lundi 4 mars 2019

SALT de Phillip Noyce (2010) – par Claude Toon




Mike et Evelyn
AH NON !! Quelle horreur ! Angelina Jolie écartelée sur le ciment par des cordes, comme Ravaillac, en haillon, grelotante, ensanglantée, un tuyau en caoutchouc + entonnoir dans la bouche et un vicieux et sadique coréen du nord qui verse la flotte…
Pardon ? Oui, on pense à un remake du supplice enduré par Pierce Brosnan dans un épisode de la série James Bond de 2002, Meurs un autre jour ("comme si on avait le choix"), James Bond fait prisonnier de la junte nord-coréenne et qui déguste un max ; nous, dans le film, on déguste la sculpturale Halle Berry simplement vêtue d'un ravissant bikini orange ou d'une très moulante combinaison de cuir bordeaux. Quoi Maggy ? Non je travaille sur une analyse musicologique… T'inquiète…
Et quant à copier les scénarios, continuons sur le même registre. Ainsi comme notre James, on échange Angelina (alias Evelyn Salt agent de la CIA) à la frontière entre les deux Corée contre un agent de Kim Jong-il. Pauvre Evelyn, tuméfiée, pâlichonne, elle tient à peine debout, soutenue par son patron, Ted Winter (Liev Schreiber).

Ted Winter, Peabody et Evelyn Salt
Salt est une série B d'espionnage dans la pure tradition des James Bond, Jason Bourne ou Mission Impossible. À propos de MI (épisodes 1 à 6), Tom Cruise devait incarner le personnage principal de Salt. La production a laissé tomber les mâles musclés et machos au bénéfice d'une espionne sexy et intrépide, ça change. Angelina Jolie, une actrice que j'aime bien, d'autant plus que je me fiche totalement des avatars de sa vie privée qui font les choux gras de la presse people, (la fille d'un mauvais père (John Voight) même si excellent acteur - Macadam CowboyClic), est une comédienne qui ne recule jamais face à des rôles "physiques". On l'a vue en héroïne de Tomb Rider, des nanars à gros budgets mais aux charmes sympas grâce à des effets spéciaux léchés et à la dimension occulte des scénarios dérivés d'un jeu vidéo, scénarios, il est vrai, épais comme du papier à cigarette… Mais bon, ça distrait.
Et puis l'actrice a montré des talents certains dans plusieurs films plus ambitieux comme l'échange de Clint Eastwood, un rôle de mère courage cherchant à retrouver son vrai fils disparu puis retrouvé, sauf que ce n'est semble-t-il pas le bon gamin, un combat contre la corruption et le sexisme dans les années de la prohibition aux USA. Un rôle magnifique et un Oscar à la clé…

Evelyn reprend sa vie d'agent, mais en plus paperasse, et coule le parfait amour auprès de Mike Krause (August Diehl) un jeune arachnologue allemand qui a remué ciel et terre pour obliger la CIA à la faire libérer des griffes des bourreaux de Pyongyang. Elle arbore une magnifique chevelure blonde, inhabituelle chez l'actrice. Revenons aux relations américano-russes.

Complot ou espionnage ?
Deux années ont passé après l'enfer en Corée du nord. Un matin, Evelyn est convoquée à l'agence pour interroger un soi-disant transfuge de l'Est. Le type du nom d'Orlov (comme cet infâme rôti de veau farci au bacon et au fromage, écœurant de graillon) prétend mourir d'un cancer et n'avoir plus rien à perdre. Evelyn parle le russe à la perfection car elle a vécu en Russie étant gamine. L'espion explique que le président russe doit être assassiné lors des funérailles du Vice-Président US par un agent double KA-12. Il balance fort, car ajoute que ce matricule n'est autre que celui d'Evelyn Salt. Waouh, ça jette un froid dans le service sauf pour Ted Winter qui a toute confiance en son agent à l'opposé de l'agent du contre-espionnage Peabody (Chiwetel Ejiofor)… Tout se précipite : pour vérification, Evelyn est mise aux arrêts. Orlov (Daniel Olbrychski) tue ses gardiens dans l'ascenseur (sacré pèche l'agonisant). Evelyn, inquiète pour la vie de Mike, essaye en vain de l'appeler sous surveillance. Connaissant les risques encourus par son gentil scientifique de mari, elle défonce la baraque et prend la fuite en voiture, en moto, sur le toit des camions, des trains… etc. Sacrément entraînée la poulette.
Le film est une longue course-poursuite qui pourrait devenir lassante si le cinéaste ne jouait pas à "qui est qui" et au service de "qui ou quoi" ? On apprendra rapidement qu'Orlov est un déçu du stalinisme qui a formé secrètement des agents infiltrés aux USA. Et quand je dis formés : des gosses endoctrinés dès l'enfance, parlant le yankee avant le russe, pouvant casser les bras de six gorilles, même en talon aiguille pour les filles, et plus grave, se préparer à déclencher une guerre nucléaire en piratant les commandes des missiles et en manipulant le Président américain. Tout ça pour redonner à la Russie un impérialisme absolu.
Qui est Evelyn ? Une épouse éperdue, on pourra rapidement en douter. Une des créatures d'Orlov ? Patriote vs ennemi ? Allez savoir… Non je ne parlerai pas même avec un entonnoir dans le gosier, sauf si c'est du whisky Single Malt, mais là je ne garantis pas la pertinence de mes aveux 😁 ! Nous allons suivre Evelyn dans un démentiel parcours de Washington à New-York, d'une cathédrale de la grande pomme à la Maison Blanche en passant par les quais crasseux du Potomac…
- Dites M'sieur Claude, vous parlez d'une Evelyn blonde, ce que la Bande-annonce confirme, mais sur l'affiche elle a retrouvé sa crinière de geai ?
- Tss Tss, Bien observé Sonia, mais je ne dirai rien… Vous vous en doutez, une fuyarde poursuivie par une armée de flics et de tueurs doit changer de look…

Certes un film assez classique d'espionnage en forme de thriller survolté. La psychologie simpliste des protagonistes est compensée par un scénario à chausse-trappes riche en rebondissements. Un excès de bastons cependant et de poursuites avec tous les moyens de transports disponibles. Evelyn est vraiment casse-cou ! L'actrice assure la plupart des combats et ne fait pas la fine bouche question épitaxie et hématomes, mais pas une entorse ou une côte fêlée, elle est robuste Evelyn… Les cascades sont bien réalisées, on n'y voit que du feu lors des raccords entre pirouettes des professionnel(e)s et celles d'Angelina Jolie alors que certaines prouesses sont surréalistes et même carrément impossibles ! Sauter d'un hélicoptère qui vole à 200 km/h dans le Potomac d'une hauteur de 30 m, c'est la mort assurée, une Evelyn disloquée façon puzzle dirait Audiard.
Bien entendu, une aventure de trois jours sans manger, boire ou dormir ; pas le temps. Désolé Rockin', aucune scène torride avec la jolie Jolie. Exclusivement pour amateur de films d'action et d'espionnage. Une caméra et un montage hyperactifs mais pas frénétiques jusqu'à l'absurde comme la mode hollywoodienne l'impose trop souvent.

Format : Couleur • 2.35:1 • 35mm - 1H40



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