jeudi 23 juillet 2015

Live Report : Concert de TOTO à Morzine (Lundi 13 Juillet 2015) – par Vincent


Je dédie cette chronique à mon père. 

Les amis, c'est peu dire qu'il s'en sera fallu de peu que je ne puisse pas assister à ce concert de TOTO en cette veille de fête nationale. Mais plutôt que de vous en donner les explications, je préfère entrer directement dans le vif du sujet en tentant de vous relater cette soirée inoubliable, puisqu'en tous points parfaite. Mais par où commencer, tant ce concert fut chargé d'émotions ?

Il me tient d'abord à cœur de remercier tous ceux qui auront travaillé durant des mois pour faire de cet évènement biannuel (le Harley-Days), un moment de pur bonheur. Et quand on voit quels noms figuraient au programme de cette édition 2015, j'ai tout lieu de penser et de croire que cette cuvée 2015 comptera désormais parmi les plus belles depuis la création de ce grand évènement. Car avant que les géants de TOTO ne clôturent les festivités, Beth Hart ainsi que les Rival Sons avaient eux aussi fait le déplacement, la veille (et l'avant-veille), dans la station Haut-Savoyarde (74). Amis Rockeurs, vous savez ce qu'ils vous restent à faire pour la prochaine édition. Encore que, aux vues de l'affluence qu'il y avait ce lundi 13 Juillet...

Et puis, petits chanceux que nous aurons été, la météo ne pouvait être plus clémente qu'elle ne le fut afin que nous puissions profiter pleinement de ce concert de haut vol.

Chaud pour le Show ?
David Paich (chapeau haut de forme) et Lenny Castro en arrière-plan
 Il est 21h30 quand le groupe vient prendre possession de la scène. Durant le spectacle, aucun incident, aucun débordement de foule ne se sera manifesté. C'est bien simple, de mémoire, je n'avais encore jamais assisté à un concert ou toutes les conditions étaient réunies pour passer le meilleur des moments. Situé à une petite dizaine de mètre de la scène, en plus de ne subir aucun mouvement de foule, je m'étonne, dès l'entame du morceau "Running Out of Time", premier extrait du dernier album du groupe, d'un son aussi parfaitement équilibré. Puissant mais jamais agressif. Et pourtant il y en a du beau monde sur la scène.
Car outre les pères fondateurs que sont David Paich (Claviers), Steve Lukather (Guitares), Steve Porcaro (Synthés) et le revenant David Hungate (Basse), TOTO 2015 c'est aussi l'immense joie que d'assister au vrai retour de Joseph Williams en tant que chanteur Lead. Et oui ! Celui des albums Fahrenheit et surtout The Seventh One. Autant dire que ce soir, je suis d'ores et déjà aux anges. 
Soutenue par 2 Choristes de choix (dont l'impeccable Jenny Douglas Mac Rae - Celle qui chantait déjà avec Luke sur l'album Tambu en 96), la formation d'élite s'octroie aussi, et pour la première fois sur l'une de ses tournées, l'un des percussionniste les plus affuté et aguerri du circuit dans le monde des musiciens dit "de Studio". L'unique et incomparable Lenny Castro est ce soir à Morzine !!! Et c'est peu de le dire, car c'est tout juste s'il n'aura pas volé la vedette au remplaçant de Simon Phillips. Pas facile en effet de passer après de telles pointures. Pourtant très honnêtement, Shannon Forest aura retranscrit avec brio des parties de batteries extrêmement ardues, et se sera acquitté plus qu'avantageusement de sa tâche tout au long d'une set list extrêmement variée et riche en surprises. Ils ne sont d'ailleurs et manifestement pas si nombreux à s'être précipités pour succéder à Keith Carlock ou à Simon Phillips au poste momentanément vacant de batteur. Fermons la parenthèse...

Les surprises des Chefs (comprennent qui pourra)
Alors que certains s'étaient plaints d'un répertoire un peu trop prévisible et/ou répétitif lors de la précédente tournée, ce soir à Morzine, les fans invétérés de TOTO en auront eu pour leur compte. 
En effet, le deuxième morceau joué n'est autre que "I Supply the Love" extrait du tout premier album du groupe datant de 79. Puis, retour au dernier album, avec le très prenant "Burn". Si ce titre est une vraie réussite, je pense néanmoins qu'il arrive trop tôt dans le set. Quoi qu'il en soit, même ceux qui n'étaient pas encore très familier du morceau, semblaient l'avoir très apprécié. Au regard de l'accueil qui lui aura été fait à l'applaudimètre. S'en suit une autre surprise. "Stranger in Town", chanté par Paich, et extrait du seul album de TOTO que je continue de conspuer (le bien nommé Isolation). Voilà ce qui s'appelle marquer les esprits avec cette déjà deuxième grosse surprise des Chefs. Sur scène, ce titre passe finalement assez bien. Il n'a surtout, et à ma connaissance, jamais été interprété sur scène jusque-là.
"I Won't Hold you Back" et son chorus guitare à faire pleurer (même un caillou) suivi de "Hold the Line" nous installe progressivement dans ce concert qui n'aura de cesse de monter en puissance tout au long de la soirée. Toutefois, concernant ces deux derniers morceaux, je ne comprends toujours pas pourquoi Steve Lukather et les siens s'évertuent à les jouer désormais légèrement en dessous de leur tempo initial. Ce qui tend à faire perdre à ces deux "Classic" un peu de leur pouvoir de séduction. Mais revenons aux surprises. Elles auront été si nombreuses ce soir-là. Tenez ! Voilà que le dernier des Porcaro (R.I.P Jeff et Mike) nous chante un autre extrait du premier album. "Takin' it Back" avait-il seulement été joué une seule fois en concert jusqu'à ce jour ? J'affirme que non. 

Steve Porcaro
La nuit est alors tombée sur la station de Morzine, et les lumières sur scène prennent enfin toutes leurs dimensions. Et même sans le moindre back drop... C'est beau ! Dès lors, alors que retentissent les premières notes de "Pamela" l'intensité du spectacle ne va cesser d'aller crescendo. C'est alors que TOTO exhume du dernier album enregistré par Jeff Porcaro : "Never Enough". Un titre faisant certes la part belle aux guitares de Luke mais avant tout au duel Batterie/Percus sur le final de ce fantastique morceau. Apparemment joué en lieu et place de "Caugh in the Balance", je ne boude pourtant pas mon plaisir de ce titre si rarement joué. A ce moment précis du show, certains de mes amis (ne connaissant que très sommairement le répertoire du groupe) m'avouent prendre un pied inouïe alors que nous n'en sommes qu'à la moitié du spectacle.
Un peu plus loin, c'est une nouvelle surprise, un nouveau cadeau, qu'offrira le groupe aux plus fervents adeptes du groupe. Car c'est bien cette fois ci un extrait de l'album Fahrenheit qui est alors ressuscité. Et si je lui aurais largement préféré un "Somewhere Tonight" à la place, "Without your Love" chanté par le guitariste passe quand même comme une lettre à la poste. Le titre est surtout l'occasion pour Lukather de briller l'instant d'après pour un hommage à son Maître à lui. Jimmy Hendrix évidemment. L'instant est si intense dans son recueillement qu'au moment où le solo ébouriffant de "Little Wings" se termine, le public est comme abasourdi l'espace d'un instant. K.O. La classe guitaristique à son plus haut niveau d'intensité, ça doit être ça ! Steve Lukather a le sourire... Et nous aussi. En revanche, si il y a un musicien sur scène qui dénote avec le reste du groupe, c'est bien David Hungate.
Le tout premier bassiste de TOTO, tout habillé de noir, est devenu un petit être rabougri et grisonnant qui tranche vraiment avec le reste du groupe. Mon voisin me signifie qu'il lui rappelle le personnage du petit vieillard du film d'animation "Là-Haut". Pas faux ! Mais qu'importe, le bassiste préféré de Mike Porcaro assure et serre les morceaux avec application (son C.V en tant que musicien de session étant lui aussi long comme le bras).

Hommage aux hommes d'âges
Alors que Steve Porcaro avait déjà remercié chaleureusement le public Français pour les nombreuses lettres et autres témoignages qu'il continue de recevoir suite à la disparition récente de son deuxième frère Mike, voilà que s'annonce l'un des autres moments fort de la soirée. Steve Lukather dédie le morceau suivant à ses héros (y compris le bassiste de Yes, Chris Squire, parti quelques jours plus tôt), mais aussi à ses frères d'armes, à ses amis, aux siens et à tous ceux d'entre nous à qui l'un des proches manque et continue de manquer. Autant le dire, avant même que ne retentissent les premiers accords de la guitare acoustique du très beau "Road Goes On", je cherche à me détourner de l'attention de mes camarades m'accompagnant ce soir-là. En vain. Il est des choses qui, au-delà de notre pudeur, ne mérite pas que l'on cherche a les contrôler. Et puis comment parvenir, ou simplement continuer à vouloir lutter, face à la violence de tels sentiments alors que les premières paroles de"Orphan", chanté par Joseph Williams, se font alors entendre ? A ce moment précis du spectacle, je sais que ce concert restera à jamais gravé au plus profond de moi tant l'émotion qui s'est emparée de moi est vive. Mais la musique n'est-elle pas aussi faite pour ça ? Celle qui consiste à nous aider à traverser nos misérables existences avec un peu plus de force par le seul pouvoir d'un texte ou d'une mélodie.  
"The Great Expectations", dernier extrait de XIV, est un morceau à tiroirs. Entendez par là qu'il n'est pas facile à appréhender et/ou à digérer en une seule fois. Il est d'ailleurs le seul titre de la soirée à laisser le public un peu dubitatif. Il aura en tout cas eu le mérite de me permettre de me remettre un peu de mes émotions. Cela prouve aussi que ce groupe est loin de jouer la carte de la facilité en caressant le public dans le sens du poil. TOTO reste un groupe audacieux et c'est aussi pour ça qu'on l'aime depuis maintenant 40 ans.  
TOTO ne pouvant décemment pas se permettre de laisser de côté un morceau tel que "Rosanna", ce titre est une nouvelle fois l'occasion pour le groupe de nous montrer à quel point, et à quel niveau, ces musiciens aiment JOUER sans se la jouer. Un vrai régal comme toujours.

TOTO, TOTO, TOTO...
Avant de clore ces 2 heures de concert en plein air (gratuiiiiiiit !!!) par un "Africa" qui aura mis toute l'assistance à contribution avec des étoiles plein les yeux, le groupe revient d'abord avec le medley qui avait ouvert le set de la précédente tournée (voir pour cela le Live in Poland). Déboule alors "On the Run", suivi de courts extraits de "Child's Anthem" et de "Goodbye Elenore". Au Zenith de Paris, c'est "White Sister" qui lui avait été préféré. Ce qui montre une nouvelle fois que ce groupe, ce collectif, ne s'est jamais moqué de son public. Lui offrant à chaque fois le meilleur de lui-même, tout en lui proposant un répertoire souvent renouvelé et ô combien varié.

Set List :

  1. Running Out of Time
  2. I'll Supply the Love
  3. Burn
  4. Stranger in Town
  5. I Won't Hold you back
  6. Hold the Line
  1. Takin' it Back
  2. Pamela
  3. Holy War
  4. Never Enough
  5. Whithout your Love
  6. Little Wings (J.Hendrix)
  1. The Road Goes On
  2. Orphan
  3. Great Expectations
  4. Rosanna
  5. On the Run/Child's Anthem/Goodbye Elenore
  6. Africa

Un immense merci à Valérie Pétrod pour ses nombreuses très belles photos (le choix fut ardu pour choisir celles qui figureraient ici).

8 commentaires:

  1. Ouais ouais, Hold The Line" joué désormais légèrement en dessous de son tempo initial"...Je soupçonne qu'on ménage David Hungate qui fait son âge comme tu l'as dit.
    Donc j'étais là et forcément vu le monde on ne s'est pas vus. 22000 à 25000 spectateurs à ce qu'il parait, et plein qui sont arrivés à la bourre et n'ont pu remonté vers la grande place, ou sont restés scotchés devant la cadillac dont le capot ouvert laissait place à un barbecue...
    Content d'avoir vu ( et entendu) Lukather de mon vivant, je les ai même shooté au resto La Rotonde pendant qu'ils mangeaient, tu sais tout en haut à gauche après le resto à paella.
    Moi ce qui m'a vraiment plu, ce sont les Rival Sons 2 jours avant. J'ai commencé par leur serrer la pogne toujours à la Rotonde, mais il manquait Jay Buchanan et Scott Holiday. Le chanteur devait se mettre en "condition", j'espère qu'il finira pas comme Jim Morisson...
    Pas vu Beth Hart, et à ce qu'il parait j'ai rien raté...
    So long, man!...

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  2. Si tu as vu quelqu'un (chemise bleu clair) se débattre avec 6 sandwichs entre les mains, et tentant de rejoindre ses compères un peu après la régie son, alors c'était moi ! Pfff ! Quelle expédition...

    J'ai vu quelques cliché de Beth Hart et elle ne semblait pas a son avantage. Même dans le look: Limite "mère maquerelle". Brrr !
    Les Rival Sons, ça devait être quelque chose. Je connais un Corse qui doit pester si il nous lit là !

    J'espère que ton séjour en montagne t'aura plus. C'est vraiment un bel endroit cette station. Réservée tout de même a une clientèle assez aisée aussi. Surtout l'hivers.

    Qui sait, peut être ce séjours t'aura-t-il donné l'envie d'y revenir. La programmation musicale étant toujours de qualité là bas. Au plaisir JLM. Et gardes tes photos précieusement. Veinard !!!

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    1. petit veinard....rien qu'à lire ton compte-rendu, ça me donne des frissons...

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    2. Pour moi Rival Sons a quelque chose en plus. Le chanteur est "habité" (c'est son problème), et il chante divinement bien. Scott Holiday est monstrueux avec sa casquette et ses moustaches gominées, le batteur cogne sec et lourd, en phase avec son bassiste. Les titres sont vraiment excellents, piochés dans leurs 3 albums et ça c'est très rare. J'ai rencontrés deux mômes à la Rotonde, 22/23 ans, membres de Los Cobras. Ils les suivaient, les avaient vu à Aix Les Bains 2 jours avant et avaient confectionné une banderole avec "Burn Down (le L.A. barré) Morzine", et quand ils l'ont brandit Buchanan s'est fendu d'un large sourire!...J'avais le tee shirt blanc Head Down et les 3 zicos ont arboré le même sourire quand on s'est serré la main. Bref, un pied terrible!

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  3. Je peux te croire sur parole Juan. Mais attention ! l'énergie et la musique de ces deux formations ne sont pas comparable. Et puis quand Rival Son aura 40 ans de carrière a son actif, on verra si leur énergie est la même. On sera pas pas là pour le voir de toute façon. Quoi qu'il en soit, je pense que certains de ceux qui nous lise sont déjà entrain de prendre acte pour la prochaine édition.

    Quelque jour plus tard, au festival "Guitares en scène", tout prêt de chez moi (vers Genève), l'affiche avait de quoi en mettre un paquet sur les rotules: Mark Knopfler, Scorpions, Sting, Fred Chapelier, Steve Wilson, Marus Miller ou encore Blue Pills s'étaient donnés RDV pour cette neuvième édition. Mais là c'était pas gratuit du tout. 90 euros la soirée en moyenne. Oui mais là quand même ?

    Mon Billy Idol aurait pu faire escale quand même... m*rde !

    On s'était donné rendez vous dans Deux z'aaans... Oups !

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    1. Y'a méprise! J'ai tous les albums de Toto, je les vénère, Lukather c'est le gonze qui a plaqué les accords sur Beat It de l'autre génie-paumé-barré-disparu (rayer les mentions inutiles...), des zicos aux harmonies et à la technique de Jedì, les avoir vus m'a comblé, mais qu'est ce que tu veux, moi c'est le rock, avec ses défauts, ses approximations et son urgence qui me fait le plus vibrer! Mais quand c'est bon c'est bon, alors je prends!!

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  4. Ahhhh.... Allier une bonne journée en montagne et se taper le soir un concert (un vrai, pas un ersatz, un truc creux et nauséabond d'escrocs !), ce serait vraiment du bonheur...

    (je n'aurais jamais reconnu Steve Porcaro)

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  5. "la montagne ça vous gagne" c'est pas qu'un slogan Bruno !

    Sinon effectivement, Steve Porcaro n'est plus frisé comme un mouton. Mais le choc a été encore plus grand pour moi en voyant pour la première fois David Hungate. Il n'y a cas le voir sur la photo au côté du massif Joseph Williams. Il a passé 2 heures sans bouger ni sourire. Étonnant et détonnant sur cette scène !

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