mardi 28 juillet 2020

IGOR STRAVINSKI - L’OISEAU DE FEU (1909-1910) - par Pat Slade



Je suis devant mon écran et ma page Word blanche et je n’ai pas le moindre début d’idée de chronique. Je vais sur la page du blog et je commence à descendre la longue liste de l’index de la musique classique et arrivé à Stravinski et, que vois-je ? Claude n’a jamais commenter «L’oiseau de Feu» ? Ben mince alors ! Une lacune à combler.




Une Histoire complexe où on y laisse des plumes







Igor Stravinsky
«L’oiseau de feu» Encore un morceau que j’ai étudié à l’école. Il faut dire que j’avais une professeure qui savait intéresser les gamins à la musique classique voire contemporaine. Elle était mariée à Guy Miaille un compositeur, organiste et pédagogue a qui je dois l’apprentissage de la flûte à bec. C’est en jouant par cœur ses partitions d’«Entrelac» que la passion pour cet instrument ne me quittera plus. Un instrument  oublié depuis le XVIIIe siècle et remis au goût du jour par lui-même dans l’apprentissage de la musique dans les collèges. Hormis la soprano, j’apprendrais en autodidacte le jeu sur ses petites et grandes sœurs  comme l’alto, la ténor et même la sopranino. Et entre des œuvres comme «La danse macabre» de Camille Saint-Saëns, la «Marche de Rakoczy» (Ou «marche hongroise») de «La damnation de Faust» de Berlioz, «Jeux» de Jacques Ibert ou «Jeux d’enfants» et certaines page de «L’Arlésienne» de Georges Bizet, se glisse une œuvre plus difficile pour des jeunes oreilles avec l’écoute de «L’oiseau de feu» d’Igor Stravinski.

Déjà très célèbre, Stravinski reçoit une commande de Serge de Diaghilev pour écrire un ballet qui sera dansé et joué à l'Opéra de Paris. «L’oiseau de feu» sera le premier grand ballet du musicien qui le rendra aussitôt célèbre. Diaghilev renouvela par la suite régulièrement ses commandes pour Stravinski jusqu’en 1928 avec «Pétrouchka» en 1911 et «Le sacre du printemps» en 1913. Il achèvera l'écriture de son œuvre le 25 juin 1910 et travaillera avec le chorégraphe Michel Fokine pour réaliser le spectacle. Le ballet se divise en deux tableaux qui racontent l'histoire de «L'Oiseau de feu», un conte populaire russe. 

Tamara Karsavina l'oiseau de feu
Un conte qui relate les aventures d'Ivan Tsarévitch un des principaux héros du folklore russe, habituellement un protagoniste, souvent en lutte contre Kochtcheï, une des figures surnaturelles négatives des contes populaires. Un jour Ivan voit un merveilleux oiseau fait d’or et de flammes, il le poursuit pour essayer de l’attraper mais il ne réussira qu’a lui arracher une plume. Sa poursuite l’a mené jusque dans les terres de Kochtcheï. Ce dernier veut s’emparer de lui et le changer en pierre chose qu’il avait déjà fait avec d’autres chevaliers mais ses filles et les treize princesses essayent de sauver Ivan Tsarévitch. Surgit alors l’oiseau de feu qui élimine l'ensorcellement. Le château de Kochtcheï disparaît et les jeunes filles, les princesses et Ivan Tsarévitch délivrés s’emparent des précieuses pommes d’or de son jardin (Qui n’a rien à voir avec le jardin des Hespérides et des douze travaux d’Hercules). Le chorégraphe Michel Fokine étoffera d’avantage le récit avec un happy end ou Ivan et la Princesse se marient et sont couronnés Tsar et Tsarine.

Ecrit pour un orchestre symphonique de très grande dimension. Plusieurs fois le compositeur retouchera la partition pour en extraire des suites ou en faire des arrangements, entre autres pour violon et piano. L'introduction garde sa fonction de résumé de l'histoire, on y trouve des le début des sonorités graves pour instaurer un climat inquiétant. Un instrument est attribué à chaque personnage pour marquer sa présence, Ivan par le cor, tout comme dans les «Tableau d’une exposition» de Moussorgsky où se dernier est évoqué dans la promenade. 

Tamara Karsavina et Michel Fokine
Le jour de sa création en 1910 sous la baguette de Gabriel Pierné, le chorégraphe Michel Fokine tiendra celui d’Ivan et la danseuse russe Tamara Karsavina dans le rôle-titre. Quand Stravinski se rend à Paris pour assister aux dernières répétitions, il est accueilli en triomphe. Le succès de «L’oiseau de feu» est immédiat, Claude Debussy sera le premier à montrer son enthousiasme en allant directement le féliciter. Diaghilev ne tardera pas à commander un second ballet à Stravinski, ce sera «Petrouchka» qui sera crée en 1911 au théâtre du Châtelet avec Pierre Monteux à la tête de l’orchestre et le danseur Vaslav Nijinski.

La discographie : Encore une œuvre ou quand vous tapez dans un arbre des centaines de versions tombent comme des fruits mûrs. Pas toujours le ballet intégral, mais tout au moins les nombreuses suites dérivées. Je donnerais la priorité à celle Valery Gergiev avec l’Orchestre du Kirov chez Philips. Ensuite, surement celle d’Antal Dorati avec l’Orchestre Symphonique de Détroit et aussi une suite par Claudio Abbado avec l’Orchestre Symphonique de Londres chez Deutsche Grammophon. (Mais Claude va surement venir jouer le chien dans un jeu de quilles et interférer dans mes choix !).

  

- Hello Pat c'est le Toon...
- Justement, je pensais à toi, tu vas chipoter sur ma discographie ?
- Oh c'est pas mon genre ; elle est bien cette sélection... Quelques précisions. Antal Dorati a enregistré deux fois ce ballet. Tu cites la seconde mouture pour DECCA avec l'orchestre de Détroit au début du numérique en 1982. Une interprétation raffinée plus sage que celle réalisée avec le Symphonique de Londres Chez Mercury à l'aube de la stéréo (superlative) aux accents diaboliques ; deux réussites. Gergiev au kirov est un must récent bien entendu. Abbado n'a jamais enregistré le ballet intégral à ma connaissance. Son interprétation de la suite, élégante, couplée avec le trop délaissé "jeu de cartes" est excellente.
Ces disques sont difficiles à trouver hormis celui de Gergiev. Pierre Boulez avait signé d'excellents opus pour CBS dans les années 70. Dans les années 99, il a gravé un somptueux ballet avec le puissant et coloré Symphonique de Chicago réédité à prix bas...


«L’oiseau de feu», une œuvre lyrique et puissante avec du caractère (Comme celle de son compositeur), qui peut être accessible aux mélomanes peu coutumier à la musique du XXe siècle. 
Un concert en Live avec la Philharmonie de Vienne dirigée par Valery Gergiev (la partition du ballet intégral mais révisée en 1919) puis une vidéo du compositeur de 1965 montrant qu'il ne fallait pas dépasser la partition d'une double croche, sinon...!

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