lundi 23 mai 2016

SANTANA "IV" (2016) par Philou


Le retour de la fine équipe du "III"...


45 ans plus tard, Santana est de retour pour donner une suite au légendaire album "III" sorti au siècle dernier, en septembre 1971 pour être précis.
C'est au début de l'année 2013 que Neal Schon contacte son ancien boss Carlos Santana pour lui faire part de son projet : reformer le Santana Band mythique des 3 premiers disques et enregistrer un nouvel album.
A noter que Neal Schon avait déjà tenté la même aventure en 1997 avec "Abraxas Pool" en compagnie de Gregg Rolie (chant & claviers), Michael Shrieve (batterie), Michael Carabello (Percussions, Congas), Jose "Chepito" Areas (Percussions, Congas, Timbales) et Alphonso Johnson (basse). Maitre Carlos avait décliné l'invitation, mais le résultat fut exceptionnel... lire la chronique ICI.
Cette fois ci, Carlos accepte et rejoint son ancien élève qui contacte les incontournables Gregg Rolie, Michael Shrieve et Michael Carabello. David Brown, le bassiste qui officiait sur l'album mythique, décédé en septembre 2000, est remplacé par Benny Retveld (l'actuel bassiste du groupe).

De G à D : G.Rollie, M Carabello, C. Santana, N. Schon & M. Shrieve.
Une fois la fabuleuse équipe réunie, tous ces musiciens exceptionnels se mettent au boulot pour la préparation d'un nouvel opus qui va durer deux ans.
Le 15 avril dernier, l'album arrive dans les bacs, la pochette est sublime (un clin d’œil au 1er Santana), mais le contenu est-il vraiment à la hauteur des espérances, est ce que l'alchimie entre Carlos et Neal est toujours là, est ce que la fougue, la créativité et la magie des seventies va renaitre, est ce que tout cela ne ressemble pas à une grosse arnaque commerciale qui va finir dans les bacs à soldes au bout de 3 écoutes ???

Les festivités débutent à fond avec "Yambu", un titre funky au feeling latino, on croit rêver, nous voilà "back in 1971" !!! Le groupe enchaine avec "Shake It", c'est Gregg Rolie qui assure le chant, sa voix n'a plus sa splendeur d'antan, mais ça passe. Les percus sont monstrueuses et les guitares en fusion de Neal Schon et de Carlos Santana se livrent des duels à faire pâlir de jalousie tous les gratteux de la planète.

Carlos & Neal
"Anywhere You Want To Go" a été choisi comme 1er single de l'album, c'est du Santana pur jus, c'est festif, ça groove, ça nous renvoie sur les rivages de "Oyé Como Va" et on en redemande. Après ce départ sur les chapeaux de roues, les musiciens nous propose "Fillmore East". Ce long et planant instrumental psychédélique (7mn 44) fait revenir le souvenir nostalgique des débuts, lorsque Bill Graham organisait des concerts dans cette salle mythique. Le doute commence à s'installer avec "Love Makes The Wold Goes Round" et "Freedom In Your Mind", 2 morceaux interprétés par Ronald Isley des Isley Brothers. Ce dernier est un grand chanteur certes, mais on se rend bien compte à ce moment là, que même si les musiciens se sont certainement bien éclatés en studio, l'inspiration n'a pas été toujours au rendez-vous. Les choses se gâtent sérieusement sur "Choo Choo", heureusement, la partie instrumentale ("All Aboard") est d'un niveau exceptionnel. 


Carlos sans son chapeau...
Vous pouvez également zapper un autre instrumental "Suen Os", une mauvaise copie de "Europa" avant d'écouter "Caminando" qui fait penser plutôt à une jam en studio qu'à une véritable compo. C'est évident, chaque musicien s'est donné un endroit pour mettre en valeur son talent : un p'tit solo d'orgue de Rolie par ci, un gros effet de wah-wah de Carlos par là, un méga solo bien méchant de Schon qui ratatine tout sur son passage, sans oublier les percus géniales de Shrieve et Carabello. 
Pourtant, le projet s’essouffle et ne tient malheureusement pas sur toute la longueur (75 minutes !) même si quelques morceaux en fin de disque sont plutôt réussis ("Blues Magic" et "Leave Me Alone"). On touche même le fond avec "Come As You Are", un titre que Carlos aurait du refiler à La Compagnie Créole au lieu de le mettre sur cet album !!!

En conclusion, je dirai que le point fort de ce "Santana IV", c'est les parties instrumentales et évidemment les guitares (on s'en serait un peu douté !). Lorsque l'on écoute l'album attentivement, on se rend bien compte lors des passations de solo, de la différence de style entre Carlos Santana et Neal Schon : ce dernier aligne des plans plus virtuoses, avec une sacrée vitesse d'exécution alors que Carlos joue d'avantage en lignes mélodiques. Tout le bagage technique de Schon ressort en plusieurs occasions et ce côté plus véloce, moderne et agressif rend la musique plus intense, avec toujours ce beau son de guitare bien chaud au sustain si bien maîtrisé. Car quand il faut aller chercher LA note qui donne le frisson, Schon sait aussi très bien le faire. Finalement, le dialogue guitaristique y trouve son équilibre, avec 2 styles complémentaires.

Bon, finalement on ne va pas faire trop la fine bouche car ça fait bien longtemps que Carlos n'a pas exploré des territoires comme il traverse sur cet album et vaut mieux écouter un album moyen de Santana que d'écouter un excellent album de Maitre Gims, de Black M ou d'un autre pignouf de ce genre ...

4 commentaires:

  1. Ecouté et vite oublié. Yambu? Mais ce n'est que du remplissage, il n'y a strictement rien. Le reste oscille entre le dispensable et le réchauffé. Les parties vocales...bof. Et surtout ce disque est beaucoup trop long.

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    1. C'est assez sévère comme commentaire.
      Certes je rejoins le fond, pas de quoi se rouler par terre, mais un grand mérite pour cet album est de nous ressourcer au son de Santana de l'époque.

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  2. Le son Santana de l'époque...c'est vite dit! Je serais pas aussi sévère que Shuffle mais bon c'est juste un joyeux mix de ce qu'a fait Carlos ces trois dernières décennies, donc pas désagréable certes mais avec quand même les petits travers dans lesquels tombe régulièrement notre homme, comme les instrumentaux un peu putassiers pour passer à la radio......Personnellement pour le son d'époque je ressors le second cd joint à la réédition du Santana 3, a savoir le concert de fermeture du Fillmore, là on a du grand Santana! Et puis y'a aussi Abraxas Pool et le Greg Rollie Band et c'est pas Philou qui va me contredire!
    Shuffle a raison, c'est un poil trop long et puis "Come as you are" quelle calamité!

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  3. Il est pas mal du tout cet album. Peut être bien le meilleur de Carlos depuis longtemps. Cependant, il est indéniable qu'il y a quelques titres de trop qu'il aurait mieux fallu oublier. Quelques guimauves ...
    Plus quelques soli inutilement rapides (ils se tirent la bourre ?).
    Sans parler de certaines lignes de claviers qui paraissent s'être échappées des années 80.
    Avec un quart d'heure en moins, cela aurait pu faire un grand disque. Less is more ?
    Gregg a perdu sa voix, mais quel plaisirs de les revoir tous - ou presque - ensemble.

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