Deuxième enquête du commandant
Martin Servaz, après GLACE en 2011 - clic vers l'article - . Souvenez-vous, notre flic du
Sud-Ouest était aux prises avec Julian Hirtmann, sérial killer machiavélique,
enfermé chez les dingues, dans les Pyrénées, et qui s’en échappait pendant une
tempête de neige dantesque. LE CERCLE est la suite, on y retrouve donc les
mêmes personnages, l’équipe de Servaz au complet, sa fille Margot, la
gendarmette Ziegler, la hiérarchie
judiciaire.
Cette fois, l’intrigue se situe
à Marsac, sur le campus d’une classe de Khâgne qui attire l’élite de la région.
Un matin d’orage (oui, parce qu’il pleut pratiquement pendant tout le bouquin)
le cadavre de Claire Diemar, ravissante prof, est retrouvé dans sa baignoire,
ligotée comme un gigot. Le principal suspect est aussi sur les lieux, hagard, drogué
jusqu’à l’os : Hugo. Un de ses étudiants, fils d’une certaine Marianne,
qui se trouve avoir été la petite copine de Martin Servaz, du temps où il était
étudiant.
Les auteurs de polars aiment
bien lorsque leur flic est émotionnellement rattaché à l’enquête… Marianne
demande donc à Servaz d’innocenter son fiston. Ce qui ne sera pas difficile,
puisque les premiers indices trouvés font penser au policier que derrière ce
crime atroce, se cache l’ombre du terrible Julian Hirtmann…
En fait, comme on s’en doute,
rien n’est si simple. L’auteur Bernard Minier a cette qualité de construire des
intrigues complexes, aux multiples personnages, et autant de fausses pistes.
Car il y a aussi un député, Lacaze, figure montante du parti en place, amant de
Claire Diemar, qui se planque derrière son immunité, et puis sa femme,
bourgeoise malade et humiliée par les sauteries de son mari. Il y a aussi
Francis van Acker, professeur de français hautin, ami d’enfance de Servaz, et
une ribambelle d’étudiants, des potes d’Hugo, pas très clairs non plus. On
rajoute à la liste un bosniaque escroc et violeur récidiviste qui vient de
sortir de taule, un détective privé adepte du chantage, et Drissa Kanté, émigré
malien qui pose des mouchards dans les ordinateurs de la police…
En parallèle de cette intrigue,
des intermèdes : une jeune femme, dont on apprendra qui elle est seulement
à la toute fin (hé hé…) séquestrée depuis des mois par un homme, qui la drogue
et la viole, joue au chat et à la souris.
C’est du bon polar, accrocheur,
lorsqu’on a la clé du mystère, on s’aperçoit que tout ça est quand même
vachement bien foutu.
Mais pourquoi cette impression
que je vais commencer à en dire du mal…
Parce que, comme d’hab, le
style est tout de même lourdingue. Le roman est long, presque 800 pages. On peut couper de la matière, comme les digressions autour des
vacances de Ziegler. On pourrait éviter toutes les descriptions de
paysages redondantes. Ce n’est plus un roman, c’est le Guide du Routard !
Dès qu’un mec circule en voiture, ce sont des pages et des pages de : il
passe près de la colline Machin, du vieux pont Bidule, le lac Trucmuche, et que
la route va à droite, et puis à gauche, et que ça monte puis redescend… Servaz
doit plonger dans un lac récupérer un cadavre ? Vlan, 6 pages de manuels du
parfait plongeur, avec détendeur, flexible, décompression…
Guide du Routard, mais aussi
bulletin météo. Sans arrêt des dissertations sur le temps qu’il fait… A chaque
coup de théâtre, son coup de tonnerre ! Dans un film, ça ferait marrer,
genre Frankenstein Junior de Mel Brooks ! Et puis des effets de manches
presque risibles, du genre : son cœur se souleva dans sa poitrine, quand
ce n’est pas son sang qui se glace dans ses veines. Ses poils de cul
frétillèrent quand il entendit la porte s’ouvrir, pendant qu’on y est… Et puis,
cette manie de toujours déceler une réaction dans le regard des suspects.
Servaz y voit des lueurs, des étincelles, une infime… une minuscule… une
indéchiffrable… une imperceptible… Il aurait dû être ophtalmo !
Y-a-t’y pas chez les éditeurs
des gars dont le boulot est de relire les manuscrits ? Personne pour
rappeler à un romancier l’art de la concision, de l’ellipse ? Les bouquins de Pierre Lemaitre sont aussi denses, et font 350 pages. Mais bon, je lirai quand même
le troisième…
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