BLACK SNAKE MOAN, un film de Craig Brewer (2006) par Rockin-jl

Amateurs de cinéma décalé et /ou de blues, vous ne pouvez pas passer a coté de ce film! Film qui présente un point commun avec "Planet Stupid" sorti également en 2007 dont je vous parlais récemment : il est sorti dans 2 douzaines de salles alors que des cochonneries de blockbusters continuent de déferler jusqu'au fin fond de l'Ardèche ou du Finistère...

Passez outre l’affiche particulièrement mauvaise et racoleuse qui peut faire penser à une série B de Black Exploitation ou à un film sado maso où un black viril dominerai une jeune chienne blanche car rien de tout ça.
Rarement l'âme du blues aura aussi bien été mise en valeur au cinéma que dans ce film . "Black Snake Moan" c’est "La plainte du serpent noir", chanson du grand bluesman aveugle du delta Blind Lemon Jefferson- où il parle de la crainte que lui inspire ces " serpents noirs qui grouillent dans les ténèbres " et qu'il ne voit pas, un des pionniers du blues qui inspira son nom au groupe rock psyché Jefferson Airplane.





Un film fort qui vous prend aux tripes, basé sur la rencontre improbable dans un bled du Sud profond entre un vieux fermier bluesman, Lazarus (Samuel L Jackson) et une jeune nymphomane complètement paumée, Raé (Christina Ricci) , demeurée seule depuis le départ a l’armée de son boyfriend, joué par Justin Timberlake , en faux dur émouvant , un Justin que l'on préfèrera acteur que chanteur pathétique de R'n'Bi, même si ce n’est pas encore ça, mais au moins quand il joue il ne chante pas….
Samuel L. Jackson dont la présence irradie chaque scène, un bluesman revenu de tout , largué par sa femme pour son propre frère , et en proie à des démons intérieurs qui le tourmentent. Pour être crédible en bluesman Jackson a rencontré et suivi des musiciens du Mississippi pour s’imprégner de leur vécu. si ce n’est pas lui qui joue la guitare dans le film, en revanche il chante, et pas mal du tout. A noter que Cedric Burnside le neveu du mythique RL joue dans son groupe dans la scène finale .
Ricci incarne la traînée du village,au short aussi court que moulant, victime d’inceste dans sa jeunesse , aux rapports difficiles avec sa mère et qui tombe dans la couche ou sur la banquette arrière de chaque homme qu’elle croise, comme dans une fuite sans fin vers la déchéance.


C’est ainsi qu’une nuit elle termine battue violée et abandonnée pour morte dans la cambrousse , c’est là que Lazarus va la récupérer, la soigner. Il s’investit de la mission de la remettre sur le droit chemin , et pour ne pas qu’elle s’échappe, l’enchaîne.
Elle va d’abord croire avoir affaire à un Serial Killer ; puis alors qu’il lui joue de la guitare pour l’exorciser, et s’exorciser lui-même, une complicité improbable va naître entre ces 2 êtres aux destins tortueux qui cherchent la rédemption, mais je ne vous en raconte pas plus, je vous en ai déjà trop dit.
Au delà de l’histoire le film vaut surtout pour ces deux grands acteur qui se mettent a nu, au sens propre d'ailleurs aussi pour Christina , ce qui constitue indubitablement une raison supplémentaire de voir le film… Malgré le sujet difficile le film n’est jamais glauque , et on suit avec fascination l’évolution des rapports des 2 protagonistes.

Tout cela sur fond de blues poisseux omniprésent, à la Burnside/ John Lee Hooker , la bande son est en effet superbe, à noter que dans le film passent deux vidéos d'archive du grand bluesman Son House qui explique sa vision du blues.
Et oui il y a encore du bon ciné qui sort parfois des studios américains, si si, je vous assure ….