Giusseppe Colizzi (1925-1978) , producteur, scénariste et metteur en scène italien est surtout resté dans les mémoires de quelques cinéphiles pour avoir accompagné derrière sa caméra les premiers pas (ou galops) du célèbre duo Terence Hill / Bud Spencer. Il faut bien reconnaître qu’on et loin là du cinéma des 3 maîtres du western spaghetti, les 3 Sergio , Léone, Corbucci, Sollima, mais toutefois cette trilogie mérite le détour, pour les débuts du duo donc, mais aussi car c’est à ma connaissance la seule trilogie du genre. De plus, les 3 films sont à de degrés divers plutôt intéressants et pas mal fichus.
Mais avant d’y venir plus en détail j’aimerais vous parler un peu du parcours des deux duettistes vedettes : le plus agé d’abord Carlo Pedersoli, né en 1929. Dans une première vie il fut champion de natation, représentant l’Italie aux JO de 1952 et 1956, avant de se lancer ans le cinéma sous le pseudo de Bud Spencer, Spencer pour son idole l’acteur américain Spencer Tracy et Bud… pour la bière Budweiser. "Dieu Pardonne moi pas" fut son tout premier rôle. Cette trilogie de Colizzi prouve que dans des rôles sérieux il pouvait être très crédible et fait regretter l’incroyable série de navets qu’il tournera ensuite, en solo ou avec son compère Terence Hill.
Terence justement, né Mario Girotti en 1939 commencera à tourner bien plus tôt, dés 1951, il apparaîtra dans 27 films avant ces Colizzi dont " le Guépard" de Visconti. C’est cette année là en 1967 qu’il devient Terence Hill, sans doute sous la pression de la production désireuse d’américaniser les noms. Clairement on a voulu en faire un héros à la Franco Nero (Django) ou Eastwood (voir la trilogie des Léone) . Hélas lui aussi cachetonnera dans une flopée de nanars même si on relève au milieu, en 1973, son rôle vedette dans "Mon nom est personne", le sommet de sa carrière et un des fleurons du western italien, celui qui clôtura (ou presque) le genre.
Bon, venons en aux faits, et commençons par Dieu pardonne moi pas, premier film du duo. Ceux qui ne connaissent de Hill/Spencer que les bouffonneries des "Trinita" ou des "Super flics à Miami" risquent d’être étonnés. En effet, seul un léger humour discret peut annoncer la future destinée comique du duo, pour le reste il s'agit d'un western solide avec un trésor, un méchant, des duels, du poker, des saloons, des chevauchées, des bagarres, des tortures, et des colts qui chantent la mort…
Le script : un train convoyant un chargement d’or entre en gare, tous ses occupants sont morts, massacrés, et l’or envolé. Il n’y a qu’un seul survivant qui met l’agent des assurances (Hutch/ Spencer) sur la voie des coupables ; celui demande de l’aide à son ancien comparse (Cat Stevens/ Hill… Cat Stevens ! hommage au chanteur ?)
Ils reconnaissent la patte d’un bandit, Bill San Antonio, incarné par Franck Wolf, que tout le monde croit mort, sauf eux, s'ensuivra une chasse au trésor emmaillée de rebondissements.
Terence joue un pistolero sombre, adroit et malin mais pas invulnérable (il se fait salement tabasser et torturer), quant a Bud, il joue plutôt sobrement son rôle de détective obstiné et de colosse dur au mal. La tête d‘affiche est incontestablement Hill avec en seconds rôles Spencer et Wolff et la mise en scène subit l’influence de Léone et de sa trilogie des dollars (1964-66), gros plans, cadrage, héros sans morale, violence, cynisme. Alors du sous Léone me direz vous ? Sans doute mais une copie réussie, à placer sur le haut du panier du genre, et de toute façon une bonne partie des westerns italiens sont du sous Léone, alors...
Un petit mot sur Franck Wolff, lui c’était un acteur américain (1928-1971), une bonne tête qui tourna avec Kazan ou Corman avant de venir en Europe où il se spécialisa dans les westerns, notamment le Grand Silence (Corbucci-Trintignant) et Il était une fois dans l’Ouest (le fermier Mc Bain descendu au début par Fonda et a bande, c’était lui). Hélas, la suite sera moins bonne, puisqu'il devra se contenter de series B, dépressif, il finira par se suicider...
à suivre avec les 2 autres films de cette trilogie :
Les 4 de L’ave Maria (1968) et La colline des bottes (1969)…
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