SCARAMOUCHE
serait le plus beau film de cape et d’épée jamais réalisé. Rien que ça. En y
regardant d’un peu plus près, effectivement…
La même année, le même acteur Stewart Granger** tournait LE PRISONNIER DE ZENDA (Richard Thorpe) qui n’est pas mal non plus. Et puis du même réalisateur George Sidney, quatre ans plus tôt, il y avait eu LES TROIS MOUSQUETAIRES. Le film avait cartonné. La bonne idée avait été de confier cette adaptation d’Alexandre Dumas au réalisateur George Sidney, jusque-là aimable tâcheron spécialisé dans la comédie musicale, car son d’Artagnan était interprété par Gene Kelly, qui y chorégraphiait les combats. La meilleure version cinématographique du roman. Du jour au lendemain Sidney se voit coiffé de la casquette de réalisateur d’aventures, et la MGM met à son service toute son armada de techniciens, décorateurs, directeurs artistiques, dialoguistes, pour produire, donc, le plus grand film de cape et d’épée de tous les temps.
La même année, le même acteur Stewart Granger** tournait LE PRISONNIER DE ZENDA (Richard Thorpe) qui n’est pas mal non plus. Et puis du même réalisateur George Sidney, quatre ans plus tôt, il y avait eu LES TROIS MOUSQUETAIRES. Le film avait cartonné. La bonne idée avait été de confier cette adaptation d’Alexandre Dumas au réalisateur George Sidney, jusque-là aimable tâcheron spécialisé dans la comédie musicale, car son d’Artagnan était interprété par Gene Kelly, qui y chorégraphiait les combats. La meilleure version cinématographique du roman. Du jour au lendemain Sidney se voit coiffé de la casquette de réalisateur d’aventures, et la MGM met à son service toute son armada de techniciens, décorateurs, directeurs artistiques, dialoguistes, pour produire, donc, le plus grand film de cape et d’épée de tous les temps.
Il y a bien un record battu dans SCARAMOUCHE : le duel final. Le plus
long jamais tourné : 6 minutes et 25 secondes, 115 plans, où Stewart
Granger et Mel Ferrer ferraillent comme des diables dans le théâtre du château de
Versailles : de la scène au balcon, en équilibre au-dessus des spectateurs
médusés, puis dans les couloirs, les escaliers, dans la salle puis dans les
coulisses. Ce morceau de bravoure ne doit pourtant pas occulter les autres
qualités du film. Et en premier lieu, son scénario.
SCARAMOUCHE
ressemble à une bluette mais son intrigue est beaucoup plus
complexe et riche qu’on ne le pense. Le film s’ouvre avec le méchant : le
marquis Noël de Maynes, joué par le distingué Mel Ferrer, aussi danseur, la
démarche féline. Odieux personnage, la meilleure lame du pays, à qui Marie
Antoinette confie la mission d’éliminer l’auteur de pamphlets politiques qui
agit sous le pseudo de Marcus Brutus. Qui s’appelle en réalité Philippe de
Valmorin. Ce dernier se planque, aidé par son ami André Moreau***. Un malheureux
hasard fait se croiser Valmorin et de Maynes, qui le provoque en duel et le
tue. Moreau hurle au meurtre, et c’en est un, au sens où de Maynes est bien meilleur
escrimeur, et provoque volontairement ses futures victimes. Il est aussi
député, c’est ainsi qu’il se débarrasse de ses adversaires politiques, « rendez-vous
demain à 6 heures derrière l’église, vous me rendrez raison… ». Un pur
salaud j’vous dis. André Moreau jure de se venger…
Ce
n’est que le premier degré, car il y a aussi deux personnages féminins. Aline
de Gavrillac qui est promise à de Maynes mais qui succombera aux charmes d’André
Moreau. Qui pense qu’elle est sa sœur alors que non… Ce qui rend jaloux Léonore,
une actrice fiancée à Moreau. Et Scaramouche ? C’est un personnage et
acteur de la comedia del arte, qui joue masqué pour cacher sa laideur. André
Moreau va intégrer clandestinement cette troupe de théâtre, reprendre le rôle
de Scaramouche, une couverture qui va lui servir à planifier sa vengeance.
La
MGM a mis les petits plats dans les grands. Tout est somptueux dans ce film. La
première chevauchée filmée à toutes allures en voiture travelling dans la
campagne brumeuse, la rencontre d’Aline de Gavrillac et Moreau, elle, lumineuse
en robe mauve à frou-frou assise au pied d’un arbre alors que sa voiture est
embourbée, lui au charme ravageur faisant mine de lui lire les lignes de la
main. Aline est jouée par la divine Janet Leigh (célèbre pour une douche fatale
dans PSYCHOSE). Elle irradie de beauté, un peu nunuche au départ, mais son
personnage s’épaissit, c’est elle qui va trouver les moyens d’éloigner de
Maynes de l’Assemblée Nationale l’empêchant de décimer les députés du Tiers-Etat.
SCARAMOUCHE
n’est pas une œuvre d’auteur (George Sidney n’était qu’un bon technicien) mais
un divertissement de luxe comme Hollywood savait en trousser. Le bon dosage d’aventure,
de romance, de drame et de comédie. Comédie, les relations tendues
entre André et Léonore en témoignent, jusqu’à cette scène de ménage à coup de casseroles,
puis les scènes de représentations au théâtre, les gags de la pantomime.
Léonore est jouée par Eleanor Parker (une petite bombe qui a remplacé Ava Gardner prévue pour le rôle) toute en
chevelure rousse flamboyante, à la Rita Hayworth. Petit détail, c’est en
embrassant Scaramouche sur scène qu’elle reconnait André sous le masque. Quelle
riche idée que ces deux personnages féminins, la douceur de l’une, le tempérament
volcanique de l’autre, mais chacune bien déterminée à ne pas jouer les potiches.
Le
film joue du début à la fin sur les faux semblants, identités secrètes, écrivains
clandestins, déguisements, masques, tours de passe-passe (la trappe secrète sur
la scène de théâtre) c’est en cela que le scénario est plein de richesses. Le
marquis de Maynes est un homme charmant, affable, dévoué aux yeux d’Aline de
Graville, mais un assassin hautain pour André Moreau. Lorsque de Maynes tombe
sur le pamphlet intitulé Liberté, Egalité, Fraternité, il dit : « Egalité ?
Ceux qui naissent dans le ruisseau méritent d’y rester », « Fraternité ?
je suis le marquis de Maynes, je ne suis pas votre frère ».
Qui
dit cape et épée, dit duel. Il y en a quatre dans le film. Par rapport aux
films contemporains où les scènes d’action sont filmées très proches,
multi-angles, ce qui permet de ne pas fatiguer l’acteur qui joue par petits
morceaux et peut être doublé sans que cela ne se voie, SCARAMOUCHE privilégie
au contraire les plans généraux. Ce que l’on voit à l’écran est réellement ce
qui s’est joué en plateau, comme c’est le cas des comédies musicales. George Sidney
adopte la même méthode. Il place souvent sa caméra en contre plongée, ça
impressionne toujours, donne de l’espace, on voit les plafonds hauts richement
ornés, on profite des décors chatoyants.
Idée
géniale du scénario : s’il veut combattre de Maynes, André Moreau doit se perfectionner
au combat. Il choisit comme maitre d’armes Doutreval, le professeur du marquis
de Naynes. Quand celui-ci ne peut plus assurer les cours, Moreau lui demande le
nom de celui qui l’a formé : « Quoi de plus concevable dans ce monde
de fou que d’apprendre avec l’homme qui a appris à l’homme qui apprend à mon
ennemi ».
SCARAMOUCHE
est aussi l’histoire de France revue par Hollywood. On se pince pour y croire. S’il
y a une Marie Antoinette, on ne voit pas de Louis XVI ni aucun personnages
réels de l’époque, même pas mentionnés. Par
rapport au roman, les évènements historiques sont gommés, la Révolution en
marche n’est qu’un prétexte (les pamphlets Liberté, Egalité, Fraternité de
Marcus Brutus) et cela culmine avec le dernier plan où on aperçoit furtivement le
nouvel amant de Léonore : Napoléon. Mais l’image classique du Napoléon
empereur, alors que Marie Antoinette est encore reine de France !
Le rythme échevelé de l’intrigue et les multiples rebondissements
font de SCARAMOUCHE un
classique étincelant. On ne s’y ennuie jamais. Ce n’est jamais niais. Jusque
deux minutes avant la fin, il s’y passe encore des trucs, des surprises, dont
cette question : pourquoi André Moreau épargne-t-il son ennemi juré,
pourtant à portée de fleuret ? Un indice, les producteurs avaient un temps
imaginé faire jouer Moreau et de Maynes par le même acteur. La
dernière séquence tournée n’a finalement pas été incluse au montage : de
Maynes lynché par la foule. Jugée trop dramatique, le film se clôt sur le ton
de la comédie, avec le gag du bouquet de fleur, artifice théâtral intemporel.
Alors,
le plus beau film de cape et d’épée du monde de l’univers ? Reste à
connaitre les autres prétendants au titre. Ah bah zut, y'en a pas.
couleur - 1h55 - format 1:1.37
** Selon l'aveu de ma mère, Stewart Granger correspondait à l'homme idéal, elle m'a avoué avoir eu un faible pour ce beau brun ténébreux. Le gars avait, il est vrai, une certaine prestance.
*** Les noms des personnages et des lieux sont prononcés par les acteurs américains avec l’accent français, histoire de donner dans le pittoresque, c’est juste un régal ! Andwé Morôôôw…
*** Les noms des personnages et des lieux sont prononcés par les acteurs américains avec l’accent français, histoire de donner dans le pittoresque, c’est juste un régal ! Andwé Morôôôw…
On peut voir les mêmes falzars dans le Roméo & Juliette de Zeffirelli (un must soit dit en passant).
RépondreSupprimerAllez, quelques indices pour vendredi prochain?...
Je dirais... 1) Hollywood se regarde le nombril 2) Des acteurs du muet qui parlent 3) Une voix-off venue d'outre-tombe (fastoche...)
RépondreSupprimerAh...y'a Johnny Depp dedans?
RépondreSupprimerNon, pas Johnny Depp. Etait-il né d'ailleurs ? Après vérification, non.
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