dimanche 31 octobre 2010

The RUTS "The Crack" (1978) ,par Bruno


Le meilleur disque de Punk-Rock ?


     The Ruts est un groupe londonien constitué en 77, autour de de Paul Fox (guitare), et Dave Ruffy (basse, puis batterie), qui recrutèrent Malcom Owen au chant (un forcené dont les centres d'intérêts musicaux s'étendaient au delà du Punk), et John Jennings à la basse. La formation se stabilisa en août 77.
Paul Fox, au début des 70's, alors dans une communauté hippie de l'île de Angelsey, (au Nord du pays de Galles), avait fondé un groupe de Rock-progressif, Aslan, avec, déjà, Malcom Owen (ancien camarade de classe) au chant. Après le split du groupe en 75, il rejoignit un groupe de Funk-rock, Hit & Run. Ce parcours explique le bagage et la polyvalence qu'affichait Fox. Chose relativement rare à l 'époque, dans le milieu Punk.



     Ainsi The Ruts, après quelques singles qui marchèrent assez bien, pondirent cette œuvre, qui sans être vraiment iconoclaste, se démarquait néanmoins des canons de la production Punk de l'époque. Ainsi, si l'on devait les rapprocher des plus illustres, il conviendrait de mentionner pêle-mêle The Jam, The Damned, The Clash, Black Flag, Sham 69, The Saints, Iggy, mais également Police, avec parfois une sensibilité Heavy-rock (le son de la guitare notamment, certains riffs – certains ont avancé le nom de Thin Lizzy), mais en évitant tout solo à rallonge. D'ailleurs, beaucoup proclamaient à l'époque qu'avec ce disque, The Ruts se plaçait bien au-dessus des Clash.

     D'entrée, on est interpellé par la mise en place impeccable, et la production ad hoc en conséquence. Si le format, la structure, et le rythme sont irrémédiablement Punk, le son et la maîtrise sont inhérents au Rock. Rien n'est effectué, ou laissé, au hasard. Pour ainsi dire, Paul Fox (Gibson SG et LesPaul) a réussi à délivrer un jeu coincé entre le Punk et un Rock dur, typiquement british, sans ne jamais être ostentatoire ; en privilégiant l'urgence en évitant soigneusement le déluge de notes qui entraîne trop souvent l'approximatif, le vulgaire ; en cultivant les silences autant que les sustains, les résonances, parfois travaillés de divers effets adéquates (qui peuvent parfois évoquer un Andy Summers plus heavy). La basse est également très présente, assurant la rythmique lorsque la guitare se fait plus discrète. Une basse sèche, claquante, équilibrée entre les fréquences basses et medium (Fender bass Precision), poussée en avant. La batterie également bien définie, sachant se montrer énergique, faussement débridée, aussi bien que mesurée. Et puis il y a cette voix, celle Malcom Owen. Comme une gorge enfumée gardant néanmoins toute la vitalité et l'insolence inhérente à la jeunesse, à peine grave et sourde, sobrement éraillée.

     Ces quatre là ont su insuffler à leur Punk une présence, une tension, un climat (plutôt ombrageux), créant ainsi une personnalité quelque peu à part à l'époque.


   Babylon's Burning
déboule sans crier gare, introduit par l'alarme et les sirènes de pompiers de Londres. Un titre Punk qui frappe par une interprétation structurée. Rien n'est accidentel, The Ruts savent ce qu'ils veulent et où ils vont. Immédiatement suivit Dope for Guns, dans la même veine.
   S.U.S marque sa différence, moins direct, plus sournois, menaçant, il alterne entre batterie monolithique, basse en avant, guitare discrète, et pont heavy-punk-reggae. Une composition fustigeant la loi anglaise qui permettait aux policiers d'arrêter des personnes dans la rue, juste sur des suppositions (Vagrancy Act).
Something that I said, format plus Rock, guitare libre, sortant du carcan rythmique-solo, ni l'un ni l'autre, un héritage heavy-rock en filigrane (aurait pu faire partie du répertoire des 1ers Angels City).
   You're a just a..., replonge sans retenue dans un registre Punk
   It was cold, un titre presque planant, du Progressif-punk, pas loin du Police de Regatta de Blanc, en nettement plus ombrageux, voire d'un Alice Cooper version 70's.
   Savage Circle, roulement de toms-basses à faire pâlir Philty Taylor de jalousie , guitare hargneuse, basse épileptique, chant possédé, break jazz-punk.
   Jah War, un grand titre de Reggae blanc ; pas un d'occase, de seconde main, à 2 balles, non, loin de là ; c'est plutôt du haut-de-gamme, avec basse ronflante et groovy, une batterie qui claque à travers un écho naturel, une guitare tranchante et un chant juste et tempéré, tout en gardant une certaine morgue. Deux très bons soli de grattes. Quelques cuivres discrets faisant quelques apparitions sporadiques.
Après l'accalmie, la hargne punk revient à vive allure avec un rouleau compresseur, Criminal Mind.
   Backbiter, sur une base rock'n'roll (Pub-Rock) jouée par la basse, s'établit un Punk-rock mid-tempo
   Out of Order, véritable défouloir punk.
   Pour finir, un extrait live démontrant ainsi l'énergie déployé sur scène, avec une version d'un précédent simple, In a Rut, remanié en un Human Punk sentant le pogo, le slam et le moshing. A faire pâlir d'envie tous les Steve Jones et les John Rotten Lydon de la terre.
 

   Cet opus, malgré la trentaine bien passée, n'a pas pris une ride. Un disque qui devraient en toute logique plaire autant aux amateurs de Punk, qu'à ceux de Rock dur. Un disque qui (avec d'autres) prouve qu'
il n'est point besoin de balancer des tonnes de notes sur-saturés pour sonner agressif.
   Brisé par un mariage raté, Malcom Owen prit une pause pour se ressourcer dans la maison familiale. Hélas, il plongea (plus profondément ?) dans l'héroïne. On le retrouva mort, par overdose, dans la baignoire le 14 juillet 1980. Le groupe ne s'en remettra jamais.

    Après le décès d'Owen, le groupe se rebaptisa Ruts DC (Fox assurant le chant), et s'intéressa de plus en plus au Reggae et au Dub, avant d'éclater au début des 80's.
Un second album regroupant des 45 tours, dont le premier single de 1978 (In a rut ; H-Eyes), et des enregistrements publics (qui pourraient provenir de ceux de l'émission d'Antoine De Caunes, Chorus), vit le jour en 1980. Emprunts d'un certain classicisme et pourvu d'une production plus touffue, l'ensemble présente bien moins d'intérêts, et ne peut suivre la comparaison avec "The Crack". Toutefois, ici encore, les titres live démontrent qu'ils savaient assurer sur scène. Uniquement pour les inconditionnels.
     Paul Fox décéda d'un cancer le 21 octobre 2007. Quelques temps auparavant, le 16 juillet 2007, il avait fait un concert avec une reformation de The Ruts, avec Henry Rollins (grand fan du groupe) en remplacement d'Owen.


P.S. : la pochette (évidemment qui en jetait bien plus en 33t), présentée comme un tableau de peinture, avec, au verso, l'envers de la toile griffonné de crayon stipulant les divers crédits, était un concept du groupe. La scène présentant un apéritif mondain, où on y retrouve, outre les membres du groupe au milieu sur le canapé, en autres, Captain Sensible, Rat Scabies, Hendrix.





4 commentaires:

  1. excellent excellent ! je les ai vus en concert, un peu décevants, mais bon, le son était pourri, le chanteur un peu éraillé, mais çà reste un bon souvenir. en tous cas ton article est remarquable, "It was cold" n'a pas pris une ride, contrairement aux Policemen. Ramone The Snake.

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  2. En concert ? En quelle année ?
    Oui, "It was cold" est un très bon titre, un des meilleurs de l'album.
    Merci Ramone

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  3. the ruts......ah quelle époque merveilleuse !
    too much ....too soon....too...rock and roll
    phil

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  4. bonjour quelqu'un pourrait il publier les tablatures de la basse pour le son It was cold... MERCI

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