mardi 25 mars 2025

LA BANDE A BONNOT (1968) de Philippe Fourastié et Bernard Thomas (1968) par Pat Slade



Après avoir parlé de Landru, je replonge mon nez dans une affaire criminelle ”La bande à Bonnot





ANARCHIE ET CRIMINALITÉ




La bande Bonnot n’était pas réellement ce que l’on pourrait croire, même si elle prônait leurs méfaits sous le couvert de l’anarchie, ce n’étaient que de vulgaires bandits, des asociaux idéalistes qui détourneront leurs idées soit disant anarchiste en une vadrouille criminelle. Ils furent les premiers bandits à utiliser l’automobile er un armement moderne pour accomplir leurs crimes.
Jules Bonnot
Je ne ferai pas un réquisitoire de l’anarchie, je ne citerai ni Proudhon ni Kropotkine. L’image du drapeau noir ne servira que de prétexte dans cette histoire. Jules Bonnot, même si son idéal politique revendiquait des liens avec l’anarchie, reste un criminel endurci qui multipliera les condamnations tout au long de sa vie. Les seules choses qu’il saura faire dans sa vie, hormis de tenir en main un révolver ou un pistolet, seront les outils qui serviront a la réparation des automobiles. Il était aussi très intéressé par l’aviation.
Ses engagements syndicaux et politiques le font renvoyer de plusieurs entreprises. Marié, père de famille, il loge à Saint Étienne avec sa famille chez le secrétaire de son syndicat qui devient l’amant de sa femme. Après une période de chômage, il s'exerce notamment à l'ouverture de coffres-forts. Après plusieurs cambriolages, il part pour Londres pour y rencontrer des cellules anarchistes et serait, selon la légende, devenu le chauffeur de Sir Arthur Conan Doyle. De retour à Lyon en 1910, il sera le premier à innover dans la technique criminelle utilisant l’automobile, alors que la police est encore à cheval ou à vélo.   

En 1911 il rencontre au siège du journal ”L’Anarchie Viktor Kibaltchitch, un révolutionnaire libertaire belge ainsi que plusieurs sympathisants anarchistes qui vont devenir ses complices, dont les deux principaux : Octave Garnier et Raymond Callemin dit ”Raymond-la-science“ ainsi que d’autres comme  André Soudy. La bande à Bonnot ne se limitait pas seulement à quatre hommes qui partaient armés jusqu’aux dents sur les routes de France braquer les banques et tuer les serviteurs de l’état, c’était un microcosme composé d’hommes et de femmes pratiquement tous anarchistes illégalistes. Ils seront mêlés de plus ou moins prêt aux agissements de la bande. Dans le film de Philippe Fourastié, certaines scènes seront rajoutées, supprimées voire imaginés. L’accident dans le train où Raymond-la-science (Jacques Brel) se tire une balle dans le bras, n’a jamais été prouvé.

Cremer-Brel-Kalfon

Le coté historique se retrouve dans l’attaque de la rue Ordener en 1911. Le garçon payeur Ernest Caby est criblé de balle par Octave Garnier (Jean-Pierre Kalfon) et Raymond la science, tandis que Bonnot (Bruno Cremer) restera au volant de la Delaunay-Belleville. Avant l’assaut,  Garnier s’était fait cuir des spaghettis et après que tout soit fini, beaucoup de badauds récupéreront le reste de son dernier repas pour le revendre a prix d’or. 
Les innombrables livres qui retracent l’épopée sanglante de la bande à Bonnot sont très fidèles à la réalité, Alphonse Boudard dans son livre ”Les grands criminels“ en 1989 arrivera à condenser l’histoire en quelques pages. l'ouvrage de Bernard Thomas rentre plus dans les détails tandis que celui d’Émile Bexker est riche en illustrations. 

 

Cremer-Girardot-Brel

Le film de Philippe Fourastié avec une affiche alléchante : Annie Girardot, François Dyrek, Michel Vitold, Armand Mestral, aurait pu être passionnant, si le réalisateur n’avait pas trop joué avec la réalité. Je m’arrêterai sur Jacques Brel qui ne tournait que le deuxième film de sa carrière de comédien et sa gouaille dans le rôle de Raymond-la-science lui colle parfaitement. L’image d’Octave Garnier en poète un peu lunaire qui lit des poèmes à Marie la Belge (Annie Girardot) sort de la réalité. C’était un redoutable tueur qui ne mourra pas sur le toit d’une maison en y accrochant un drapeau noir mais d'une balle policière dans le crâne. Et pour finir, je trouve que Bruno Cremer n’aurait pas du jouer le rôle de Bonnot. Même si le réalisateur a pris certaine libertés, il reste un film agréable à voir.

En 1954Henri-François Rey écrit La Bande à Bonnot dont il demande à Boris Vian d’écrire les chansons. A peine monté, le spectacle joué au Théâtre du Quartier Latin est retiré de l’affiche, sûrement à cause de la censure. Les partitions musicales se perdent. Les manuscrits seront retrouvés. En 1971, Jacques Canetti enregistre ces chansons avec Yves Robert, Judith Magre. Sur l’enregistrement on peut aussi trouver ”La java des chaussettes à clous“ interprétée par Jacques Higelin. Il existe aussi la bande originale du film écrite par Jacques Brel et François Rauber et n’oublions pas Joe Dassin et le titre ֨”La Bande à Bonnot“. Existe aussi une BD par Godard et Clavé  
Ils resteront des figures inégalées du grand banditisme même si leur règne ne durera que peu de temps. Alors ? La Bande à Bonnot, anarchiste ou malfrat ?

 

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