Immense rencontre au sommet entre la voix chaude et sensuelle du chanteur-crooner texan Bobby Blue Bland et la guitare unique de BB King (Ridley B. King pour l’état civil). Les deux artistes, visiblement chauds comme la braise entrent en scène et déroulent les classiques du genre, soutenus par un orchestre impeccable, et une section de cuivres rutilante. On commence avec l’incontournable « 3 o’clock blues » suivi de deux autres blues lents, puis un « That’s the way love is » plus swinguant. Arrive ensuite un "I'm sorry" de 10 minutes est l'occasion d'une belle improvisation, où nos deux chanteurs, très cabots, ironisent sur leur relation amoureuse, et sur la manière dont on doit s'excuser auprès de la femme qu'on a trompée : un régal de cynisme ! "Don't cry no more" déboule à 100 à l'heure, très "twist" avec un beau chorus de sax, puis on a droit à un long meddley de 14 minutes, dans lequel Bobby et BB enchaînent des thèmes, au gré de leur inspiration, de leur envie, la rythmique tourne derrière, fidèle et solide.
C'est un très grand disque de blues, fait par des artistes au sommet, qui s'amusent, se surprennent, rigolent comme des gamins entre deux solos, alternant le ton crooner de Bobby Blue bland (et ses étranges éructations nasales !), au blues puissant et coloré de BB King. A l’origine, double 33 tours.
Deux ans plus tard, les deux compères se retrouvent au Coconut Grove de Los Angeles, et enregistrent TOGETHER AGAIN… LIVE. Les hostilités commencent cette fois avec « Let the good time roll », à la fin duquel BB King prévient : « Hey everybody, Bobby and BB are in town ! » Et pour être là, ils sont bien là, entourés d’un orchestre démentiel, deux batteries, quatre guitaristes, des claviers, et une section de cuivre pétaradante. Les morceaux s’enchaînent dans la bonne humeur, chacun y va de son chorus, de son improvisation, et cabotine à gogo ! « Stormy Monday blues » de T Bone Walker est merveilleusement bien interprété, soft, avec l’orchestre qui n’intervient franchement que sur la fin. On entend « Everyday I got the blues » dans une version quasi définitive, « Feel so bad » et son motif funky s’étire sur 8 minutes, où BB fait une démonstration de guitare, une leçon, dans l’art de jouer des silences, des syncopes, des petites touches bourrées de feeling. Et puis on réclame le grand tube de BB : « Thrill is gone », un slow plus qu’un blues pur et dur, mais avec lequel BB King touchera un large public en 1969. Emotion et frissons garantis. Ce thème est enchaîné à « I ain’t gonna be the frist to cry », où les deux compères, comme deux fauves en rut, entreprennent de faire chanter le public, et tombent sur une jeune femme très à son aise devant le micro. « Are you married ? » demande Booby, « no » répond-elle, « good news » conclut-il ! Bobby Bland lui demande de chanter, de donner dans le sexy, et la jeune s’exécute au-delà de nos espérances ! Immense moment de sensualité, de talent, de musique, comme j’en ai rarement entendu. Quel dommage que la prestation dans son ensemble ne soit pas disponible en CD. C’est court, mais on touche au sublime.
Ce disque bénéficie d’une prise de son supérieure au premier album. Mais il est moins long. De toute façon, les deux sont rigoureusement indispensables.
TOGETHER FOR THE FIRST TIME (1974), 12 titres, 1h07
TOGETHER AGAIN… LIVE (1976) 6 titres, 42 minutes >
Connais pas le 1er (jamais trouvé - connaissais même pas la pochette). Par contre le 2sd mérite plus que le détour.
RépondreSupprimerJ'ai trouvé le premier album plusieurs années plus tard. J'avais d'abord cru à une réedition. Mais la set-list est 100% différente. Dommage que la qualité du son soit très inférieure, car la prestation est excellente.
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