mardi 23 juin 2020

LES CHATS AIMENT LA MUSIQUE par Pat Slade




En France, la population féline est plus importante que la canine. Plus de huit millions de foyer possèdent un chat contre six pour les chiens, et les compositeurs "classiques" vont bien la lui rendre.




Le chat et la musique, félin pour l’autre






Maurice Ravel et son chat
Le bestiaire dans la musique classique est bien représenté, pratiquement toutes les catégories et races d’animaux de l’arche de Noé (Hormis les licornes) ont trouvé leurs places sur une partition. De l’abeille à la pintade et de la coccinelle à la vache, ils ont su inspirer les plus grands de toutes les époques, Couperin, Poulenc, Ravel, Bach, Schubert, Milhaud pour ne citer que cela, car la liste est longue. Mais certaines catégories de nos amis les animaux ont su tirer plus avantageusement leurs épingles du jeu que d’autres. Les rossignols avec trente cinq œuvres différentes prennent la première place dans cette classification du règne animal, devant les oiseaux en général (Après, il y a les différentes espèces comme les cygnes, les alouettes, canards, hiboux et autre poules et perroquets). Les ailes et les plumes l’emportent sur les pattes et les poils.

Le chat et le chien, les ennemis antagonistes depuis que le monde est monde inspireront nombres d’écrivains, de peintres, de chanteurs et de compositeurs. Mais le greffier, le matou, le raminagrobis vont écraser le cabot, le clebs, le clébard. Le pauvre toutou va devoir se contenter d’une gamelle avec trois œuvres, une petite valse de Chopin, une promenade de Gershwin et un opéra (quand même !) du tchèque Karel Kovařovic, alors que Bastet le Dieu égyptien des chats et Euterpe la muse de la musique ne feront pas faire maigre pitance aux minous.

Pour commencer le sujet, ce sera Chopin qui trouva que la «Valse Du Petit Chien opus 64» manquait un peu de panache et écrira la «Grande Valse Brillante en fa majeur, op. 34» appelé Valse du chat. Déjà, à l'époque  baroque, le mistigri sautait sur les portées, le violoniste et compositeur italien Carlo Farina écrira en 1627 «Capriccio Stravagante, «Il Gatto» avec des violons imitant les miaulements.
Mozart aussi fera une petite bluette sans prétention un an avant sa mort «Duo de Chats» ou en allemand «Nun Liebes Weibchen» que l’on peut traduire par «Eh bien chère femme». Gabriel Fauré sera plus discret avec la «Suite Dolly opus 56» un ensemble de six pièces pour piano à quatre mains dont l’une s’appelle simplement «Mi-a-ou».

Igor Stravinsky
Les auteurs de XXe siècle ont été très prolifiques et inspirés par le grippeminaud, Maurice Ravel dans «L’enfant et les Sortilèges» et son chant «La Chatte». Igor Stravinsky écrira un cycle de quatre chants pour voix et trois clarinettes les «Berceuses Du Chat». En 1956 Darius Milhaud dans «La Muse Ménagère» une suite de quinze chants pour piano et voix où le chat viendra aussi traîner ses moustaches. Même s'il fréquentait le cabaret montmartrois du Chat Noir, Eric Satie ne l’oubliera pas dans ses délires musicaux. En 1923 il écrira «Les Ludions» une suite de chansons pour voix et piano dans laquelle on trouvera en vrac : un rat, une grenouille, un poète et la «Chanson Du Chat». L’organiste et compositeur Gabriel Pierné toujours en voix piano écrira «Trois Petits Chats Perdus» qu’il n’a jamais du retrouver, puisqu’il écrira aussi «Les Petits Lapins» et «Les Trois Petits Oiseaux». Serge Prokofiev fera «Le Pas De Chat» dans son ballet «Cendrillon», faire un pas de chat pour des petits rats, c’est soit tordu, soit pervers. Jacques Offenbach de son coté écrira  un opéra-comique en un acte «La Chatte Métamorphosée En Femme». A ne pas confondre avec la fable de Jean De La Fontaine qui porte le même nom. 


Henri Sauguet compositeur français reconnu écrira en 1938, toujours en piano voix «Le Chat» sur un poème de Charles Baudelaire tiré de son recueil «Les Fleurs Du Mal». Un autre compositeur français moins connu de certain, Manuel Rosenthal fera une chanson avec orchestre «Le Petit Chat Est Mort», mais cela n’a rien à voir avec la phrase que Agnès prononce dans «L’Ecole Des Femmes» de Molière». Piotr Illitch Tchaïkovsky aussi ce frottera au greffier dans son ballet «La Belle Au Bois Dormant» avec une danse : «La Chatte Blanche et du Chat Botté».


Domenico Scarlatti  sera inspiré par son propre chat dans «La Fugue Du chat» ou Fugue en sol mineur L 499. La légende veut que Scarlatti avait un chat domestique appelé Pulcinella (Polichinelle en français), décrit par le compositeur comme aimant marcher sur le clavier du clavecin, le compositeur étant toujours curieux des sons qu'il en tirait. Toujours selon la légende, Scarlatti nota une phrase musicale issue de l'une de ces séances d'improvisation et l'utilisa comme thème de la fugue. Et pour en rajouter une couche, Igor Stravinsky écrira un ballet en 1919 «Pulcinella»… mais la comparaison avec Scarlatti s’arrête la, donc la parenthèse n’avait pas besoin d’être ouverte ! 

J’ai presque écouté toutes les œuvres sur ces animaux qui considèrent que tu habites chez eux et non l’inverse et je finirais par le chant le plus connu, le «Duetto buffo di due gatti» le duo des chats attribué à Gioachino Rossini et qui en réalité serait du compositeur anglais Robert Lucas de Pearsall compositeur du XVIIe siècle. Une chanson d’humour et d’amour entre deux chats. Les paroles consistent uniquement dans la répétition de l'onomatopée miaou reproduisant le miaulement du chat.

Une chronique où il n’y a pas un chat ? Je pense avoir prouvé le contraire, alors que la souris, elle, n’a inspiré personne. Il y a un souriceau «Un Souriceau Stupide» une musique pour un dessin animé pour huit chanteurs solistes et petit orchestre de Dimitri Chostakovitch. Mais à bon chat, bon rat et ce dernier aussi n'est  pas bien loti avec seulement une œuvre, et en plus le chat prendra la première place dans le titre «Danse du Chat et du Renard & Danse de Shushera le Rat» du compositeur russe Mieczysław Weinberg.


Contrairement à la croyance, les boyaux de chat n'ont jamais été utilisés dans la fabrication des cordes de violons. Ce sont des boyaux de moutons (une partie de leur intestin) qui sont utilisés.
Le chat ne réagit qu’aux Rat-psodies ou aux chat-connes de Bach quand il ne danse pas le chat-chat-chat à Chat-renton… mais je m’égard !
Il est tard, la nuit tous les chats sont gris et je pense comme le père de l'anthropologie française Marcel Mauss : Le chat est le seul animal qui soit arrivé à domestiquer l'homme.




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