mardi 28 décembre 2010

BILL BRYSON "Americans rigolos" (1998) par Rockin-jl


Une rapide bio s’impose pour situer le personnage Bill Bryson et mieux comprendre le contexte de ses écrits. Bill est un journaliste/ écrivain américain de 59 ans , né à Des Moines dans l'Iowa . Après des études universitaires, il s’établit en Angleterre au milieu des années 70 et y vivra une vingtaine d’années , épousant une citoyenne de sa Gracieuse Majesté et travaillant comme journaliste économique dans de grands journaux (Times, The Independant) . Grand voyageur il a publié des récits de ses pérégrinations en Europe, en Australie, aux États Unis ; mais aussi des bouquins sur la langue anglaise, Shakespeare ou un de vulgarisation scientifique, on le voit Bill est un vrai touche à tout.
De 1995 à 2003 , il est retourné vivre dans son pays natal, les States, à Hanover dans le New Hampshire, avec femme et enfants , c’est le récit de ce retour , sous forme de chroniques pour l’hebdo britannique Mail On Sunday Night And Day de 1996 à 1997, qui compose ce livre . Il a depuis regagné la perfide Albion..


Bill Bryson


Le titre français d’American rigolos est parfaitement stupide, on lui préférera le titre anglais Notes From A Big Country ou le titre américain I'm A Stranger Here Myself: Notes On Returning To America After Twenty Years Away .
Pour un américain, Bill fait preuve d’un humour so british , il a sûrement potassé les Monty Phyton et Woodehouse au pays du sanglier bouilli à la menthe , ce gars écrirait le bottin ou le code des impôts qu’il arriverai à me faire marrer…Beaucoup d’autodérision aussi chez Bill, parfaitement maladroit distrait et souvent ronchon...Et le retour au bercail a été plus difficile que prévu :"rentrer dans son pays après une aussi longue absence est une expérience étonnamment traumatisante. Un peu comme émerger d'un long coma. Vous ne tardez pas à découvrir que le temps a apporté une série de changements qui vous laissent le vague sentiment d'être un rien débile ou complétement déphasé".

La plume de Bryson n’épargne aucun des travers de la société américaine , mais toujours avec humour, posant un regard attendri sur les us et coutumes de son pays d'origine ,mais aussi poussant des coups de gueule contre des aspects beaucoup plus inquiétants.
Mais là où un Michael Moore force le trait de manière pachydermique , Bryson passe en finesse, même si sur le fond les 2 se rejoignent souvent .


Une vue d'Hanover, petite ville du New Hampshire


Des fois on se marre franchement quand Bill s’amuse des 1000 gadgets tous aussi inutiles dont est truffé le quotidien américain, comme l’hilarant passage ou il teste son broyeur à ordures, ou quand il est victime du harcèlement administratif ou des services après vente de son ordinateur ; il s'amuse également des statistiques ( 30274 personnes par an qui finissent aux urgences ,victimes de billets de banque ou pièces de monnaie...), mais des sujets plus graves sont évoqués comme la peine de mort, dont le coût est exorbitant et l’inefficacité prouvée ; la parano anti drogue et ses excès (mieux vaut assassiner ses voisins qu’être prit avec un joint) ; la malbouffe et les programmes de nutrition financés par...MacDo ; la voiture toute puissante (Bill invite ses nouveaux voisins à dîner ...et ils viennent en voiture...30 mètres !), les programmes télé débiles et les pubs incessantes, le délire religieux dans certains états (en Alabama il est obligatoire d’inscrire sur les livres parlant de biologie la mention "ce manuel contient des références à l’évolution ,une théorie controversée que certains scientifiques présentent comme l’explication de l’origine des espèces"..) ou encore le repli de l’Amérique sur elle-même (les journaux ne parlent quasiment jamais du reste du monde et une étude a montré que 43% des étudiants de terminale étaient incapables de citer un seul pays d'Asie) .

Ce qui fait l'intérêt de l'avis de Bryson, c'est que c'est celui d'un américain , et d'un américain qui aime son pays malgré les réserves évoquées ci dessus.
On ressort de la lecture de ce livre amusé , voire franchement hilare parfois, mais aussi inquiet devant la stupidité d'une partie de la population de la puissance maîtresse du monde . Car ce qui étonne le plus Bryson, c'est un étonnant paradoxe , écoutons le : " Le peuple américain n'est pas en soi plus bête que les autres. L'Amérique possède l'économie la plus puissante, le niveau de vie le plus confortable, les meilleurs programmes de recherche , des universités prestigieuses , a produit plus de prix Nobel que le reste du monde réuni. .On n'obtient pas un pareil palmarès avec une population de crétins. Et pourtant parfois c'est à se demander...(..) Alors d'où vient toute cette bêtise? Je suis certain qu'il y a quelque chose dans la vie américaine moderne qui tend à supprimer tout effort de réflexion (..) ce qui a pour conséquence perverse et insidieuse de lobotomiser le public". Et Bill de citer pour exemple comment les médias parlent toujours de Londres en précisant "Londres, Angleterre", pour éviter à Mr Johnson ou Mrs Smith de se demander , tiens Londres où est ce déjà, Australie ? Italie ? Angleterre peut être? ...

Sur ce je vous laisse, je rentre chez moi à Quimper, Bretagne...






NB -A lire du même auteur Nos voisins du dessous,chroniques australiennes récit de se traversée de l’Australie , Road Movie hilarant mais également bourré d’info su l’île -continent , sa faune , ses paysages mais aussi sa colonisation et le sort réservé aux aborigènes, mais j'aurai l'occasion d'y revenir...

4 commentaires:

  1. Je l'avoue : totalement inconnu. Mais je sens que cela va me plaire.
    "Alors d'où vient toute cette bêtise? Je suis certain qu'il y a quelque chose dans la vie américaine moderne qui tend à supprimer tout effort de réflexion (..) ce qui a pour conséquence perverse et insidieuse de lobotomiser le public" Et hélas, cela ne se limite pas aux USA. Les personnes instruites, cultivées, sont plus difficilement manipulables.

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  2. Oui Bruno c'est sur que cela ne se limite pas à l'Amerique, la preuve avec les programmes télé débiles qu'on a de plus en plus chez nous, et un truc incroyable que j'ai vu l'autre jour: sur le télétexte de TF1, le resumé d'un programme était écrit...en langage SMS !!

    Appel: puisque nous avons tous les jours plusieurs lecteurs aux Etat Unis (américains? français résidant en Amerique?), s'ils pouvaient apporter leurs temoignages, ce serait intéressant.

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  3. Shuffle master2/1/11 12:06

    HI, It's Shuffle, from Austin, TX. C'est effectivement très bien. J'avais commencé par Motel Blues (récit de voyages, adolescent, avec ses parents), également recommandable. Celui sur l'Australie est nettement moins bon. Je ne sais plus si c'est dans American Rigolos (je crois que oui) qu'il y a une philippique contre l'informatique à hurler de rire (traduction GOOGLE).

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  4. Yes dear Shuffle,lu aussi Motel Blues, quelques longueurs mais des passages trés interessants. En fait il y refait l'itineraire qu'il faisait enfant avec ses parents, comme ici il y a des passages trés droles, en meme temps qu'une vraie réflexion. Tu as moins aimé celui sur l'Australie, j'en garde un bon souvenir pourtant. Et c'est bien dans Americans rigolos qu'il y a plusieurs passages tordants sur ses démélés informatiques (d'ailleurs j'ai pensé a toi en lisant ça..)

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