Nous avons tous au moins un, si ce n’est plus, film culte. Pour
ma part c’est un film de 1961 qui parle de la guerre, mais qui n’est pas
guerrier.
HUIS-CLOS DANS LE DÉSERT
Dois-je
raconter le synopsis de ce film ? Ce n’est pas une histoire des G7 ou d’Uber,
pratiquement tous le monde connait ce classique de Denis
De La Patellière et a surtout entendu les dialogues savoureux de Michel
Audiard.
Ce film est basé
sur une histoire vraie vécue par deux soldats allemands et danois ennemis s’associant pour survivre en 1943 au cœur du Groenland où ils
s’étaient égarés, mais d’autre versions existent. Un commando de quatre hommes
perdus dans le désert en Libye qui au gré de leurs pérégrinations vont
rencontrer un officier allemand.
«Un Taxi pour Tobrouk» est avant tout un film de scénariste et de dialoguiste, il doit sa postérité à Michel Audiard. Une manière de raconter une parenthèse en temps de guerre et le dialogue s’accapare la réalisation. En 1942, Tobrouk fût le théâtre de nombreuses batailles et ces quatre soldats français et leur prisonnier allemand vont
découvrir le sens du mot solidarité. Un film antimilitariste...
Et en
adaptant le roman de René Havard, Denis De La Patellière évite tous
les clichés anti-Allemands. Les mots d’Audiard entre
l’argot et les injures de Lino Ventura et de German Cobos et le ton professoral de Maurice Biraud et de Charles
Aznavour (les deux brutes et les
deux intellos) vont créer un contraste. «Quand on est cintré
comme toi, on porte un écriteau, on prévient» (Ventura),
«Je crois docteur que l’homme de Neandertal est en
train de nous le mettre dans l’os, deux intellectuels assis vont moins loin qu'une brute qui marche»
(Biraud), «J'aime
pas penser à reculons. Je laisse ça aux lopes et aux écrevisses» (Ventura),
Un allemand qui se révèle mieux parler
français que les Français eux-mêmes «Mais tu cause
français ma salope !» (Cobos), «Je ne le cause pas, je le parle» (Krüger)… et tout le long
du film, de petites phrases savoureuses comme Michel
Audiard savait en tricoter.
Un film qui ne sera pas tourné en Afrique du Nord, nous sommes en 1961 et le conflit en Algérie faisait rage, ni au Maroc indépendant depuis 1956. Denys de la Patellière va se délocalisé au sud-est de l’Espagne, dans une région désertique proche d’Almeria, lieu qui deviendra le royaume du western spaghetti et où David Lean posera ses caméras l’année suivante pour «Lawrence d’Arabie».
Michel
Audiard qui a souffert sous l’Occupation, n’a pas cherché à flatter
le peuple français : en évoquant le père de François Gensac (Maurice Biraud),
il effleure le sujet sensible de la collaboration et de Vichy. Il prend aussi soin d’éviter d’utiliser le mot
"nazi", préférant des
termes plus joviaux comme "Fritz"
ou "Bismarck". Ce
huit clos dans le désert ressemblerait presque à une cour d’école ou chacun des
protagonistes cherche à dominer l’autre, surtout lorsque l’Allemand réussit à
reprendre le pouvoir un cour instant. La séquence se clôt sur un
pique-nique cordial dans le désert au cours duquel les protagonistes
plaisantent tout en s’interrogeant sur leur présence dans ce conflit.
Une leçon antimilitariste, pacifiste,
l’esprit de camaraderie propre à l’armée en mêlant le drame à la comédie
avec son lot de scènes symboliques comme le médecin juif soignant la main du
capitaine allemand. Et puis le thème musical du film resté célèbre composé par Georges Gavarentz et Charles Aznavour «La marche des Anges».
Le dernier des acteurs encore en vie de cette histoire est Hardy Krüger
qui fêtera ses 92 ans. Lui aussi fut engagé pendant la seconde guerre mondial,
il fut condamné à mort pour lâcheté après avoir refusé d’exécuter des prisonniers
américains noirs.
«Un Taxi pour Tobrouk» Un
classique du cinéma typique des années 60 qui se classera quatrième du
box-office et réunira 4.946.000 spectateurs.
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