Détroit des MC5 que du Bagad de Lann Bihoué ...Ils jouent un heavy -garage- rock- punkisant , énergétique certes, mais qui ne captivera pas vraiment les fans d’ANGE, un peu déconcertés par une avalanche de décibels parfois pas très bien maitrisée. Une première partie peu adaptée à notre avis, même si l’intention de promouvoir un groupe local est louable.
Entrez, entrez braves gens....
Ca y est la salle s’est remplie, 5 à 600 personnes, rassemblant plusieurs générations , rappelons que ANGE a plus de 40 ans d’existence au compteur et une grosse vingtaine d’albums studio, la tournée s'appelle d'ailleurs "La 40ème Rugissante". Beaucoup de connaisseurs, on ne vient pas voir ANGE par hasard, on remarque ici et là, la présence de nombreux "Imbibés", les membres du fan club "Un Pied Dans La Marge" qui suivent le groupe fidèlement et avec passion depuis de longues années.
Mais chuuut, les lumières s’éteignent, place au show.....
Faut vous dire Monsieur que chez ces gens là.... |
Christian Décamps, 65 printemps cet été, arrive sur scène tout de noir vêtu, paré d'une tétine autour du cou et entonne a capella le début de "Ces gens là" du grand Jacques, bientôt rejoint par les musiciens. Nous sommes immédiatement impressionné par le charisme du bonhomme, barbu, rondouillard, halluciné. Installés juste derrière la table de mixage, le son est très bon, puissant et clair, nous assistons ébahis au final dantesque de la reprise de Brel, embrasée par un énorme solo du guitariste aux dread locks Hassan Hadji.
Il fallait bien toute la démesure d'un Christian Décamps pour s’attaquer à Brel, franchement si Florent Pagny qui a massacré le poète belge il y a quelques temps voyait ça, il retournerait dare-dare en Patagonie s’occuper de ses vaches...
Second titre, "Le cimetière des Arlequins" , extrait de l’album du même nom sorti en 1973, une longue pièce où le jeu de scène théâtral de Christian Décamps donne sa pleine mesure, encore une fois le son est énorme, la puissance sonore et visuelle nous surprend, ceux dont c'est le premier concert d'Ange ne pensaient pas forcément que ça "dépotait" autant en live.
Tristan Décamps |
NB- les photos illustrant cette page ont été prises au cours de ce concert, par "La Goussette", avec nos remerciements. Toutes les photos du concert ici :album photos Ange à Ploemeur
Le groupe enchaine avec "Les yeux d’un fou" (album Fou 1984) qui est chanté par le fiston Tristan, avec Christian qui a prit les claviers, un titre percutant qui nous fait voyager aux confins de la folie, amplifié par la rythmique énergique insufflée par Benoit Cazzulini et Thierry Sidhoum et les interventions tranchantes du "Guitar Hero" Hassan Hadji . Si le fils n’a pas (encore) la présence du père, il a par contre sensiblement modéré sa tendance au pompiérisme et s’en tire avec les honneurs quand même !!!
"Le rêve est à rêver ", de l’album La voiture à eau (1999), ce titre puissant peu connu, devient un véritable cheval de bataille sur scène, un véritable plaidoyer pour l'utopie propulsé par une musique quasi- heavy avec en bonus, un duel basse/guitare à vous donner des frissons.
Hassan "Magic" Hadji pendant le "soundcheck". |
L''impression d'extrême cohésion qui émane des cinq musiciens nous laisse bouche bée tandis que le groupe remonte le temps avec "Le marchand de planètes" tiré de l’album "Emile Jacotey"(1975), morceau planant qui justifie le terme "progressif " qu’on attribue à la musique d'ANGE, ici dans une version arabisante avec le bassiste Thierry Sidhoum au chant, un superbe titre, envoutant et émouvant.
On reste en compagnie du vieux maréchal-ferrant avec un des classiques du groupe, l'incontournable "Sur la trace des fées" et là, c’est le ANGE poétique qui nous emmène au pays des contes, des rêves et des légendes.
Impossible de s"échapper de cette ambiance avec le médiéval "Ballade pour une orgie" (Au delà du délire,1974), tout en acoustique, xylophone à l’appui où Christian Décamps développe sa palette vocale immense et très émotionnelle et devient un ménestrel échappé des couloirs du temps…
On arrive (déjà) au milieu du set pour un morceau en solo où Tristan Décamps, seul au chant et aux claviers interprète "Neuf heures" un sublime morceau échappé de La gare de Troyes (1983). Sur un texte poignant, Tristan nous montre également qu'il possède un sacré coffre et fait passer dans la salle une émotion palpable.
Puis vient "Fou" et ses paroles de ...fou; fou, il l'est sans doute Christian, mais génial sûrement... un vrai personnage, total respect pour cet artiste qui a su rester fidèle à son univers, hors des normes et des modes.
Fou? complétement... |
En effet, après le fils dans la famille Décamps, c’est le père, Christian, qui, seul avec son accordéon nous chavire et offre au public, le subtil et déglingué "Fou", tiré de l’album éponyme sorti en 1984. Un petit grain de folie envahit les auditeurs qui reprennent le refrain en chœur.
Après cette p'tite pause bondiou, c'est l'heure du "Bivouac" au Cimetière des Arlequins, énorme final hard sur lequel, le shredder nancéen Hassan Hadji, balance encore la sauce et envoie sans faiblir, riffs rock-heavy et solos endiablés.
La pression n'a pas le temps de retomber avec "Couleurs en colère" de l'album "Les larmes du Dalai Lama" (1992) , encore un gros final et un super solo, quel guitariste celui là, avec lui, technique et feeling sont toujours au rendez-vous !
Puis c'est la présentation des musiciens, chacun dit un petit mot sympa, nous allons donc les présenter aussi :
- Christian Décamps : chant, claviers, guitare acoustique, accordéon, harmonica, magie et poésie....
- Tristan Décamps : claviers, chant.
- Hassan Hadji : guitares.
- Thierry Sidhoum : basse, chant.
- Benoit Cazzulini : batterie.
Après les présentations, "Les enfants du hasard", encore un extrait des Larmes du Dalai Lama, ça envoie grave, et un riff qui nous rappelle …Kashmir de Led Zeppelin.
capitaine coeur de miel |
"Capitaine cœur de miel" de Guet-apens (1978) ou le morceau de bravoure live du groupe : vingt minutes de folie furieuse, le capitaine Décamps titube sur le pont et s’en donne à cœur joie avec sa casquette, sa canne à sonnette et sa bouteille de rhum blanc. A la fois vieux loup de mer, clochard céleste, poète et troubadour, il fait monter l'émotion inexorablement vers un crescendo apocalyptique final monstrueux où les chorus dégoulinant de feeling du moussaillon Hassan entraîne l'équipage vers des rivages teintés de lyrisme progressif traditionnel et de plans plus "hard" à la Jimmy Page.
P’tain d’ailleurs, c’est déjà fini, on n‘a pas vu passer les deux heures !
Pas besoin d’insister beaucoup pour voir un peu de rab’, le groupe revient pour trois titres .....
"L’œil et l’ouie" du dernier album, Le bois travaille même le dimanche, suivi de l’incontournable "Hymne à la vie", un morceau devenu culte (Par les fils de Mandrin, 1976) dédié à tous ceux qui ont participé à l’aventure ANGE durant ces 40 ans, tandis que défile sur l'écran les portraits des anciens musiciens du groupe. Le concert s'achève avec "Ode à Émile" un des hymnes du groupe, extrait de leur chef d'œuvre Émile Jacotey, sur lequel le public chante le dernier couplet :
"Quand la machine ne tourne plus,
Que l'heure de l'heure du glas approche,
On se chante un tout petit vin,
On se boit un dernier refrain.
Et puis tranquille,
On peut partir torcher le cul
Au firmament."
ANGE est intemporel et éternel, d'ailleurs les anges ne sont ils pas immortels...?
Un seul mot pour conclure : Merci Messieurs !
de g. à d. : Benoit Cazzulini, Hassan Hadji, Christian Décamps, Thierry Sidhoum,Tristan Décamps. |
37 ans que je suis client. si j'ai un peu délaissé les albums studio, je vais toujours aux concerts lorsqu'ils passent à paris. à chaque fois c'est la m^me chose : l'ange chantement.
RépondreSupprimerchristian s
J'avoue, je me confesse, je me repend, mais je n'ai rien d'Ange ; même pas une copie.
RépondreSupprimerA part "le Fils de Mandrin" (mais était-ce bioen d'eux ?).
P.S. : Pagny, ce sont plutôt les mountons.
P.S.bis : et bravo pour les photos - en concert, ce n'est jamais évident, surtout lorsque l'on est dans le public.
un compte rendu tres pertinent ,je pense que tu as bien cerne le sujet ,ce fut le tout premier concert de mon existence en 1974, je me permets de transmettre le lien sur le forum des "imbibes"
RépondreSupprimerle mari de lagoussette
pour voir d'autres photos
RépondreSupprimerhttps://picasaweb.google.com/lagousse.daeye/JoueLesTours27Fev2010?feat=directlink
https://picasaweb.google.com/lagousse.daeye/AngeAAnge?feat=directlink
https://picasaweb.google.com/lagousse.daeye/AngeAPloemeur?feat=directlink
Merci à toi pour tout.....
RépondreSupprimerA bientôt
Superbe compte-rendu (comme on dit chez les "roulottiers").
RépondreSupprimerMerci pour "eux", pour nous "les imbibés" et à toi pour cette éloge (élAnge) de ce putain de groupe qui le mérite....
Longue vie à toi et "à bientôt dessus"...
EGNA....
J'y étais !
RépondreSupprimerJ'avais quelques craintes ; connaissant surtout l'Ange des débuts, je craignais de ne pas retrouver la magie du Cimetière ou d'Au délà du Délire et n'entendre que des morceaux qui m'étaient inconnus.
Mais alors ! Quel choc ! Plongeon dans ma jeunesse dans la première partie et découverte de morceaux plus récents que j'ai appréciés. Va falloir acheter les albums !!
Sur scène, un groupe soudé, qui prend visiblement son pied. des musicos au Top (Waouhh Hassan !!) Un Christian avec la même énergie qu'il y a 40 ans et un Tristan dont la voix fait hérisser le poil aux alentours de 9 heures...
Et puis, après, un Christian super sympa, disponible pour échanger quelques mots... si loin de ces "stars" à deux balles !!
Est-il utilise de souhaiter une longue à ce groupe quadragénaire ??? Alors, à dans dix ans, si je suis encore là !, pour la 50ème hurlante !
RDV dans 10 ans pour la 50ème hurlante....
RépondreSupprimeron y sera...
Hé oui, la 50e "bondissante" approche ...
SupprimerQuelle pèche !