JANIS JOPLIN - I Got Dem Ol' Kozmic Blues Again Mama! (1969) - par Pat Slade

Le premier et dernier album studio en solo de Janis Joplin avec quelques Pearl

Du Psychédélisme au Blues

Deux heures trente du matin, ce dimanche 17 août 1969, Janis Joplin entame ses premières notes de sa voix éraillée sur la scène du festival de Woodstock. Arrivée dans la journée en compagnie de Joan Baez à bord d'un hélicoptère de l'US Army, elle devient vite nerveuse en apercevant la foule compacte. Alors qu'elle devait passer autour de 21 heures, son concert a été largement décalé. Janis tue le temps en coulisses en buvant du champagne, du whisky, et sans doute en s'administrant de l'héroïne. C'est donc passablement éméchée qu'elle va interpréter une partie du répertoire de l'album enregistré avec son nouveau groupe, The Kozmic Blues Band.  Le public l'accueille malgré tout chaleureusement, et elle fait le show à sa manière, sans retenue, le concert de de la Texane ne sera pas son meilleur au dire même de son entourage. Son manager Al Grossman s'opposera d'ailleurs à ce que sa prestation soit retenue dans le film de Michael Wadleigh dédié au festival.     
Woodstock sonne un peu comme le chant du cygne du ”Summer of Love“ mais aussi de la vie de Janis Joplin. A peine un an plus tard, quelques semaines après Jimi Hendrix, la Little Girl Blue succombera à une overdose d'héroïne dans une chambre d'un motel à Los Angeles alors qu'elle enregistrait son album solo ”Pearl“. Mais deux mois auparavant, elle enregistrera ce qui sera son dernier album studio avec le Kosmic Blues Band qui a remplacé le Big Brother and the Holding Company ”I Got Dem Ol' Kozmic Blues Again Mama!“.
Le 19 janvier dernier si elle avait vécu, elle aurait eu 82 ans mais le Southern Comfort  et la drogue lui feront rejoindre le triste club des 27 qui comprend à ce jour quarante trois noms. Entouré de treize musiciens dont Mike Bloomfield connu pour avoir joué dans le  The Paul Butterfield Blues Band et avec Bob Dylan, elle enregistre en à peine dix jours ”I Got Dem Ol' Kozmic Blues Again Mama!“. il sortira un mois après la triste prestation à Woodstock.  ”Try (Just a Little Bit Harder)“ : on débute avec du rythmé et une grosse section cuivre ou Janis s’arrache carrément les cordes vocales. ”Maybe“ : un superbe blues lent. ”One a Good Man“ : un blues électrique où la guitare l’emporte sur les cuivres absents de ce titre écrit de A à Z par Pearl. ”As Good As You've Been to This World“ : tout comme dans ”Try (Just a Little Bit Harder)“, beaucoup de rythme, beaucoup de cuivres et Janis qui ne donne pas sa part au chien. ”To Love Somebody“ une reprise des Bee Gees, une chanson d'inspiration soul écrite à la base pour Otis Reading. Avant de pouvoir enregistrer la chanson, Otis Reading mourra dans un accident d’avion.

”Kozmic Blues“ La pépite, le ”summertime“ de cet album. Des paroles écrites par elle :” Et bien, j'ai plus de vingt-cinq ans à présent, Et je ne peux plus t'aider comme je l'ai fais“, ”Je l'userai de mieux en mieux jusqu'au jour de ma mort“. ”Little Girl Blue“ : encore un blues tout en douceur de Lorenz Hart écrit en 1935 et qui sera repris une multitude de fois. Mais  les paroles de cette version ont été réarrangées. ”Work Me, Lord“ un blues de Nick Gravelite connu pour avoir déjà travaillé avec Janis à l’époque du Big Brother and the Holding Company.

Pour son dernier album studio, (”Pearl“ sortira trois mois après sa mort) c’est une page du blues qui se tourne, Janis Joplin rejoint Bessie Smith et autre Billie Holiday au firmament des chanteuses de blues. 

 Nous sommes au Printemps 1968 et, à cette époque, le Chelsea Hôtel était plus célèbre que l’occupant de la chambre 424, Leonard Cohen. Un jour, dans l’ascenseur, il est rejoint par la résidente de la chambre 411, une femme aux cheveux et vêtements sauvages. C’était Janis, c’est un concours de circonstances qui a réunira les deux artistes dans le même lit pour une courte romance. Après le décès tragique de Janis Joplin en 1970 que Leonard Cohen va repenser à cette nuit de 1968. Il avait été particulièrement choqué par sa mort et il commencera à composer sur une serviette de cocktail dans un bar de Miami le plus belle hommage qui lui sera rendu avec ”Chelsea Hôtel  #2“.