samedi 5 août 2017

Yuja WANG – 5 Bis, de Schubert à Mozart en passant par Carmen (2016) – par Claude Toon





Précaution liminaire : comme aurait pu écrire Flaubert en paraphrasant son Mme Bovary "Jamais Yuja Wang n'avait été aussi belle face à son piano" !! La faute à la plastique avantageuse de la jeune pianiste chinoise qui, addicte d'une pléthore de robes sexy, arbore ici une robe translucide avec un dos nu de maillot de bain et la partie jupe fendue jusqu'à la limite décente, montrant ainsi des jambes de rêve bien musclées.
Je conseille donc aux mélomanes de se concentrer sur la virtuosité vertigineuse de la pianiste, sur ses mains qui voltigent et survoltent le clavier. Oui, c'est difficile, j'ai vu et entendu la jeune femme interpréter le concerto Jeunehomme de Mozart au TCE dans une robe de princesse et j'ai préféré fermer les yeux pour ne pas échapper à la magie de Mozart au bénéfice de… enfin vous voyez. Et puis Mme Toon aurait pu en prendre ombrage. Hélas, on ne se refait pas 😃. Lors de ce concert, l'infatigable artiste avait proposé 3 bis. Ici à la fin d'un récital du 14 mai 2016, au Carnegie Hall de New-York, elle en offre cinq à son public, dont l'incontournable et facétieuse transcription jazzy de la marche Turque de la sonate N° 11 de Mozart.
Ce qui surprend dans le comportement de la pianiste reste l'expression à la fois intensément concentrée et intérieurement joyeuse de son visage. Pour Yuja Wang, jouer une œuvre relève du bonheur, du plaisir absolu. Ô bien sûr, des critiques ont tenté de torpiller cette jeune surdouée qui a priori semble privilégier une virtuosité hors du commun par rapport au sens profond d'une œuvre. Son interprétation reposant, elle, sur une émotion instinctive et franche, parfois très différente des approches intellectualisées (à bon escient) de ses grands aînées, de Arrau à Brendel et tant d'autres… Yuja ignore l'académisme, fait des jaloux, c'est indéniable. Eh bien moi, tant pis si je passe pour un incompétent en terme de jugement artistique, mais j'adore ce jeu athlétique et à fleur de peau. Écrire dans un mensuel spécialisé que "Yuja Wang n'est pas Samson François dans les concertos de Ravel" a-t-il un sens pertinent ? Non ! La musique vit et évolue à chaque génération. Donc, suivez mon exemple messieurs les grincheux : ayez les deux gravures voire plus (Dûchable)… Horowitz aussi adorait le star-système, mais de manière capricieuse et avec un sourire avare !
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Petite présentation succinctes des cinq morceaux :

Marguerite au rouet
1 – Une transcription par Listz du premier lied de Schubert sur un texte de Goethe : "Marguerite au rouet". La pièce allie l'infinie poésie de Schubert et l'exigeante virtuosité de Liszt avec ses écarts diaboliques et ses croisements de mains. Ce n'est pas une pièce pour briller mais pour émouvoir… Il s'agit d'une complainte nostalgique qui commence par ces vers : Le repos m'a fui / Mon coeur est lourd /Je ne le retrouverai plus / Jamais plus […]. Tristesse de la donzelle qui se languit de l'absence de l'être aimé. Yuja Wang ne voit pas la jeune femme éplorée comme une nunuche mais bien comme une fille croyant farouchement en un retour possible, devrait-elle attendre à en mourir comme le suggère de dernier vers. Beaucoup de chanteuses traînent dans le lied. Pour épicer ce papier, j'ajoute une interprétation fougueuse par Lucia Popp accompagnée par Irvin Cage. Yuja Wang distille avec féminité le frémissement souhaité par Schubert dans cette partition de 1814.

2 - Une transcription de Sgambati (Clic) de la danse des esprits bienhereux de l'Orfée de Gluck. Ô, c'est archi connu : une mélodie diaphane mettant en scène le rayonnement des âmes d'un enfer mythologique (côté paradis). Yuja Wang sait insuffler le mystère languide de ce morceau.

3 – Carmen de Bizet revue par Horowitz : des variations rythmées et picaresques d'une difficulté technique affirmée, ce qui ne gêne en rien la pianiste qui brosse le portrait fougueux de notre bohémienne nationale, un rien craquante et allumée (normale pour une cigarière 😊). Féérique !

4 – Une transcription de la marche turque de Mozart écrite par les pianistes Arcadi Volodos et Fazil Say, les deux hommes montrant leur intérêt pour la fantaisie, l'humour et même le jazz. Dommage que le public croit bon d'applaudir pendant le morceau. Je le comprends, pour moi, jouer un tel déferlement de notes fait penser à un jeu à quatre mains et reste un mystère absolu quant à sa possibilité technique (foi de pianiste raté). Déjanté et un rien démonstratif, mais tellement amusant et bluffant.

5 – Pas de transcription insolite pour conclure, mais une interprétation toute en élégance d'une valse de Chopin. Vingt minutes de bis, ça frise le Guiness des records !
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1 commentaire:

  1. Tout a fait d'accord sur Yuga Wang. Contrairement à Lang Lang qui a cédé au bling bling de la grande presse, elle a su rester naturelle et proche des grands romantiques. Ses interprétations des transcriptions Schubert-Lizst sont fabuleuses. Pour Gluck-Sgambatti, je recommande Nelson Frère.

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