R.I.P. - PATACHOU (10/6/1918 – 30/4/2015)

Je vous parle d'une dame que les moins de 60 ans ne doivent pas connaître… Cette adaptation libre de la "bohème" d'Aznavour n'est pas un hasard car la chanteuses qui vient de nous quitter avait chanté des textes du jeune Charles… Poutr être honnête, et mon ami Pat Slade m'a dit de même, j'ignorais qu'elle fut encore de ce monde…

Patachou ? Drôle de nom de scène que Henriette Ragon née à Paris héritera lorsqu'elle reprendra en mains, et surtout animera, dès 1948 le cabaret de la butte Montmartre portant cette enseigne pseudo pâtissière… Avant : dactylo, ouvrière, antiquaire… Elle savait rebondir Henriette… Elle n'a pas froid aux yeux car elle bouscule dans son cabaret la tradition de la chanson française réaliste ou humoristique. Patachou met au  goût du jour la rengaine gauloise comme "La chose" (sous titrée "les ratés de la bagatelle") où elle énumère les diverses motivations pour effectuer ou pas des galipettes. Elle n'est pas la première femme a chanter un répertoire grivois, mais à cette époque, le genre signe son style…

Chez Patachou, au départ un restaurant acheté avec son mari antiquaire, le client masculin se fait couper la cravate qui finit pendue au plafond. La farce singulière est un honneur. On se bouscule. Le tout Paris des chanteurs déjà célèbres comme Maurice Chevalier ou Francis Lemarque s'y pressent. C'est le premier qui, enchanté par sa gouaille féminine héritée des titis parisiens, l'a poussée vers la scène. Au programme : des chansons gaillardes certes, mais des refrains à la mode qui sont les hits du moment : Rue Lepic ou Un gamin de Paris.

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Sa carrière s'envole en 1950 hors des murs de Patachou. En première partie d'un spectacle d'Henri Salvador à l'ABC où elle reprend l'inusable "C'est mon homme" de Mistinguett. Jacques Canetti lui offre son premier tour de chant à Bobino et elle enregistre son premier disque. Elle anime toujours Patachou qui voit un duo comique apparaître : Raymond Devos et Pierre Verbecke. Les débuts

1952 : Patachou rencontre Georges Brassens qui lui chante quelques unes de ses compositions : Le Gorille entre autres quelle ne chantera pas, préférant des titres comme La Chasse aux papillons ou La Mauvaise Réputation. Par contre, elle offre sa scène à Brassens déjà secondé par Pierre Nicolas à la contrebasse. La légende Brassens débute, là où le poète découragé pensait à saborder sa carrière au point mort…

Patachou va poursuive son rôle de découvreuse de talents tant dans son domaine de la butte qu'à la télévision naissante, et l'on voit défiler des débutants comme Jacques Brel, Hugues Aufray, Maurice Fanon, Nicole Croisille, Charles Aznavour, Guy Béart. Elle chantera d'ailleurs de nombreux succès écrits par cette liste surréaliste de talents et d'autres plus anciens. Elle vendra le Patachou en 1960. Et  donnera même un coup de pouce à Alan Stivell en 1966.

Jusqu'au début des années 70, Patachou enchaîne récital sur récital sur les scènes parisiennes ou internationales. Puis on la voit au cinéma dans des petits rôles du Napoléon de Sacha Guitry au Pola X de Léo Carax.

Une époque bien révolue, celle des chanteurs dont on comprenait les paroles, a contrario des borborygmes insipides susurrés dans un micro collé sur les lèvres tellement la voix est défaillante qui et sont le lot de la variété "moderne"…

Les textes étaient au mieux géniaux de poésie et au moins pétillants et poilants. Quelques auteurs-compositeurs actuels tentent de surnager dans les cabarets confidentiels où dans les festivals, sacrifiés par les médias sur l'autel du business… Ouais ouais, je radote, je me fais vieux et gronchon, mais franchement : vous avez lu comme moi la liste des pointures mises sur orbite par Patachou.

Adieu Henriette, et au paradis n'oubliez pas de leur donner des cours sur "La Chose", au cas où…