- Mais M'sieur Claude ? Vous
nous proposez la suite de Sœurs de Bernard Minier ou quoi ? Il y a un serpent
vindicatif sur la jaquette…
- Ah vous avez déjà lu
Sœurs et noté qu'une victime meurt mordue par une armée d'ophidiens parmi les plus
venimeux. À vrai dire je m'interroge sur cette jaquette…
- Ah bon pourquoi ? Cela
dit, j'ai bien vu qu'il s'agit d'un ouvrage des duettistes américains Preston
et Child déjà connus du blog… Pas de Minier, hi hi…
- Je ne crois pas que le
mot serpent soit utilisé une seule fois dans ce thriller ! Il y est plutôt question
de têtes coupées, pas très accrocheur dans un présentoir…
- Oui, en effet, beurk…
L'inspecteur Pendergast est de retour dirait-on. Une histoire avec une
dimension fantastique ou de science-fiction là encore ?
- Non, un polar classique
assez glaçant, et des meurtres pour le moins énigmatiques… Et le pauvre
Pendergast a des peines de cœurs…
Lincoln Child et Douglas Preston |
Revenons
à ce thriller du duo Douglas Preston
et Lincoln Child qui, bon an mal an, nous
propose un roman écrit à quatre mains chaque année. On va retrouver dans cet
opus l'inénarrable inspecteur du FBI Aloysius
Pendergast, le lieutenant Vincent
d'Agosta et, presque en figuration, son épouse et collègue Laura Hayward. Une équipe bien rôdée
depuis une vingtaine d'années à travers des aventures et enquêtes dans
lesquelles, comme le rappelle Sonia, le fantastique est souvent présent à
petites touches. Les auteurs ont écrit d'autres romans sans ces personnages
récurrents comme Ice Limit. Ils écrivent
également chacun de leur côté des ouvrages aventureux et même des documents. On
trouve plein d'infos sur le net ou dans le blog (Clic).
Et
oui, il va prêter main forte à l'enquête, le franc-tireur du FBI Aloysius Pendergast, le grand type mince, dandy richissime et classieux,
cheveux blond platinés. Un gars au sourire avare qui roule dans une Rolls de
1951 y compris en mode 4x4, spécialiste des arts martiaux et autres techniques
de méditation orientales. Mais dans cet opus, il a une petite mine, le teint
livide, couve une asthénie, quasi mutique à propos de ses déductions et
hypothèses. Il tape même sur les nerfs de son ami d'Agosta. Ben oui, pour ceux qui ont lu les épisodes précédents
(pas indispensable), il déprime depuis le départ pour le Tibet de sa jeune
pupille de 150 ans, Constance Green,
nouvellement maman et recluse dans un monastère Tibétain pour élever son fils
de 4 ans. (Heu oui pardon, pour comprendre jeune vs 150 ans, lire Le Cabinet des curiosités). Mon Dieu, le
taciturne Pendergast serait-il
amoureux ?
Encore un cornichon mafieux au mauvais endroit et au mauvais moment... |
Un
meurtre dans la "Haute société" échappe toujours à la routine. Anton Ozmian, informaticien de son
état, a fait fortune et construit un empire du numérique en pillant les idées
des autres et en rachetant les entreprises après les avoir acculées à la
faillite. Charmante famille ! Un type imbu de lui-même qui exige une
arrestation immédiate. Le maire s'en mêle, comme d'hab'. Mais ça se corse…
Les
auteurs nous font partager en live le meurtre et la décapitation d'un avocat de
la mafia vivant dans un bunker, ceux d'un oligarque russe qui traficote des armes avec
la Corée du Nord et de quelques autres personnages fortunés à la déontologie
inexistante. Un point commun, les corps sont retrouvés dans des pièces ultra
protégées et closes. Le Mystère de la
chambre jaune
à l'heure du tout sécuritaire. Impossible d'établir un profil de tueur en série
classique.
Un
journaliste ambitieux et sans scrupule, Bryce
Harriman, en mal de célébrité, émet une hypothèse qui fait la une : le
tueur aux têtes coupées ne serait-il pas un Robin des bois ou un Batman
qui s'en prend aux parvenus les plus corrompus de la ville. Ô il ne vole rien,
à part la vie et le chef des victimes. 1% de New-York panique, celui des
multimillionnaires, les anciens potes de Madoff ou ceux de Trump. Les jets privés font la
noria pour que ces braves gens aillent se mettre au vert. Les 99% restant se
marrent… Les auteurs font défiler des suspects crétins, des apprentis
justiciers qui parlent d'un envoyé de Dieu ou du Diable, c'est selon. Portait au
vitriol d'une société du capitalisme sauvage devenu barbare.
Les
flics piétinent, même Aloysius
Pendergast qui pourtant finira par comprendre, à retardement ; c'est ça
quand on stresse pour des peines de cœur… Le roman pourra paraître long et
répétitif dans ses effets. Un final digne des chasses
du comte Zaroff amènera quand même un peu d'action à ce roman
qui pourra être lu sur la plage cet été. Pas le chef-d'œuvre des deux compères
mais moins de 500 pages seulement…
Archipel - 374 pages.
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