jeudi 7 janvier 2016

Pierre HENRY - Messe Pour Le Temps Présent - par Pat Slade




Pierre Henry et la musique électronique




S’il y a bien un disque qui a marqué ma jeunesse, c’est celui-ci. J’irai même jusqu’à dire que l’univers musical de Pierre Henry m’effrayait. 
Mais qui est Pierre Henry ? 
Né en 1927, il entrera très tôt au conservatoire de Paris et suivra l’enseignement de la pianiste, chef d'orchestre et pédagogue Nadia Boulanger. A la fin de la guerre, il va croiser dans les studios de la RTF, Pierre Schaeffer, le pape de la musique concrète (très expérimentale...) qui enregistra des études comme «Étude aux tourniquets» ou l’«Etude aux casseroles». Ensemble, ils vont composer en 1949 la «Symphonie pour un homme seul» la première public sera donnée en 1950. En 1966 Maurice Béjart en fera une chorégraphie qui sera représentée au Palais des Papes à Avignon. Une amitié va naître entre Pierre Henry et Maurice Béjart et ils feront beaucoup de choses en commun au niveau professionnel. En 1958, il quitte la RTF pour fonder son propre studio indépendant APSOME avec une sonothèque qui regroupera plus de 50.000 sons. Il va commencer à composer divers morceaux qui iront du lyrique au tragique. 
L’album que je présente ici est un best-of des œuvres de Pierre Henry. On peut y trouver «Messe pour le temps présent» écrit avec Michel colombier, compositeur de musique de film comme «Le Pacha», «Les assassins de l’ordre» et «L’alpagueur » et arrangeur pour Gainsbourg, Barbara, Brigitte Fontaine, Nougaro et Madonna. Mais on trouve aussi des extraits d’œuvres comme « Le Voyage» d’après le livre des morts tibétain en 1967, « La Reine Verte» en 1963 et deux mouvements de la «Variations pour une porte et un soupir» en 1963.


La «Messe pour le temps présent» est un morceau en neuf mouvements (Il n’y en a que 5 sur ce disque) qui a été écrit à la mémoire de Patrick Belda, danseur émérite et assistant de Maurice Béjart, qui trouvera la mort dans un accident de voiture en 1967. Le mélange de sons électroniques et d’instruments rock comme la batterie, l’orgue Hammond, la basse, la guitare et les cuivres donneront un mélange d’un genre particulier presque inquiétant. Les titres les plus célèbres resteront le «Psyché Rock» que l’on peut entendre dans le film «Z» de Costa Gavras, dans un générique sur France Inter et une multitude de publicités; l’autre titre connus reste «Too Fortiche» qui servira de générique dans les années 70 pour un déodorant connu.


Ballet du XXème siècle
«Le Voyage» est une œuvre inspirée du livre des morts tibétain longue de 50 minutes et réduite sur l’album à trois extraits. L’histoire décrit la route de la mort et de sa rencontre avec les dieux de la lumière et de la sagesse qui lui sourient pour l’accueillir dans l’au-delà. Des sons minimalistes, sinistres à certains moments, à ne pas écouter un soir de déprime...

Poursuivons avec «La Reine Verte», l’œuvre que je n’aime pas et qui me fout la trouille tellement je la trouve sinistre avec la voix de cette chanteuse qui représente la faucheuse. L’histoire d’un combat entre un homme et la mort. Un combat où il n’y aura ni gagnant et ni perdant. 5 extraits sur un morceau qui en compte 22 à l'origine.

Enfin, «Variations pour une porte et un soupir». Peu d’instrument pour ce morceau, un soupir (Inspiration, expiration) un soupir chanté par percussion sur une sorte de scie musicale avec ses multiples variations. Et une série de grincements enregistrée après une longue recherche de «l’instrument» dans un grenier à la campagne. Les titres représentés ici sont le 15 ème  «Fièvre» et le 25 ème «Mort». A l’écoute de tous les enregistrements de Pierre Henry, la mort est omniprésente et a une énorme importance.

Nota : je le fais tourner en boucle, la porte de mon bureau ouverte. Ça énerve Claude qui a horreur des portes qui grincent. Par ailleurs ça fait marrer Sonia de voir Claude en pétard... hi hi...

Tous ces morceaux seront chorégraphiés par Maurice Béjart.
A actuellement 87 ans, Pierre Henry a ralenti ses activités, mais il a laissé beaucoup d’œuvres et a surtout fait la «Dixième symphonie hommage à Ludwig Van Beethoven» en 1979, «La Dixième symphonie de Beethoven» en 1986 et un «Remix de la dixième symphonie» en 1998. Mais non content d’avoir été marqué par Ludwig, il fera aussi «Dieu» d‘après l’œuvre de Victor Hugo en 1977 et «Hugosymphonie» en 1985. Pierre Henry et son monde particulier, il n’est pas facile d’y pénétrer, ce serait comme essayer d’écouter l’œuvre de Stockhausen quand on ne connait que Mozart. Ce disque s’est très bien vendu pour son titre «Psyché Rock» mais un titre ne fait pas une carrière et Pierre Henry n’a pas attendu ça. 

Avec Claude, on a phosphoré pour trouver une catégorie de classement. Cette musique est typique des recherches tous azimuts des années 60, des expériences sur la nature du son initiées par Edgar Varèse dès les années 30. Comme il y a pas mal de références au rock dans les titres, c'est plutôt là que ce disque prend sa place. Claude trouve que par moment on pense aux trouvailles des Pink Floyd un peu à la même époque… Tout ça se discute, il fallait faire un choix… .    


2 commentaires:

  1. J'ai découvert Pierre Henry par ce disque, et en particulier "Psyché Rock", que je trouvais super quand j'étais gamin. Lorsque j'ai découvert que Spooky Tooth avait enregistré un disque avec Pierre Henry, "Ceremony", je n'ai donc pas été trop surpris, et même enthousiaste. Le groupe anglais dénigre beaucoup ce disque, car le traitement électronique a été fait après l'enregistrement des pièces Rock, et sans la présence des membres du groupe. c'est donc une collaboration plutôt lointaine qui a été faite, et qui n'a guère convaincu le chanteur Mike Harrison. Personnellement, je trouve "Ceremony" passionnant, profond et angoissant.

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    1. J'ai toujours aimé "Spooky Tooth". Sur l'album "Ceremony", tu entend bien l'intrusion Pierre henry dans le titre "Prayer". L'album "Ceremony" sonne dans son ensemble comme du King Krimson premier époque.

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