mercredi 10 décembre 2025

The DONNAS " Spend The Night " (2002), by Bruno



   Y'en a marre... Y'en marre de "bosser huit heures, mon salaire, c'est le salaire de la sueur". Je repense "ils m'ont bien eu ces enf.....". "J'ai vu mon vieux, il l'ont roulé". "Cinq heures du mat', j'ai des frissons"... C'est de plus en plus dur de se lever... enfin, j'me lève... mais j'me recouche... puis j'me relève... j'fais des trucs mais prendre la voiture pour bouffer du kilomètre pour arriver au boulot pour toute la journée, sans savoir quand j'pourrais rentrer... ça plombe considérablement l'moral. J'ai encore de l'énergie, mais de moins en moins pour bosser... il faut alors se charger en café. Hélas, the doctor dit de le réduire, voire même de l'arrêter. Pas bon pour les nerveux... Que faire ? J'l'ai pourtant dit à la médecine du travail (même s'ils semblent ne rien en avoir à carrer) : "j'en peux plus. Y'en a marre. J'y arrive plus". Alors, comment faire ? Il faut bien non seulement payer les factures, mais aussi les impôts et, accessoirement, s'il reste des tunes, manger.

Alors ? ... Une solution ? ...  - "Un disque de Chantal Goya ! En live ! Pour l'ambiance explosive ! ".

Non merci, Luc. Non, vraiment. C'est gentil mais sans façon. Tu peux le ranger dans ta discothèque climatisée aux vitres blindées. Celle réservée à tes disques de chevet. De toutes façons, j'y toucherai pas. (je jetterai plutôt mon dévolu sur ton F. King à Antibes de 73). Oui, sinon, la solution est un disque de Donnas...

- " Donna Summer !!  C'est Donna Summer, le double album de 79, "Bad Girl" !!"

Merci Pat. Ce n'est pas mon truc. Non, il s'agit d'une des galettes des Donnas.


      The Donnas et leur album de 2002, "Spend The Night". Oui, celui-ci et pas un autre. Pourquoi ? Parce que là, les donzelles ont réussi à modérer leurs ardeurs, canaliser leur énergie pour la libérer dans un flux presque ininterrompu de punk-rock bubble gum copieusement assaisonné de hard-rock. En deux mots : du rock costaud, pas intellectuel pour un sou, direct et efficace. Un peu comme si Kiss avait intégré les Ramones pour faire un max de raffut. Comme si Joan Jett avait été embauchée par Theodore Nugent, pour donner un peu de féminisme à son rock de macho caricatural, sans perdre une once de son mordant. Voire Poison (qu'elles adorent) boosté par les Runaway. Avec en sus quelques petits soli 
concis qui se dégustent comme des chocolats fourrés. Quatorze pièces sur cet opus, et pas un seul temps mort. Le tout envoyé en multiples rafales en seulement quarante-trois minutes. On ne tergiverse pas, on va à l'essentiel. Et si le précédent, "The Donnas Turn 21", tape pas mal dans le Glam, là, ça fricote chaudement avec un hard-rock sans prise de tête. À mi-chemin entre le "Cold Metal" de l'Iguane et le "Tattoed Beat Messiah" de Zodiac Mindwarp. Que du bon qui envoie, du savoureux qui secoue les esgourdes, du rock pugnace qui booste le palpitant.

     " Spend The Night " confirme le tournant opéré l'année précédente ; soit un retrait du punk rock pour aborder des rivages marqués par un Hard-rock plutôt basique

     La grosse progression du quatuor se situe surtout dans la tonalité de la guitare d'Allison Robertson qui a pris du poids, du gras. Son duo mythique et éprouvé, Gibson - Marshall, fonctionne à merveille (1). Il a trouvé les clefs lui permettant d'accéder aux laboratoires du riff, section "énervé et autres bourre-pif" (sous haute protection, avec un sas hermétique et des murs en béton armé d'un mètre onze d'épaisseur - un collectif a déposé un recours en justice : il paraîtrait que depuis son édification, un temps secrète, il y aurait dans le proche voisinage des secousses sismiques de plus en plus fréquentes). Mais, derrière, la section rythmique assure sans coup férir comme une locomotive lancée, manquant de dérailler à chaque courbe un peu prononcée. C'est basique, sans fioriture, no jazz, mais c'est du solide. A cet effet, Torry Castellano, bien que d'apparence menue, martèle ses fûts comme la mère Denis son linge (ouille *) - ou, pour ceux pour qui la mère Denis n'évoque rien, disons comme Obélix, les romains -. Tapant plus fort encore en concert, où elle se lâche un peu plus sur les cymbales. Au point où elle va finir pas contracter une tendinite chronique et de sévères maux sur une épaule. Ce qui va la contraindre à arrêter la musique, reprendre ses études et prendre la robe... d'avocate. "C'est ben vrai, ça".


   C'est que les quatre damoiselles, fraîchement signées par la major Atlantic, ont mis les bouchées doubles. Après des années à jouer sans autre prétention
 que faire du boucan (dans leurs premières années, pré-Donnas, elles tapaient même dans le speed métôl) et s'éclater, se libérer de la pression des études, qu'elles suivent toutes avec sérieux (en dépit de l'image qu'elles donnent sur leurs clips, ce sont de bons éléments), le succès croissant et la récente incursion dans les charts du précédent album, elles ont bien envie de goûter à un succès plus franc et vaste. Qui sait ? Conquérir les foules et devenir des vedettes. Puisque leur engagement dans la musique a pris une grande part dans leur vie, les obligeant à quitter des études prometteuses, autant aller jusqu'au bout. Et ne pas laisser passer leur chance quand elle se présente. Et effectivement, ce cinquième opus sous le patronyme de The Donnas, sonne bien plus professionnel que tout ce qu'elles ont pu faire auparavant. Un fait qui fâche les fans de la première heure qui considèrent cela comme une pure trahison. Qu'elles ont vendu leur âme au diable. En atténuant leur aspect "punk" pour mieux exposer leur facette "hard" ? Pourtant, ces jeunes filles - dans les 23 balais à la sortie de cet album -, n'ont jamais caché leur attrait pour le Hard-rock, ni même pour le heavy-metal, puisqu'elles reprennent déjà "Living After Midnight" de Judas Priest. Et depuis longtemps, "Too Fast for Love" de Mötley Crüe. Sans oublier qu'en 1999, elles sortent un clip où elles jouent le "Strutter" de Kiss.

      Les filles pourraient être considérées comme de fières féministes, en détournant des clichés chers au cœur de rockers se la jouant macho. Des coups d'un soir, à l'arrière d'une voiture, de gamins qui se pâment en leur présence, de garçons faciles, de faire la fête sans se soucier du lendemain, de séductions. Toutefois, si elles peuvent chanter sans ambages de leur sexualité, jamais elles ne chercheront à se vendre avec une image hyper sensualisée, pour ne pas dire carrément sexualisée. D'ailleurs, à des années lumières de leurs consœurs de la pop et surtout du rap/bi and bi, elles sont vêtues sur scène comme à la ville. Une hérésie pour les poupées du néo-r'n'b qui concourent pour la tenue la moins couvrante, ou la plus moulante. Pourtant, c'est ce qui rend également sympathique et accessible ces jeunes femmes - comme dans un autre temps, pour les Gallagher, Status Quo et 80% d'AC/DC. Et puis, là, il s'agit bien d'un groupe soudé, d'amies, de potes d'enfance, d'authentiques musiciennes qui jouent réellement en live, et non pas en play-back, devant cacher la pâleur de leur répertoire par un spectacle haut en couleurs, plus proche des comédies musicales de Broadway ou du Barnum.

     Avec des paroles comme celle de "Take It Off", elles auraient pu, dix ans plus tôt, s'attirer les foudres de la patrouille PMRC - "J'en suis à mon deuxième verre, mais j'en ai déjà bu quelques uns... J'essaie de réfléchir. J'crois que je te veux par terre. Yeah ! Pas terre ! Vas-y, enlève-le ! Tu dois te déhancher, bébé, pour moi. Allez ! Fais-moi [ censuré  (*)] ... Arrête de fixer ma poitrine. Ne perds pas ton temps. Donne-le moi. Allez bébé, caresse-moi". Dans l'ensemble, des paroles qui ne volent guère haut, - c'est plutôt au ras des pâquerettes -, qui paraissent avoir été écrites dans l'instant, qui feraient passer celles d'AC/DC ou de Scorpions pour du Prévert ou du Baudelaire. "T'étais canon jusqu'à ce que tu enlèves ton tee-shirt. Tellement maigre que ça fait blesse les yeux. T'es un produit avarié" (extrait de " Not the One") ces filles ont du tact. "Je veux jouer sur ton gros camion, uh-uh. Alors poursuivons ! Je veux jouer sur ton gros camion (**), uh-uh... Alors remet un billet" (extrait de "Big Rig") intéressant... 😲 Que d'émotions 😂

     Une pleine marmite de morceaux qui dépotent, encore porteurs d'une énergie post-adolescente, qui se dégustent d'une seule traître. Et en remettant maintes tournées sans éprouver de lassitude - ni de maux de tête. Le quasi enchaînement des morceaux - il est vrai aidé par un tempo souvent assez similaire, et devant énormément à Bun E. Carlos, l'ancien cogneur de Cheap Trick - fait qu'on est carrément emporté par ce torrent de robustes hard-rock / Power Pop des plus efficaces.

     À la même époque, c'est Avril Lavigne qui explose en tant que nouvelle icône punk (??). Cherchez l'erreur.


N°.Titredurée
1."It's on the Rocks"2:54
2."Take It Off"2:40
3."Who Invited You"3:30
4."All Messed Up"3:11
5."Dirty Denim"3:26
6."You Wanna Get Me High"2:55
7."I Don't Care (So There)"2:47
8."Pass It Around"3:27
9."Too Bad About Your Girl"2:50
10."Not the One"2:46
11."Please Don't Tease"2:51
12."Take Me to the Backseat"2:22
13.
14.
"5 O'Clock in the Morning"
"Big Rig"
4:13


Total   :42:58



(1) Allison Robertson se contente d'un minimum de matos. Juste ses Gibson. Une vieille SG Classic avec des P90, deux Les Paul et (après "Spend the Night"), deux Explorer (dont une noire, comme de Lita Ford du temps des Runaway). La Equalizer de Boss, la GE-7 avec les boutons poussoirs, et la Metal Zone de Boss. Celle là même qui a été le sujet de tant de polémiques, parfois considérée comme l'une des rares mauvaises créations de Boss - personnellement, jamais réussi à la faire sonner, de même que des potes (il s'agit aussi de la première version). À savoir qu'elle a longtemps été aussi le petit secret du son de Walter Trout. 

(*) "Gripper au rideau" - pas la traduction exacte, mais moins crue

(**) "Big Rig" - remorque ou gros camion... gros engin ?


🎶🌜

1 commentaire:

  1. Le Freddy King que je garde au coffre est un leurre, la bonne pochette, mais dedans y'a un Christopher Cross. La vraie galette est dans une banque de Zurich.

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