Voilà le film qui fait du bien,
en ce moment, avec tout ce qu’il se passe, ma bonne dame. On dit toujours qu’une
bonne comédie, il n y a que ça de vrai pour le moral des troupes, mais c’est
encore mieux lorsque cette comédie porte avec elle du rêve et de l’évasion,
de proximité, à moindre frais.

C'est après tout un délire autour des palindromes, ces mots qui se lisent dans les deux sens, que Michel en
arrive au kayak. Un palindrome, donc. C’est dans ces moments qu’on voit la
précision de l’écriture, comment Podalydès enchaine les idées, les allusions,
pour expliquer le processus : comment un fou d’aviation en vient à commander
sur Internet un kayak, avec le projet de rejoindre l’océan, en partant des
Yvelines ? Car voilà le nouveau rêve d'aventure de Michel.

Après un dernier apéro, et une sieste avec Rachel, ça y
est, Michel se met à l’eau. Et le film prend son rythme. La nature est
contrariante, Michel appelle sa femme au téléphone 10 minutes après son départ, pour
venir le remorquer car son kayak coincé dans une souche ! Il reprend sa
route, et on le suit, paisible, à la fraîche, pagayer sur des bras de rivières ombragées. Tel Ulysse et ses sirènes (après s'être égaré, sur une rivière faut l'faire !), Michel tombe sur un îlot magique. Une gargote tenue par Laëtita,
quinqua énergique tout en charme et rondeurs, secondée par la belle Mila (« - vous
êtes d’où ? - Je suis milanaise. - Ah, comme l’escalope ?! »). Et deux
gugusses adeptes de l’absynte, ce qui nous vaut encore un numéro exceptionnel de Michel Vuillermoz, à la démarche monty pythonnesque.

On peut regretter que certaines
(bonnes) idées ne soient pas davantage développées, pour en profiter plus longtemps ! Comme le coup des photos géolocalisées. Car
Michel envoie des preuves à sa femme, de ses étapes, sauf qu’il est toujours au
même endroit ! Il se contente donc de gros plans sur des troncs d'arbres ! Bonne idée aussi que ce pêcheur-Arditi, joué par Pierre Arditi, bourru au départ, puis grossier et carrément fou à lier ! Mais là encore, on aurait aimé que ça aboutisse en terme d'action, pas juste un gimmick comique. La fin est plus statique, à
force de profiter de son petit paradis, et c'est vrai qu'on s'y sent bien, Michel/Bruno Podalydès en oublie de relancer son intrigue.
Les comédiens sont tous fameux,
Sandrine Kimberlain en tête, Agnès Jaoui, Vimala Pons (trois beaux rôles de femme), Michel Vuillermoz... Au début on tique un peu sur le jeu Bruno
Podalydès acteur (il a toujours fait des apparitions dans ses films, là il tient le premier rôle), le visage moins expressif, le corps moins agile, surtout lorsqu’il est
face à son frère Denis Podalydès.
Un film inventif, toujours amusant, jamais paresseux, basé sur le visuel autant que sur les répliques à
double détente, un hymne au bonheur, simple, un conte libertaire qui charrie un charme certain. Il manque sans doute quelques développements et un coup de nerf dans la dernière partie,
qui emballerait vraiment le tout.
Couleur - 1h45 - format 1:85
ooo
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire