BUDDY GUY Born to play guitar (2015)

Depuis que BB King est allé voir là haut s'il y a du monde dans les juke-joints Buddy Guy (79ans) est le dernier des géants du blues vivants (avec James Cotton, et Chuck Berry, même si ce dernier est plus associé au rock), lui  qui a vécu l'age d'or du Chicago blues, initié le fameux West side sound, joué avec Muddy Waters, Sonny Boy Williamson ou Big Mama Thornton. On galvaude souvent le terme de légende de nos jours, mais incontestablement Buddy en est une vraie. Un pur, qui jouera le blues jusqu'à son dernier souffle, le plus tard possible on espère.
Voici donc un nouvel album  (48eme si je compte bien en comptant les live et ceux avec Junior Wells), 2 ans après "Rhythm & Blues" (chronique) , toujours produit par Tom Hambridge (également à la batterie) et enregistré à Nashville.

source buddyguy.net

On commence avec  l'autobiographique  "Born to play guitar" sur lequel Buddy nous raconte son parcours, de la Louisiane à Chicago  et ce blues qui a toujours coulé en lui  (I was born to play guitar, I got the blues running through my veins"). Le chant est superbe, assuré, puissant, gorgé de vécu; la guitare acérée et précise sur ce classic Chicago blues avec un piano (Kevin McKendree) et la résonator guitare de Rob McNeilley. Premier invité de marque sur "Wear you out", Billy Gibbons venu avec sa barbe,sa guitare et sa voix rauque pour ce gros blues rock râpeux à la ...ZZ Top of course, et un sacré duel de guitares avec ces deux pointures. Tempo ralenti sur le slow blues "Back up mama", trés slide, piano et encore une belle partie de gratte du père Buddy. Mais voici Kim Wilson (Fabulous Thunderbirds) qui se pointe avec son harmonica pour "Too late" un blues West Coast dynamique et un Kim en grande forme, comme sur son second titre, le festif "Kiss me quick". Une petite soif ? On va étancher ça avec "Whiskey, Beer & Wine", Doyle BramhallII à la guitare et un coup d'orgue B3 sur ce blues rock solide ; alors que "Cying out of one eye" est une superbe ballade soul agrémentée des cuivres des fameux Muscle Shoals.

Une nouvelle invitée sur "Baby you got what it takes", c'est ma chère Joss Stone (Joss give me some news, please news stp, t'as mon numéro, tu te remets quand à la soul? parce que ton dernier truc en reggae, bof, bof...) qui vient pousser la chansonnette avec Buddy, un duo sympa. Blues rock carré avec "Turn me wild" avec à la basse un certain Billy Cox (75 ans, le dernier survivant de l'Hendrix Experience) et un gros solo de wah wah hendrixienne pour Buddy Guy. "Crazy world" est un morceau un peu bizarre, que je qualifierai de  pop/blues mais trés sympa avec encore de beaux éclairs de Strato (pour Bruno: Buddy utilise sur cet album sa Stato 1957, une Les Paul 1960, une Gibson ES-335 et une Telecaster custom 1974). Retour au blues musclé avec "Smater than I was" - quelle pêche Buddy, c'est pas possible, il doit carburer au viagra - puis "Thick like Mississippi mud" nous offre un festival guitare/cuivres. Pour finir 2 hommages, à BB King avec "Flesh & bone" avec au chant un autre vieux baroudeur, Van Morrison, une superbe ballade aux parfums country/folk/blues rural. Puis à Muddy Waters "Come back Muddy" , beau blues acoustique avec piano et guitare 12 cordes (Bramhall).

Un formidable album qui pourrait bien faire se rhabiller pas mal de jeunots, qu'on se le dise dans les chaumières, Buddy est toujours là et nous offre un des plus beaux album de 2015. Ce mec devrait être vénéré et honoré, faire le 20 heures et être reçu à l'Elysée quand il passe en France, mais non, continuons dans l'inculture et préférons nous intéresser au pucelage des One Direction et de Justin Bieber et aux gros nichons de xx (marquez ici le nom de la bimbo ereneubi ou de la tarée de la télé réalité de votre choix). Fuck them all'.

Rockin-JL