vendredi 18 février 2011

LE FRELON VERT (2011) de Michel Gondry, par Luc B.


Pauvre petit Britt Reid, dont le papa (magna de la presse) détruit les jouets lorsqu’il ramène des blâmes de l’école. 20 ans plus tard, quand le papa meurt empoisonné par une piqûre d’abeille, Britt se retrouve à la tête d’une fortune colossale, et du Daily Sentinel. Pour en faire quoi, lui qui n’a jamais ouvert un journal ni même un livre de sa vie, préférant dilapider l’héritage en soirées arrosées aux bras de jeunes mannequins ? Et bien se venger de son tyrannique papa, justement, en se construisant un personnage de super-héros qui pourra faire toutes les bêtises qu’il veut, et certain qu’on en parlera à la une de son nouveau journal. Sauf que Britt ne sait rien faire de ses dix doigts, à part se curer le nez. Heureusement, l’ex majordome de son père, le japonais Kato, est lui un petit génie, expert en arts martiaux, concepteur de bolides truffés de gadgets, et d’armes redoutables. Et ensemble, ils vont former une équipe de choc : le Frelon Vert et son inséparable chauffeur masqué. En route pour… lutter contre le crime ? Non, trop simple, et puis le concept est déjà pris par Superman, Batman, Spiderman… Pour se démarquer, il faut au contraire provoquer une vague de crimes, en allant chatouiller les intérêts de Benjamin Chudnofsky qui règne sans partage sur le trafic de drogue.

Cameron Diaz et Seth Rogen
Ca y est, Michel Gondry a enfin décroché à Hollywood son premier blockbuster. Après HUMAN NATURE (2001) ETERNAL SUNSHINE OF A SPOTLESS MIND (2004) et BE KIND REWIND (2007), le frenchy est au commande d’une méga production, avec effets spéciaux et 3D. Pour en faire quoi ? Quelle est sa marge de manœuvre ? Pourra-t-il imposer son style de génial bricoleur surréaliste aux financiers des studios qui cherchent avant tout un retour sur investissement ? En adaptant le feuilleton télé THE GREEN HORNET (avec Bruce Lee), lui-même adapté d’une émission de radio de 1933, Gondry s’attaque donc au doyen des justiciers masqués. Et réussit un film divertissant, qui assume le second degré, dont les autres productions du même type ne s’embarrassent plus (voir les très sérieux et psychanalytiques BATMAN dont les affres œdipiens n’intéressent personne !). On retrouve l’univers déjanté de Gondry, avec le personnage de Kato (ne pas confondre avec l’autre Kato, domestique de l’inspecteur Clouseau) et ses inventions hallucinantes, dont une machine expresso révolutionnaire ! Il y a un parti-pris très bédé, assumé, très sixties aussi (la BO est sublime, du rock et soul 60’s), et un hommage aux joies de l’enfance pour les super-héros. Britt Reid est un ado attardé, vulgaire, grossier, inculte, con comme une bite, hautain, prétentieux, qui provoque les catastrophes, toujours sauvé in extremis par son fidèle Kato. Le Kato qui d’ailleurs prend mal l’égo démesuré de son patron, et cherche à faire cavalier seul. Belle idée scénaristique. La relation entre les deux hommes est plutôt ambigüe, patron/employé, puis camarade de jeu, amis pour la vie, attirance et rivalité sexuelle, ennemis jurés… Car dans l’histoire, il y a un troisième personnage, une journaliste, assistante de Britt Reid, fort mignonne (Cameron Diaz) que les deux hommes se disputent.

"Boum, boum, boum"  (extrait du dialogue)
Sur fond de crime organisé, de corruption, d’indépendance des médias, Michel Gondry jette ses héros dans une débauche d’aventures, bagarres à la MATRIX (qu’est-ce que c’est chiant leur truc, peuvent pas foutre des mandales vite-fait bien-fait comme tout le monde ? Vous imaginez Lino Ventura faire quatorze pirouettes au ralenti avant d’emplafonner Mireille Darc ?), fusillades, poursuites en bagnoles trafiqués, explosions en tout genre, sur un rythme soutenu. Pour autant (même si on a droit aux sempiternelles scènes de carambolages, oui ça va, on sait, vous savez faire exploser des bagnoles, c’est bien, mais faudrait grandir un peu…) Gondry ne nous en met pas plein la vue. Il sait doser, il sait faire court, il n’en fait pas des caisses histoire d’épuiser son budget, et surtout, il n’abuse pas des effets numériques, préférant les cascades traditionnelles. La première heure est finalement assez conventionnelle, et le spectateur se laisse prendre au jeu, pour une seconde partie de film mieux rythmée, où Gondry recycle les bons vieux gags à la Gérard Oury (la Black Beauty, la voiture aux milles gadgets) et donne un peu de corps aux méchants. Car qui dit héros, dit méchant. Là, il y en a deux pour le prix d’un. Le second, je ne vous en dirai rien, ce serait bête, mais le premier est Benjamin Chudnofsky, interprété par le génial Christoph Waltz (INGLORIOUS BASTARDS). La première séquence qui le met en scène est absolument réjouissante, tarantinesque même, ce type est un fou furieux, qui pour affronter le Frelon Vert se crée le personnage de Hémoglobine-Man, tout vêtu de rouge, et très fier de sa sentence à deux balles : « que ce soit ton sang ou mon costume, la dernière couleur que tu verras avant de mourir, sera le rouge ! ».

Christoph Waltz, et son flingue magique : un coup, deux morts !
J’aurais aimé vous dire un mot de l’interprétation, hélas, j’ai vu le film en VF. Je suppose que Waltz donne une interprétation jubilatoire de son personnage, comme Seth Rogen (Britt Reid, il est aussi coscénariste du film). Mais comme me l’a expliqué le type du cinéma (petite salle municipale, 3.60€ la place) il faut aussi attirer le public ado, et la dernière fois avec IRON MAN, personne n’était venu voir la copie en VO… A noter la présence d‘Edward James Olmos, l’acteur qui jouait le capitaine dans MIAMI VICE, toujours aussi souriant… et d’Edward Furlong en junkie fabriquant de cristal. Le film a été tourné en 3D, mais j’ai vu la version plate. Dommage, car j’ai lu que Michel Gondry s’était beaucoup amusé avec ce procédé… Quoi qu’il en soit, LE FRELON VERT est un divertissement plaisant, Michel Gondry ayant tout de même réussi à caser un peu de son univers dans une production dont le cahier des charges est pourtant strict. Rien de révolutionnaire pour autant. Précisons qu’aux USA, le film a quasiment fait un flop. Ce qui ne m’étonne qu’à moitié. Un super-héros qui traite son papa décédé de con pendant deux heures, ça la fout mal…










LE FRELON VERT (THE GREEN HORNET)
Réalisé par Michel Gondry, avec Seth Rogen, Jay Chou, Cameron Diaz, Christoph Waltz, Edward Furlong, Edward James Olmos, David Harbour... 

Couleur  -  2h00  -  format 2:35 pour la version 2D  (+ Imax 3D)

4 commentaires:

  1. comment y fait pour viser, le gars?
    christian s

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  2. Il est méga fort ! Et si les types qu'il vise sont plus éloignés l'un de l'autre, il écarte les canons de son flingue ! C'est plus fort que le fusil pour tirer dans les coins dans la Rubricabrac !

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  3. Vu en 3D ce frelon là. Pour le flop aux USA, je rajouterais l'incapacité du héros à se taper sa secrétaire. Ça la fout mal!
    Et la bagnole ensevelie qui jaillit, ça te fait pas penser à la mariée dans Kill Bill 2?
    Pour Kato et ses pirouettes, il reprend le rôle de Bruce Lee dans le feuilleton, et à l'époque c'était pas courant de voir un chinois au cinoche autrement qu'accoutré avec de longues nattes, un chapeau pointu et des manches tellement larges qu'on voyait pas les mains.
    Bruce Lee, un défricheur...my hero...ho-ho...

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  4. Il ne se tape pas sa secrétaire... Mais on se demande parfois s'il ne préfèrerait pas Kato... Et puis, il est tellement goujat, lourdingue, maladroit !
    Alors, en 3D, ça donne quoi ? Plein les mirettes ?

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