Formé autour des frères Tandy, Gilles au chant et Eric (vendeur chez Mélodie) à l'écriture des textes, on y retrouve Vincent Denis à la guitare (Rickenbacker) bientôt rejoint par son frère Romain à la batterie et Ludovic Groslier à la basse, et d'autres musiciens passent par le groupe ("Bitos" (basse), Philippe Bailly (drums) Alain Royer et Alain Potier (guitares)).
Ils tiennent leur nom en référence ironique au Dr Claude Olivenstein, le médiatique psy qui se consacre aux toxicos, ce dernier goûtant d'ailleurs peu la plaisanterie fera tout pour leur nuire, et y réussira. En mars 79 ils sortent en autoproduction un EP 3 titres produit par Lionel Hermani gérant de Mélodie et producteur des Dogs ; 2 de ces titres vont marquer les esprits, le brûlant "Euthanasie" et l'hymne à la glande "Fier de ne rien faire" écrit par Dom Laboubée (titre qui sera repris par les Dogs, les Thugs, les Wampas..), ils jouent d'autres titres en concert tous plus provocants ("je hais les fils de riche" "Patrick Henry est innocent" "Olivenstein je t'ai dans les veines"...). Les 2000 exemplaires tirés partent très vite (maintenant collectors) et le groupe a bonne presse, soutenu notamment par Philippe Manoeuvre, Philippe Garnier ou Patrice Blanc Francart, mais les problèmes vont arriver, des bagarres éclatent à leur concert fréquentés par des individus peu ... fréquentables, le Dr Olivenstein les menace de poursuite, les RG les piste et en janvier 80 le groupe se sépare. Dommage car Barclay leur proposait un contrat, à condition qu'ils changent de nom, ce qu'ils refusent. J'ai lu une interview de Gilles où il dit "on faisait ça pour le fun pas pour le blé. A partir du moment ou ce n'était plus marrant il fallait passer à autre chose".
@raphael Rinaldi |
Avec cette question qui m'interroge : peut on encore être punk à 60 balais ? La réponse est oui bien sûr, l'age c'est dans la tête et les occasions de se révolter sont au moins aussi présentes qu'il y a 40 ans. De toute façon ils n'ont jamais été vraiment punk - les crêtes et tout le bataclan ça n'a jamais été leur truc - et puis ils étaient un peu trop classe ("too much class for the neighbourhood" comme chantaient les Dogs...) pour le mouvement punk.
Sur la forme, la plume est moins excessive mais toujours abrasive, de toute façon s'ils écrivaient avec la même violence qu'alors ils finiraient cloués au pilori car aujourd'hui la liberté d'expression a reculé me semble t-il. C'est un paradoxe alors qu'on n'en a jamais autant parlé, qu'il y a beaucoup plus de moyens de s'exprimer et 100 fois plus de médias, mais ce satané politiquement correct étouffe toutes velléités; rendez nous les Coluche, Desproges, Gainsbar ou le "droit de réponse" de Michel Polac" et son joyeux foutoir; impensable aujourd'hui, "les enfants du rock" aussi!!! . Coté musique c'est plus élaboré, les racines punk et pub rock (Clash, Dr Feelgood, Damned.;.) sont toujours là mais se croisent avec un rock nerveux à la Bijou ou encore les Dogs.
"Je ne veux pas de catalogues" qui ouvre est un ancien titre de l'époque des Gloires locales, plus riche musicalement, avec l'apport d'un orgue qui donne une sonorité psyché/ rock garage sixties, le chant de Gilles n'a rien perdu, mais plus patiné, buriné et les guitares sonnent toujours.
"Pourquoi penser à moi" s'étire sur un rythme obsédant, entre Bo Diddley beat et pub rock alors que le nerveux "Le rapace" s'attaque aux requins de la finance ("comment tisser du lien social alors que ce sont toujours les mêmes qui régalent"). Après un bulletin météo carrément maussade "Maudit temps de chien", "Grand chef" et ses métaphores"faut faire la peau à ces peaux rouges, qu'il n'y en ai plus un qui bouge, faut faire la peau aux indociles, qu'on se garde les plus serviles, qu'on écrase les inutiles".
"Né pour dormir" autre ancien titre du groupe, dans l'esprit de "Fier de ne rien faire" : "je sens en moi cette paresse qui toujours me tient en laisse" qui rappelle un peu les Clash, un tube potentiel (si il y avait encore des radios indépendantes et des programmateurs dignes de ce nom), le genre de refrains a brailler en concert.
"C trop fort" sur lequel Gilles sort son harmonica sonne british rhytm'n'blues et j'aurai bien vu les Dogs chanter ça.
Reprise d'un de leurs anciens titres , le culte "Je hais les fils de riche" (tout est dans le titre) qui leur a valu une chronique élogieuse sur le site du Medef, naan j'déconne, sur le site de Force Ouvrière (véridique).
On termine avec l'autobio "Je suis juste" "je suis juste ce que je suis, il est impossible de rester impassible quand on sert de cible(..)je ne suis pas si sensible mais je ne veux pas servir de coeur de cible" puis "Jolis coeurs", reprise de l'époque des Rythmeurs.
Retour gagnant donc pour les Olivensteins, gagnant et salutaire car la scène française a besoin de coup de pieds au cul, de leur énergie et leur regard irrévérencieux sur la société. Un des disques "made in France" à retenir de 2017.
ROCKIN-JL
-à lire une passionnante interview de Gilles Tandy ici: nyarknyark.fr
-se procurer l'album : smaprecords.
Il manque Philippe Bailly (alias T5 dur des Bazookas) dans les musiciens de passage à la batterie.
RépondreSupprimermerci, je l'ajoute..
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