J’ai
déjà rendu hommage au beau sexe... Aujourd’hui, si les canons de la beauté dans
le paysage musical féminin sont filiformes, Juliette et ses formes plantureuse fait figure
de trublion. Juliette Noureddine : un visage avenant et souriant. Cette
parisienne avait un grand père d’origine Kabyle et un père saxophoniste
dans le prestigieux orchestre du capitole de Toulouse. C’est donc dans la ville
rose qu’à partir de l’âge de treize ans, son héritage en matière de
musique va se développer et se diversifier : du classique au jazz en passant
par la musique arabe et la chanson populaire. Juliette pourrait être comparé à
un Mouloudji en jupon, points communs : l'origine Kabyle
et la parisienne coté rive gauche. Elle fera des études en musicologie et en
lettres, mais ça ne durera qu’un temps. Son école ce sera les bars et les
restos de Toulouse qu’elle commence à écumer avec son piano sous le bras en
interprétant Piaf, Barbara,
Bobby Lapointe et Jacques
Brel. Son répertoire puisera aussi dans la chanson réaliste des années
30.
Autant
à l’aise sur scène que dans l’écriture, elle essaye de mettre en musique «Les fleurs
du mal»
de Baudelaire. Le projet n’aboutira pas mais se
sera son cheval de bataille par la suite. Elle chantera des poètes comme Georges Sand et Alfred de
Musset ou ajoute ses vers à des musiciens comme Frédéric Chopin tout en apportant sa touche personnelle de gauloiserie.
Elle
apparaît au grand public au Printemps de Bourges en 1985 dans la catégorie jeune talent. Elle s'y présente deux années
de suite. Petit à petit, elle se forge un répertoire et surtout un public et tourne beaucoup. En 1990, elle assure la première partie de
Jean Guidoni (Chanteur hors-norme injustement oublié).
En
1991 sort le premier album officiel «¿Que tal ?» enregistré en public. Le show commence
avec du Guidoni, passe par du Bobby Lapointe et une reprise d’Edith Piaf «L’homme à la
moto», le titre qui fera connaître l’album, le reste est du Juliette.
Juliette et ses irrésistibles rimes féminines
Le Destin de Juliette
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«Irrésistible»
en 1993 aura autant de succès que le
premier album. La chanteuse est accompagnée sur scène d’un piano et d’un accordéon. Les titres «Petits métiers»,
«Manèges» ou
«Monsieur
Vénus» sentent bon les cabarets Rive-Gauche, l’odeur du
métropolitain et du pavé parisien des années 60. Un parfum de nostalgie qui
séduira Frédéric Dard qui siège à l’Académie
Charles Cros et qui en fera sa lauréate de l’année. L’année suivante, elle est
nominée aux Victoires de la musique dans la catégorie révélation féminine avec Hélène (Sans les
garçons). C’est Nina Morato qui l’emportera (Ne me demander pas ce qu’elle est devenue, elle n’a rien fait depuis 1999.
Que voulez vous ! On donne des récompenses à n’importe qui !). Malgré une époque où l’on
écoute que des chanteuses à play-back, Juliette sera le clou dans le pied de la mode
et réussira à se forger une image dans le milieu de la chanson à textes. Après
un album live «Juliette
chante aux Halles» enregistré à l’auditorium du forum des
Halles (Tiré à 5000 exemplaires, il est
maintenant épuisé, pour ceux qui
l’auraient, à conserver précieusement !), elle enregistre «Rimes féminines»
ou elle énumère des portraits de femmes célèbres : de Camille Claudel à Maria Callas
en passant de Kiki de Montparnasse à Colette et Claire Bretécher.
Si toutes les angoisses de la vie passent dans ses paroles et sa musique, elle
laisse toujours planer une touche d'humeur badine et légère voir ironique. Même si les opinions
de la chanteuse penchent clairement à gauche, elle ne badigeonne pas tous ses
textes de ses opinions pour autant. Malgré ses idées, elle apprécie de se faire
appeler «Patronne» par ses musiciens.
La
même année, elle devient écrivain et publie une nouvelle «La Valse». Ce visage de Juliette
peu connu est visible sur un site ou sont réunis d’autre textes (Clic). Après un troisième live : «Deux pianos»
enregistré salle Gaveau, elle sort son album peut être le plus populaire «Assassins sans
couteaux». Les titres comme «Le prince des amphores» ou «La ballade
d’Eole» sentent, comme dans «Irrésistible», les cabarets parisiens d’une
autre époque. La critique ne si trompera pas, Juliette recevra en 1997 une Victoire de la Musique comme révélation
féminine de l’année.
Le Destin de Juliette
Après
une compilation de 3 CD : «Sur l’oreiller»,
«Le festin de
Juliette» confirme son succès, elle décroche une nouvelle fois
le Grand prix de l’Académie Charles-Cros. Elle est désormais une personnalité
publique. On peut la voir dans des émissions télévisés et même sur les écrans de cinéma.
En 2003, elle va s’occuper du destin
d’une jeune chanteuse sortie tout droit de la Star Académy, Olivia Ruiz, elle lui
écrira plusieurs titres.
Mettre le pied à l’étrier de
quelqu’un, c’est bien ! Mais il ne faut pas oublier sa propre carrière, et
Juliette
ne l’oublie pas, elle continue à sortir un album tous les deux ans en moyenne
sans parler de ses contributions et duos avec d’autres artistes. En 2006 c'est la consécration avec une victoire
de la musique de l’artiste interprète Féminine.
En 2013, sort «Nour» son huitième album
studio. Un album dont le titre porte la moitié de son nom et qui veut dire «Lumière» (En
entier, Noureddine
signifie lumière de la religion). Des titres qui traitent de sujets graves
comme «La
petite robe noire» qui parle du sort des femmes battues ou
encore «Nour»
sur le droit de mourir dignement.
Juliette est une adepte des jeux vidéos
et une inconditionnelle d’Internet, elle y puise son inspiration et trouve la
matière pour écrire ses textes. Amoureuse aussi du bon vin, la joviale et bonne
vivante Juliette
n’est pas un OVNI de la "variété", mais un satellite tonitruant d’une
certaine tradition de la chanson française loin des critères anorexiques et décervelés du
show-business.
Merci pour cette bio que j'ai lue avec plaisir. J'avais oublié que "Juliette chante aux halles" était un tirage très limité. Je me suis souvenu effectivement que je l'avais acheté par souscription (j'avais assisté à l'un de cette série de concerts, j'en ai encore des souvenirs très précis malgré la centaine de concerts qui a suivi). Je le garde donc précieusement (ben, comme tout le reste de sa discographie, quoi).
RépondreSupprimerC'est toujours un plaisir d'écrire sur des artistes qui sont en marge du showbiz et si en plus je fais des heureux, cela veux dire que j'ai réussis ma tâche
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