Kenny & Sylvie, à Anvers |
Tout
commence dans une ambiance de drame familial sur fond de misère sociale :
avec la sortie de prison de Kenny après 4 ans passés derrière les barreaux
suite à un braquage en compagnie de son frangin (Dave, joué par Jeroen
Perceval), un Kenny dont on devine vite tout le potentiel de violence et
de rage (joué par l’inquiétant Kevin Janssens, une vraie
"gueule", vu également dans "Tueurs" ou "Revenge"
de Coralie Fargeat).
Derrière
l'amour fraternel (il n'a pas dénoncé son frère, et celui-ci est venu le
visiter toutes les semaines) on comprend vite qu'il va y avoir un lézard
puisque Dave s'est maqué entre temps avec Sylvie, la nana du Kenny, et
qu'ils ont tous les 2 décroché (de la came pour elle, de la bibine et des
plans foireux pour lui), elle est même enceinte et ils rêvent d'un petit
pavillon et de tranquillité "je rêve d'une vie banale"
dit -elle. Un beau personnage et une belle composition de Veerle
Baetens ("Alabama Monroe""Des nouvelles de la
planète Mars"), fragile et forte à la fois, voire la scène du groupe
de paroles devant lequel elle raconte son combat contre la drogue. Mais le
retour du frangin va briser ces beaux projets, d'autant que craignant - à juste
titre - sa réaction, les tourtereaux décident de lui cacher la chose. Mais il
n'est pas né de la dernière pluie et flaire vite le pot aux roses....Dès lors
on se dit que tout ça va très très mal se terminer.
Dans les Ardennes, Stef au premier plan |
Beaucoup de
choses intéressantes dans ce film, avec une première partie à Anvers, grise et
désespérante. Cité, petits boulots, trafics: on pense à du Ken Loach,
mais là sans aucun espoir de s'en tirer, avec une violence qui ne demande qu'à
exploser (le repas de Noël en famille avec la mère et Sylvie, plus glauque que
festif) puis, pour le final en thriller dans les Ardennes, on pense au
Fargo des Coen et à Tarantino ; avec de belles images comme ce plan ou Dave
court éperdument dans la foret lugubre (à la limite du gothique, on imagine
bien un loup garou ou un vampire à ses trousses) et un humour (très) noir aussi
avec le personnage du travesti ou encore l'attaque d'une bande
d'autruches évadées d'un élevage..("Plus jamais je tournerai avec des
autruches c'est trop con" assure Pront).
Il y a
longtemps que je n'avais pas vu un truc aussi noir, d'une telle violence
viscérale, crasseux, sulfureux et désespéré ; jouissif mais à ne pas voir en cas
de dépression ou si vous pleurez toujours en regardant pour la trentième
fois "Coup de foudre à Nothing Hill"...
ROCKIN-JL
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