Pas
facile de commencer par quelques éléments biographiques, parce que y’en a pas.
Sur la couverture de l’édition papier, d’abord éditée chez Sonatine, puis en
Poche, on a « LE LIVRE SANS NOM ». C’est tout. A l’origine, c’est un
texte trouvé sur Internet, en 2007, sorte de feuilleton, qui rencontre un beau
succès. Sauf que personne ne sait qui écrit. Seul le premier éditeur, un
anglais, connaitrait le secret… Tout ça pue le buzz-marketing à plein nez, mais bon…
l'auteur... |
Voici
donc un roman sans titre et sans auteur, suivi de trois autres tomes (deux suites et un préquel), qui fait
un tabac en librairie. Le premier chapitre évoque immanquablement l’univers de
Quentin Tarentino (la construction du roman évoque KILL BILL) d’où la rumeur qu’il en serait l’auteur, mais en y
regardant de plus près, on pense plutôt à Roberto Rodriguez (MACHETE, SIN CITY,
UNE NUIT EN ENFER…), qui donne davantage dans la série B jouissive, que son
compère palmérisé.
Nous
sommes dans la ville de Santa Mondega, au Tapioca, le bar le plus malfamé du
monde. Un gars au visage dissimulé par une capuche, entre, commande un bourbon.
Sanchez, le taulier, lui sert un verre de pisse. Les clients se marrent… L’endroit est rempli de gros durs, de
tatoués, armés jusqu’aux dents. Ce qui se passe ensuite nous sera raconté plus
tard… Mais en gros, y’avait du sang et de la cervelle sur les murs…
5
ans plus tard, Sanchez, seul survivant de la tuerie, voit deux moines entrer
dans son bar. Kyle et Peto, naïfs et le cœur pur (mais doués en karaté) ils viennent de l’île
d’Hubal. Ils recherchent une pierre magique, aux reflets bleus : l’Œil de
la Lune, qu’on a volée à leur communauté. Celui qui la possède serait un
dénommé Jefe, chasseur de prime.
Et
puis on a aussi l’inspecteur Miles Jensen, envoyé à Santa Mondega résoudre un
quintuple meurtre particulièrement abominable. La spécialité de Jensen, c’est
le paranormal… On lui colle un coéquipier que tout le monde déteste, Archibald
Somers, obnubilé par un tueur légendaire aussi impitoyable qu'insaisissable : Bourbon Kid.
Et
encore une jeune fille, Jessica, qui se réveille amnésique d’un coma de 5 ans. Le
seul qui semble connaitre son histoire est Sanchez, le barman. Et puis il y
aura plein d’autres personnages, Marcus la fouine, Elvis le tueur à gage, Rodéo
Rex le tueur de vampires et boxeur redoutable armé d’une main de métal, Dante
et Kacy, mignon jeune couple très amoureux travaillant dans un hôtel, qui se
tirent avec une valise remplie de 100 000 dollars, et un pendentif aux
reflets blues, visiblement courtisé par tous les malfrats du coin, prêts à tuer
père et mère pour le posséder.
Dernier
détail : dans trois jours il y aura une éclipse de soleil. Celui qui
possèdera l’Œil de la Lune à cet instant précis, pourrait stopper l’orbite de
la lune, plongeant à jamais Santa Mondega dans les ténèbres…
Si même Marge et Omer s'y mettent... |
Vous
avez pigé le truc, c’est un bouquin pour rire, sorte de feuilleton, qui
multiplie rebondissements, surprises et fusillades, les tirades viriles, les
clins d’œil au cinéma de genre (un débat sur : Tony ou Ridley Scott ?),
aux séries télé, et très assaisonné en hémoglobine.
Assez rapidement, l’auteur choisit
de raconter son histoire suivant des angles de vue différents. Une même scène
vue par untel, puis par un autre. Et puis des flash back, pour revenir sur un point, éclaicir le pourquoi du comment, ce qui titille un peu plus le lecteur. Plus les personnages entrent en scène, généralement présentés comme encore plus méchant, encore plus vicieux, encore plus doué de l'art du crime, plus d’autres
en ressortent, les pieds devant, troués comme des passoires, lardés de deux douzaines de poignards, voire une tête en moins.
L’enquête
policière prend des accents fantastiques avec l’évocation de superstitions, de
vampires… mais est-ce vrai, ou des rumeurs locales ? La lecture est
agréable, mais parfois inégale. Bien que ce soit une traduction, allez savoir
pourquoi, on croit à un livre confectionné à quatre ou six mains.
C’est
souvent drôle : les deux moines qui se lancent dans un concours de boxe,
la galerie de personnages tous plus violents et alcooliques les uns que les
autres, le carnaval final où chacun se déguise en super-héros, et donc, où les
personnages ne sont plus appelés que Terminator, Batman, Lone Ranger (qui sont deux, sic !)... Les
dialogues auraient pu être plus affûtés, la fin est sans doute un peu longuette
mais les derniers chapitres révèlent de jolies surprises.
Dire, comme lu ici ou là, que c'est génialissime et culte, faut pas pousser... C'est du
pur divertissement, dont on s’étonne que Roberto Rodriguez, justement, ne l’ait
pas déjà adapté au cinéma.
LE LIVRE SANS NOM - 508 pages - édition Livre de Poche (7.60€)
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