- Oh merde, une descente, planquez tout ! Cadenassez mon frigo !
- T’inquiète, Philou, je m’en occupe. Hola, doucement messieurs, vous êtes au Deblocnot’ ici, on n’y rentre pas comme à la Star Ac' ! Vous avez une commission rogatoire ?
- Circulez monsieur…
- Je suis Rockin’Jl , le co-fondato-directo-responsablo-animato-cuisinier de cette entreprise ! J’appelle derechef mon avocat, maître Gallagher…
- Ce ne sera pas nécessaire, ne créez pas de problème, monsieur, nous sommes mandatés…
- Hein ? Bruno ! Vincent ! Élodie !
- Elle bouquine…
- Encore ??? Bon, les autres, à moi, vite !
- Calmez-vous, nous sommes chargés d’escorter ce paquet jusqu’à vos locaux. L’ordre vient d’en haut…
- Et y’a quoi dedans, hein ? Un chargement d’émeraude, de lingots ? Les poubelles radioactives d’Areva ? Vade Retro !
- Minute, je regarde mon bordereau… Hum… Le commanditaire est un certain Luc B. et le colis est un six étoiles…
- Oh nom di diou… Un six étoiles ?! Passez, messieurs, je vous en prie, au quatorzième par l’ascenseur… Un café ? Une bière ? Vous resterez bien dîner, non ? J’ai mis un Chablis au frais… Sympa vos galons, j’ai toujours été fasciné par l’uniforme… Un petit TUC ?
FLEETWOOD MAC, c’est comme le gruyère. Y’a le gruyère français (à trou) et le gruyère suisse (sans trou), ils sont tous les deux très bons, mais le dernier cité a beaucoup plus de goût. Et il y a le Fleetwood Mac américain, et le Fleetwood Mac anglais. Les deux sont très bons, mais le dernier cité est le plus authentique.
Petit rappel des faits. FLEETWOOD MAC est la contraction des noms de Mick Fleetwood (batteur) et John Mac Vie (bassiste, mais ça s’écrit McVie). Associés au guitariste Peter Green, ils créent ce groupe en 1967, tout frais sortis du cocon des Bluesbreakers, le groupe polymorphe de John Mayall. Ce même John Mayall qui était une des grandes figures, avec Chris Barber et Alexis Korner, du British Blues durant les années 60, courant musical constitué de jeunes musiciens blancs qui découvraient le rythm’n’blues noir. Le trio s’adjoint les services de Jeremy Spencer à la slide-guitare, et deux ans plus tard, d’une troisième guitare, celle de Danny Kirwan.
Depuis la gauche : Mick Fleetwood, John McVie, Jeremy Spencer, Peter Grenn, et au centre, Danny Kirwan.
Les FLEETWOOD MAC jouent du blues. Alors que le psychédélisme fait rage, que plusieurs de ses collègues gratteux lorgnent vers une musique beaucoup plus hard (Jeff Beck, Jimmy Page, Alvin Lee, même Clapton avec la parenthèse CREAM) Peter Green, lui, ne fait aucune concession à la mode, rejoignant d’ailleurs Eric Clapton dans cette esthétique. La première mouture du groupe ne passera pas l’année 70, Peter Green quitte le groupe, très fragilisé émotionnellement par son statut de guitare-héros. La chanteuse et pianiste Christine Perfect (ça ne s'invente pas !) est appelée à la rescousse. Elle épousera le bassiste et deviendra Christine McVie. Mais rien n’y fait, Kirwan sombre dans l’alcool, Spencer est en plein trip mystique, et privé de son compositeur Peter Green, interné en psychiatrie, le groupe périclite.
Les trois survivants (Mick Fleetwood et le couple McVie) s’installeront aux États-Unis, et rejoint par Lindsey Buckingham (chant, guitare) et Stevie Nicks (chant) opèreront la mutation du groupe vers la musique rock, un rock dit « californien »… But that’s an other story… sur laquelle il serait bon de revenir (n'est-ce pas Philou ?).
Autres éditions de cette même série de concert.
Ils n’étaient pas nombreux, à l’époque, les groupes qui pouvaient s’offrir trois guitaristes solistes-chanteurs-compositeurs. Une manière pour Peter Green de partager l’affiche, donc de ne pas s’exposer seul sous les spots lights de la célébrité (autre point commun avec Clapton). Après six albums studio, et fort d’une belle réputation, cette formation traverse l’Atlantique, pour donner une série de concerts, à Boston, en février 1970. En Amérique, le blues revival se teinte nettement de psychédélisme, de rock, avec THE GREATFULL DEAD, JANIS JOPLIN, CANNED HEAT, MIKE BLOOMFIELD, LOVE (à leurs débuts), et même JOHNNY WINTER dans ses premiers enregistrements studios. Peter Green commencera à mettre un peu d’acide dans sa musique, des riffs plus corsés, alternant des reprises blues pures et dures, à de longues chevauchées improvisées. Et il n’y a pas meilleur témoignage que ce disque, issu des soirées à Boston. Ce disque-là est un double vinyle, sorti en 1989 (j’ai encore l’étiquette collée dessus, il m’en avait couté 110 francs !), issu d'une curieuse collection, qui regroupe aussi des enregistrements de John Mayall, Chicken Shack, Alexis Korner, Taj Mahall… Il y a peu, ces mêmes bandes ont été remastérisées, et trois CD’s distincts ont été édités, proposant une set-list plus complète, et prises alternatives, sous les noms de « LIVE IN BOSTON » ou « BOSTON BLUES » en 2 CD’s.
Fleetwood et McVie. Déjà à l'époque ils étaient passablement barrés... Bien cocaïnés sous le soleil de la Californie, ce sera pire !
On commence par « Green Manalishi » dans une version malheureusement tronquée (coupée à 7 minutes, après le chorus de basse, quand la version originale faisait 12 minutes), avec des riffs de guitares assez secs, illustration de ce versant plus rock psychédélique des FLEETWOOD MAC, où Mick Fleetwood frappe ses toms et ses cymbales comme un diable. Le groupe enchaine avec un bon vieux rock « Sandy Mary » à la Eddie Cochrane, puis un blues lent, lumineux, lancinant, « Jumping At Shadows ». Arrivent ensuite deux des très gros classiques composés par Peter Green, « Oh Well » frénétique, violent, intense et monstrueux, déchiré d’éclairs électriques, suivi de « Black Magic Woman », admirable version, qui après deux minutes trente vire au boogie, avec un long solo de guitare. C’est Danny Kirwan qui compose les deux titres suivants : « World In Harmony » instrumental magnifique, jeu de superpositions d’arpèges de guitares, et un son qui vire assez rock, puis « Like It This Way » boogie-woogie dans la pure tradition. La face C du vinyle est occupée par un seul morceau, the big morceau de bravoure « Rattlesnake Shake » 23 minutes d’impro rock hypnotique, avec un Mike Fleetwood qui syncope le tempo au bout de 5 minutes, avant de le doubler, les trois choristes s’enflamment sans jamais que le morceau ne vire au chaos ou à la démonstration. Enorme. Puis la face D, ce genre de chose après laquelle on peut crever l'âme en paix, certain d'avoir toucher du doigt le nirvana. Retour au blues, donc, avec deux reprises de Elmore James, « Got To Move » et « Madison Blues », chantées par Jeremy Spencer, dont le timbre nous évoque JB Lenoir, puis « Teenage Darling » composée par Spencer, fraiche évocation des slow rockabilly, avec trémolo à la Platters, puis qui s’énerve franchement au micro comme McCartney sur le « Oh Darling » d’ABBEY ROAD. On finit sur un somptueux shuffle « Red Hot Mama », avec slide-guitare à gogo.
"Oh Well" un grand classique signé Peter Green.
Les enregistrements live du FLEETWOOD MAC britannique ne sont pas légions. Ce n'est pas comme les témoignages live de Mayall ou Clapton. Ce qui rend cet objet encore plus indispensable. Celui-ci, appelons-le LIVE IN BOSTON, est un must. Une musique brute, incandescente, pure, irradiée de feeling et de talent. On fait péter les "6 croches". Franchement, là, on ne pouvait pas faire moins.
FLEETWOOD MAC, LIVE IN BOSTON (1970 / 1989 / 2000 puis 2003 !) Version « The Blues collection »
12 titres, 74 minutes.
Fallait le dire, qu'il y avait du chablis, je serais sortie de mon bouquin !
RépondreSupprimerOh que oui! grand live du Fleetwood Mac! Pour ma part il n'existe qu'un Fleetwood, celui là! l'autre n'étant qu'un groupe de variété qui portant le même nom, peut éventuellement embrouiller le chaland!
RépondreSupprimerJe place tout de suite derrière cet opus, le fabuleux "Blues Jam in Chicago" ou "Blues Jam at Chess" selon les rééditions. Sur l'édition de ce concert à Boston,que je possède le show se termine par une jam avec Clapton et Joe Walsh, jam tout à fait dispensable, mais bon c'était la mode en ces temps reculés de finir un concert en faisant un max de boucan avec les potes qui trainaient dans la salle!
"Oh Well" est à mon sens un des plus beaux titres composé par Green et ma préférence va à la version originale (mi-electrique, mi-acoustique) parue en 45tours et comme le morceau était trop long il fallait retourner la galette au beau milieu de la partie acoustique!
Nostaigie quand tu nous tiens!!
Tout à fait, Jean-Pascal. Je dois encore avoir ce 45t caché quelque part. Une pièce de collection, que j'ai eu je ne sais plus comment... et par laquelle j'ai découvert le groupe.
RépondreSupprimerIl me semble bien que c'est Mayall qui avait viré McVie à cause de ses états fréquents d'ébriétés. Il l'aurait même faire descendre de son van, sans ménagement, à une dizaine de kms avant de leur destination.
Pour moi aussi, la meilleure période de Fleetwood Mac, c'est celle où il était emmené par Peter Green.
RépondreSupprimerLe plus triste, c'est de voir l'épave qu'est devenu Peter Green après cet épisode. Quel gâchis !
J'avais posté un billet sur mon blog à l'occasion du concert qu'il avait donné, début 2009, au Spirit of 66. A un moment donné, il était même incapable de se rappeler comment il devait débuter le morceau suivant !
Aaaahhh, si Peter ne s'était pas grillé les neurons, ... comme Sid Barret et tant d'autres...
RépondreSupprimer"CE" Fleetwood Mac est magnifique, sublime, merveilleux, on y revient toujours avec le même plaisir. Et même la bioutifoule Stevie Nicks ne peut l'éclipser...
Bon, d'accord, c'est bien beau tout ça, mais ça reste quand même des Anglais. Faudrait pas l'oublier.
RépondreSupprimerCa pourrait être pire, mon lapin !!!... au hasard... des belgo-franco-helvético-monégasques !!! (oups... j'me sens mal..., vite, le "Live at the Regal")
RépondreSupprimerSacré live!! Ca mérite bien les "6 croches". Merci pour la découverte.
RépondreSupprimerVoilà le genre de message qui fait chaud au coeur ! Un heureux de plus, ça fait ma joie ! Merci Kund.
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