Dans
le cinoche, il y a les frères Dardenne, les frères Coen, les Taviani, les Wachowski…
et les frères Jim et Artie Mitchell. On les oublie, ou on ne les connait pas.
Dommage… Dans le San Francisco de la fin des années 60, les frangins étudient
le cinéma à l’université, et dissèquent les films de Jean Luc Godard. Pour gagner du fric, ils achètent une petite salle de cinéma, et diffusent des
petits films érotiques. Des loops. Des bandes de quelques minutes, qu’on passe
en boucle toute la journée, avec à chaque fois une fille qui se dessape, éventuellement avec
une copine, mais on ne se touche pas, interdit. Pour l'instant... Des
films pas chers, qui rapportent, réalisés à la chaine, parfois par les frères
Mitchell eux-mêmes.
Le
petit commerce prospère, d’autres salles sont ouvertes, qu’il faut fournir en
bobines. Mais la police descend de temps en temps, et confisque les films. Quitte
à prendre des risques, autant que ça rapporte plus. Les frères Mitchell passent
au court métrage, puis au long. Ils investissent dans du bon matos, enregistrent
en son direct, utilisent des musiques originales (le guitariste Mike Bloomfield en
a fait quelques-unes) et surtout, ils signent leurs films. Pour la première fois, un porno aura un générique. Les Mitchell Bros ont l’ambition de faire du porno un genre à part entière.
GORGE PROFONDE sort la même année, un désastre artistique, mais gros succès
public. Ces deux films lancent l’ère du Blue-Movie.
DERRIÈRE LA PORTE VERTE est au porno ce que 2OO1 est à la science-fiction ! Un truc
énorme. Euh… cherchez pas, y’aura pas une allusion salace (car à force, ça
lasse) dans cette chronique, ici, on ne parle que de cinéma. Mais éloignez les
enfants quand même…
L’histoire
est toute simple. Une jeune femme est enlevée par des hommes (un des frangins joue un kidnappeur), emmenée les yeux
bandés dans un club privé, où elle sera sexuellement utilisée par… tout le
monde ! Le tout dans une ambiance feutrée, chandeliers, queues de pie, robes
de soirée, loups et masques vénitiens. Les clients du club regardent les performers, avant de s’y mettre
aussi. Rarement on avait vu autant de bourgeois lubriques copuler. C’est l’ancêtre du
porno-chic. Mais avec ce parfum de clandestinité, de fantasme, mais aussi de décadence (assumée) et de perversité, de liberté totale. Que se passe-t-il derrière cette fameuse porte verte ? Cette même question perdra le héros du EYES WIDE SHUT de Kubrick...
DERRIÈRE LA PORTE VERTE ne se contente pas d'être bandant par les images qu'il montre, mais par ce qu'il suggère. Il est excitant car basé sur le voyeurisme, la clandestinité. Le club privé où se déroule cette orgie est tenu secret. Il faut être initiés pour y entrer. La jeune femme ne saura jamais qui, où, pourquoi... Le film utilise aussi l'idée de la femme-objet sexuel, entièrement offerte aux membres. Aux membres du club. Elle ne dit pas un mot du film ! On se fiche éperdument de savoir si elle est consentante, ou non. Ca aussi ça titille l'entrejambe, ce non respect des conventions. Le spectateur novice se disait : ainsi ça existe vraiment, des endroits pareils, des gens pareils ? On est en plein trip, on est jeune, libre, on est tous frères et sœurs de baise, et le mot d'ordre est : jouissons. DERRIÈRE LA PORTE VERTE est aussi le premier film où une femme blanche a des rapports sexuels avec un homme noir.
DERRIÈRE LA PORTE VERTE ne se contente pas d'être bandant par les images qu'il montre, mais par ce qu'il suggère. Il est excitant car basé sur le voyeurisme, la clandestinité. Le club privé où se déroule cette orgie est tenu secret. Il faut être initiés pour y entrer. La jeune femme ne saura jamais qui, où, pourquoi... Le film utilise aussi l'idée de la femme-objet sexuel, entièrement offerte aux membres. Aux membres du club. Elle ne dit pas un mot du film ! On se fiche éperdument de savoir si elle est consentante, ou non. Ca aussi ça titille l'entrejambe, ce non respect des conventions. Le spectateur novice se disait : ainsi ça existe vraiment, des endroits pareils, des gens pareils ? On est en plein trip, on est jeune, libre, on est tous frères et sœurs de baise, et le mot d'ordre est : jouissons. DERRIÈRE LA PORTE VERTE est aussi le premier film où une femme blanche a des rapports sexuels avec un homme noir.
Le
film aligne des scènes à la fois sensuelles, délicieusement obscènes, et acrobatiques,
notamment la fameuse séance des trapèzes, bien montés par des types en collant
blanc découpés à l’entre jambe ! L’héroïne y fait preuve d’un talent buccal
certain. Elle passe entre les mains expertes de quelques dames, accessoires en
prime. Les éclairages sont soignés, on se croit dans un théâtre d’avant-garde,
une performance arty. Et comme on est en 1972, les frères Mitchell usent d’artifices
psychédéliques, effets de superposition d'images, prismes, solarisation (rappelant, donc, 2OO1) ralentis,
dans une scène mémorable d'éjaculation qui n’en finit pas (et dont l'actrice pourtant très à l'aise, ne garde pas un souvenir très agréable). Les réalisateurs jouent avec les
filtres de couleurs comme Godard dans LE MÉPRIS !
La
Brigitte "tu les trouves jolies mes fesses" Bardot des frères Mitchell, c’est Marilyn Chambers. Elle est radieuse, ne correspond pas au physique type, elle est la parfaite ingénue, belle,
douce, dévoilant une lubricité sans limite. A l’opposé d’une Linda Lovelace,
actrice de GORGE PROFONDE, minaudant comme une pouffe de télé réalité la sucette entre les dents. Marilyn
Chambers, serveuse seins nus, un peu mannequin, un peu actrice, a obtenu le
rôle en répondant à des petites annonces. Un des frères Mitchell lui a fait ce
beau compliment : "tu as un visage sur lequel tout garçon aimerait poser sa
bite". C’est-y pas romantique ?
Son
contrat stipulait qu’elle choisirait ses partenaires, ne serait contrainte à
rien, et qu’elle toucherait un pourcentage sur les recettes. Et elle a bien palpé. Parce que propriétaires de leurs salles, les Mitchell contrôlaient toute la
distribution. Et ont vendu leur film avec un bon plan marketing. Il y avait une
pub célèbre à l’époque, pour les savons Ivory, dont le slogan disait : « pur
à 99.44% ». Les frères Mitchell le détournèrent sur leurs affiches, sous une
photo de l’actrice, on lisait « impure à 99.44% ». Génial !
Marilyn
Chambers faisait étalage dans ses interviews de toutes ses expériences, sa philosophie de vie basée sur le sexe, c’était
l’époque où les acteurs pornos étaient en vogue, amis des stars, des people qu’il
était d’usage d’inviter à Hollywood. Certains s’y voyaient déjà, et s’y sont cramés
les poils. Le circuit X n’était pas encore un placard honteux, on était en pleine contre-culture, et le public se
pressait dans les salles. En Europe, les critiques de cinéma relayaient le succès du film, se
pâmaient devant ce joyau porno, croisement de Godard et Bergman. Il sera projeté
à Cannes.
Les
frères Mitchell et leur muse tourneront l’année suivante LA RÉSURRECTION
D’EVE, et travailleront plusieurs années ensemble sur des spectacles live. Marilyn
Chambers meurt d’une crise cardiaque en 2009. Les frangins, accros à la coke, ont fait pas mal de passages en taule. Ils arrêtent le cinéma pour se consacrer au théâtre, mais y reviennent avec une PORTE N°2 en 1986, toujours verte, mais sans leur actrice légendaire. En 1991, Jim Mitchell abat son frère Artie d’un
coup de fusil. Dispute con-fratenelle... Il sera condamné, emprisonné, puis libéré, et meurt en 2007. Un téléfilm avec Emilio Estevez et Martin Sheen (deux frères dans la vie) retrace
leur vie.
Triste
parcours pour ces deux frères, nababs hippies du porno californien, qui ont
laissé à la postérité ce film considéré comme le chef d'oeuvre du genre, expérience visuelle délirante. De l'art ou du cochon ? Les deux mon colonel.
BEHIND THE GREEN DOOR (en VO)
Houla !? Houla ? Houlala !!!!
RépondreSupprimerNom di diou ! Quelle culture !!
RépondreSupprimerEt après on se demande se qui provoque la canicule !
(notre compteur de fréquentation vient de passer au rouge - c'est un nouveau record -)
Jim Mitchell aurait du tirer sur son frère avec son pistolet à moustache. Ça n'a jamais tué personne...
RépondreSupprimer- Ohhhh M'sieur Claude, vous êtes d'une vulgarité !!!
- Désolé Sonia, et ne jouez pas les saintes-nitouches....
La pochette de "Sticky fingers", ce film ...
RépondreSupprimerTu vas finir par faire la fortune des psychanalystes.
Ce film a inspiré (entre autres) les Cramps pour un titre assez démoniaque ("Green door"), interprétation psychopathe qui donne pas envie de pousser la porte verte pour voir ce qu'il y a derrière ...
Seulement 1'47 d'extrait ... pfff ...
1'47... Pourquoi, toi aussi t'as essayé de regarder l'extrait ?...
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