Les RED BEANS
& PEPPER SAUCE nous reviennent avec un quatrième album. Ca
devient sérieux cette histoire… Le quintet montpelliérain mené par Laurent
Galichon reprend les affaires où le précédent HOT & SPICY les avait
laissé (une dominante hard blues 70’s), c’est-à-dire une musique plus
épaisse, des titres plus concis - mais dans lesquels il peut se passer beaucoup
de choses. Sur les deux premiers albums, on trouvait des titres plus étirés, de
longues intros flyodiennes, des morceaux parfois saupoudrés de cuivres, et des
genres bien définis, un blues ici, un rock là-bas, et funk ensuite. La musique
du groupe a évolué, des titres plus ramassés, mais à l’intérieur desquels on
retrouve par petites touches les influences de Laurent Galichon, et le mélange
des genres qui lui est cher.
La production
est impeccable, avec juste ce qu’il faut d’effets, de filtres, parfois, mais on
reste dans le brut. Et la pochette encore une fois dessinée par Laurent
Galichon, avec quelques photos de Niko Sarran, et Laurent (c’est gars-là ont
tous les talents, c’est très énervant).
Un départ en
fanfare avec l’énergique « Bad quarter moon », gros rock à riffs, mais
sur la durée comme ce serait trop simple, on a un pont aérien à 2’50, avant de
repasser la quatrième avec un énorme chorus d’Hammond de Serge Auzier (qui
signe aussi la plupart des textes). Pour ouvrir un album, on ne peut pas rêver
mieux. Mais bon sang, pourquoi on n’entend pas ça sur les radios, c’est presque
tubesque ce truc ?! On ne relâche pas la pédale avec le vrai/faux shuffle « No
saint today » dominé par le chant de Jessyka Aké, toujours très en place, puissante et féline, et l’intervention de l’harmoniciste Pierre
Andissoa.
Les Red font péter la poudre sur le hard boogie saturé et très énervé
« Half world changeling », et avec ses plages calmes jouées sur le
cercle de la caisse claire (Niko Sarran à la batterie, et à la production, et n’oublions
pas son compère Denis Bourdié à la basse qui soutient l'édifice) y’a un p’tit parfum « La Grange »
de ZZ Top. Et quel solo de Laurent Galichon ! Une tuerie ce truc ! « Smiling
child » donne dans le funky chaloupé, du moins au début, car ensuite
Laurent Galichon se barre dans deux grilles de blues.
« Flyin’ high » nous repose, une belle ballade, délicieusement jazzy dans son intro guitare/voix. La suite flirte avec une soul qui monte en intensité. « Glitter city » s’ouvre sur un gros riff à la Deep Purple période Perfect Stranger, surtout avec le motif d’Hammond qui suit, superbe ligne de basse sur les couplets, mais on pense ensuite davantage à Whitesnake sur le refrain (« Ain’t a love in the heart of the city »). Même parfum avec le riff d’intro de « You can’t turn around » avec là encore, après une rupture, un gros solo d’Hammond saturé qui rappelle qui vous savez (vous savez ?) comme on peut en entendre sur « Flight on the rat » de qui vous savez. Vous savez toujours ? Une fin cut, et paf, silence, puis un superbe riff de slide country, bien roots, et l’harmonica de Pierre Andissoa qui s’invite une deuxième fois. C’est « Dead spell » et ça va déraper sur la fin à la manière d’un Led Zep triturant des chansons folk sur le "III". Mais pourquoi un fade à la fin ?!!
Le pas de Baghera est très lourd sur « The black
panther », un blues (rock) aux
accents de Stevie Ray Vaughan passé au rouleau compresseur, autre influence souvent
revendiquée, mais sans que ce soit ici, contrairement aux premiers disques, un
classique shuffle. On termine avec « Sinkin’ down », un tempo lent,
une ambiance plus aérienne, et un chorus de Laurent Galichon pour conclure. Un bon titre, mais franchement, on aurait souhaité une apothéose, un feu d'artifice, là, on reste un peu sur notre fin... notre faim !
Si j’avais un
seul petit reproche à faire, c’est l’ordre des morceaux. On attaque avec une dominante
plus brute et rock au départ, qui s’estompe sur la fin, où on aurait aimé
reprendre une rasade de « Half world changing » ! En tout cas, ce RED
est encore une réussite, avec une poignée de très bons titres, plus compacts,
et rentre-dedans. Quatrième album depuis le premier et auto-produit LE GARDIEN en
2010, c’est une bonne régularité. On sent dans les styles que les disques vont deux par deux. Les deux premiers se ressemblaient dans leurs approches musicales, les deux suivants avec un autre angle d'attaque, des compositions plus compactes, plus "hard" dans le son. Donc, question : quid du cinquième ?
Carrément heavy-rock, ou laid back ? Houla ! Pensons déjà à celui-là, il
est tout frais, il est très bon...
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Perso je regrette un peu le virage un peu trop bourrin à mon gout pris depuis "HOT & SPACY" car je trouve que Laurent Galichon et sa troupe gagneraient à travailler davantage le feeling.
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