Les films de François Ozon se suivent de très près, mais ne se ressemblent pas. Y’a des hauts, des bas, des hauts qui font débat, et des moyens. Là, avec QUAND VIENT L’AUTOMNE, on serait dans les moyens, mais pas déshonorant pour autant, grâce à la présence d’Hélène Vincent, qui illumine le film de sa sensibilité.
Un Ozon que je qualifierai d’un peu paresseux, sur l’écriture comme sur la mise en scène, le sujet aurait mérité qu’on s’y applique davantage, notamment sur l’exposition, un peu longuette et très plan-plan. J'ai compris le principe, illustrer le quotidien organisé, les taches répétées, les petites habitudes ancrées, jusqu'au café de 10h45 pétantes avec la copine. Ainsi découvre-t-on Michelle, dans son village de Bourgogne, une mamie bigote encore alerte (Hélène Vincent, 81 ans!) que Ozon filme à son potager, éplucher ses légumes, cuisiner sa quiche, accompagner en voiture sa copine Marie Claude (Josiane Balasko) à la prison d’Auxerre, on saura pourquoi plus tard. Elle se pomponne avant l’arrivée de sa fille Valérie, récemment divorcée, qui dépose son gamin chez sa mère pour les vacances.
Le point positif, c’est que François Ozon monte son film autour de deux femmes âgées, sans qu’il soit question de maladie, sénilité, bref des personnages normaux, sauf qu’ils sont vieux. On fait quoi de ses journées quand on vit seule, à 80 balais ? C’est assez rare pour être souligné. Et on suit les deux copines en vadrouille, s’interroger sur ce qu’elles ont fait de leurs vies, de leurs enfants. La fille de l’une, Valérie donc, rapiat, susceptible, une vie de merde dans un appart merdique, la faute à qui, à sa mauvaise mère. Le fils de l’autre, Vincent, trentenaire bas du front, incarcéré, qui va sortir de taule, et gagner trois sous en travaillant chez Michelle. Il y avait quelque chose à creuser un peu plus dans ce constat d’échec de ces deux femmes, qui ont tout de même décidé de rebondir et ne pas laisser la vieillesse leur gâcher la vie.
Je n’ai pas trouvé de gestes de cinéma auxquels me raccrocher, même si l’ultime plan est magnifique, cela vient trop tard. La campagne bourguignonne est joliment filmée, belle lumière, quand on connaît le coin, faudrait vraiment le faire exprès pour que ce soit moche. Il y a un manque de tension, de mordant (non, ce n’est pas du Chabrol !) le film est loin d’être aussi vénéneux que les fameux champignons, l’aspect policier arrive trop tard. En plus le gamin Lucas est assez tête à claque, pas très bon, loin du gosse dans ANATOMIE D’UNE CHUTE, Pierre Lottin est trop dans la caricature de son rôle de bad boy qui a tout de même un coeur.
Reste la prestation de Josiane Balasko et Hélène Vincent, cette dernière est d’un grande justesse, une précision de jeu dans ses regards qui d’un coup semblent fuir, s’éclairer différemment.
J'en ai vu une poignée d'Ozon, j'aime pas trop son cinéma centriste, mis à part le réquisitoire "Grâce à Dieu", il me semble assez atypique dans le peu que je connais de sa filmo ...
RépondreSupprimerPareil. "Cinéma centriste", c'est ça. Et puis le type tourne trop. Preuve qu'il n' a rien à dire.
RépondreSupprimerJ'avais assez aimé "8 femmes" à l'époque, "Potiche" aussi, pas mal mais cela ne m'intéresse pas plus que ça.
RépondreSupprimerPour moi, Ozon est le plus grand réalisateur français (avec Jacques Audiard). Il a certes "loupé" certains films ("L'amant double"), mais la plupart, malgré leurs quelques petits défauts, sont des petites pépites. Parmi celles-ci, "Quand vient l'automne", "Mon crime", "Tout s'est bien passé", "Eté 85", "Jeune et jolie", "Grâce à Dieu", "Frantz", "Dans la maison", "Potiche",...S'il est vrai que la réussite de ces films est aussi en partie du à des acteurs(actrices) de premier plan, ses dons de réalisateurs ne peuvent être occultés et les 36 ans de sa carrière peuvent être considérés comme étant le CV le plus accompli d'un réalisateur français actuel, en pleine force de son âge....
RépondreSupprimerJe suis assez d'accord, malgré l'avis de Lester et Shuffle, Ozon en a réussis bien plus qu'il n'en a ratés, il trace un sillon, c'est cohérent, on retrouve les deux ou trois mêmes thèmes mais traités sur des modes différents, plus ou moins "sérieux". Et dans des genres très différents, Mon Crime et Eté 85, par exemple, étaient tous les deux réussis. Maintenant, je ne pense pas qu'il ait un chef d'oeuvre à son actif, pas encore, 8 Femmes se hisse haut sur le podium. Même si j'aime l'expression "cinéma centriste", j'avoue ne pas comprendre à quoi elle se rattache concernant Ozon, dont le thème le plus abordé est la famille dysfonctionnelle, donc le registre de l'intime, dans ce qu'il montre ou suggère des liens, je ne trouve pas ça très centriste !
RépondreSupprimerLe cinéma centriste, c'est les trucs qui s'acharnent à pas faire de vagues genre Philippe de Broca, Yves Robert, Patrice Leconte, les Jabac, Ozon, ...
SupprimerEn musique Peter Gabriel, Dire Straits, les Doobie Brothers, James Taylor, ...
En politique, Hollande, Bayrou, Bertrand, ...
Les trucs tout sympas, tout mous, sans aucune conviction et finalement sans intérêt ...
Je me rappelle avoir lu sur un mag (Première ?) pour aller voir et "vendre" Potiche, ils avaient donné trois bonnes raisons, l'une était "voir Deneuve en survêt rouge faire un jogging" ...quand il reste plus que ça comme argument, tant valait-il qu'ils filent le rôle à Marielle de Sarnez, ça aurait été au moins aussi drôle ...
Tu triches : Hollande, Bayrou et Bertrand, ne sont qu'une et même personne !
SupprimerLa politique française, "50 nuances de droite"...
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