jeudi 23 avril 2015

LE GLAM ROCK - par Pat Slade








Éclats et Paillettes ou Glam and Glitters




Au début des années 70, le rock commençait à s’essouffler, les trois J : Jimi Hendrix, Janis Joplin et  Jim Morrison vivaient leurs dernières années, et le Flower Power commençait à se faner. Un nouveau phénomène venant d’Angleterre allait donner un coup de balai et déclencher un nouveau mouvement de mode très bling-bling à travers des tenues très flashy où la paillette l’emportait sur les fleurs et le peace and love. Semelles compensées, maquillage outrancier et ambiguïté sexuelle ne seront pas ses principales marques d’identification. Non, plutôt un rythme de musique très tribale, toujours à quatre temps, mais avec le «Stomp», le frappé prononcé du pied sur le plancher comme T-Rex et Slade. Très basique peut être, mais le Glam Rock était quand même du rock ‘n’Roll pur et simple.

MARC BOLAN


Le premier à faire son apparition est Marc Bolan et Tyrannosaurus Rex qui, en 1968, déjà avait sorti un album ou le titre occupait pratiquement toute la pochette et était incompréhensible : «My People Were Fair and Had Sky in Their Hair... But Now They're Content to Wear Stars on Their Brows» (Mon peuple était juste et avait le ciel dans leurs cheveux… Mais maintenant il est content de porter l’étoile sur ses sourcils). Un rock basique à la Bob Dylan, mais la différence était que Marc Bolan était une bombe sexuel à retardement, Dylan n’en n’était pas une. Il faudra attendre 1970 pour que le groupe raccourcisse leur nom et le libellé de leurs titres. T-Rex sortira l’album éponyme «T-Rex». Mais il ne fut pas le seul à lancer le genre, on pourrait aussi dire que les Pink Fairies feront partie des premier groupe Glam-Rock.


SLADE
En 1971 arrive Sweet, son image androgyne et ses bottes à semelles compensées. Voix haut perchée, rythmique lourde, Sweet arrivera à décrocher beaucoup de hits comme «Teenage Rampage» et surtout «Ballroom Blitz». Il ne faut pas oublier non plus les New York Dolls : le groupe de Johnny Thunders et David Johansen et leur premier album qui reste un classique du genre. Et puis arrive Slade qui, avant de tomber dans ce mouvement de mode, avait flirté avec le look skinhead. Mais Slade changera de style grâce à son manager  Chas Chandler (Ex. Bassiste des Animals et manager de Jimi Hendrix). Après deux albums, un portant le label de Ambrose Slade «Beginnings» l'autre : Slade «Play it Loud», il enregistre «Slade Alive» où le fameux rythme «Stomp» apparait dans le titre «Get Down and Get With it» (Ev'rybody stamp your feet, oh my my my my♫♪). Slade deviendra Glam et Glitter avec Dave Hill le guitariste aux extravagantes tenues argentées et sa guitare «SuperYob», une guitare customisée à la forme futuriste, et sans parler des chapeaux haut de forme à miroirs de Noddy Holder. Et pour finir avec les groupes, Mott the Hopple de Ian Hunter et Mick Ronson et «All the Young Dudes» un album produit par David Bowie qui ira jusqu’à composer le morceau titre. Peut-on dire que les groupes de Glam-rock ont été les précurseurs de la musique Punk ?





Le Glam, Star système, extravagance et décadence




GARY GLITTER
Beaucoup d'artistes ont traversé cette mode pailletée et kitsch, Marc Bolan le sexe-machine à hits le premier. Freddy Mercury va lui aussi flirter dans le domaine avec le nom de Larry Lurex. Alors que T-Rex enchaîne les hits et que Slade commence à engranger les siens en écrivant ses titres phonétiquement («Coz I Luv You»), un zigoto complètement allumé sous le nom de Gary Glitter apparait les cheveux ébouriffés et les yeux écarquillés, s'affichant dans des poses grandiloquentes et outrancières, le tout moulé dans une tenue argentée. Son single «Rock and Roll (Part1)» en face A et «Rock and Roll (Part 2)» en face B tient la dragée haute à «Get it on» de T-Rex, il remet le couvert  en 1973 avec «Hello ! Hello ! I’m Back Again» (Bonjour, je suis de retour à nouveau !). Quand on sait par la suite que le bonhomme a été jeté en prison pour abus sexuel sur mineurs et pédophilie, on ne veut plus le voir revenir (Goodbye ! Goodbye ! One do not want to see any more returning!). De toute manière, il a été condamné à 16 ans de prison le 27 février dernier. Mais même si pour certains il reste un charlatan (Et il en était un !), il a poussé le ridicule du Glam-Rock à son paroxysme.


DAVID "Ziggy Stardust" BOWIE
Il y avait aussi du faux Glam comme Elton John à l’époque de «Rocket Man» avec ses lunettes pailletées ringardes et ses tenues de canard ou décorées de plumes. Il s’est servi du mouvement pour élargir son public. Il y a un artiste qui n’était pas du tout Glam au départ et qui deviendra un flambeau du mouvement : David Bowie avec son personnage de Ziggy Stardust, un extraterrestre asexué qui vient sur terre pour réapprendre au public ce qu’est le Rock and Roll, une idée typiquement Glam. Et puisque le Glam-Rock est un retour à la source du Rock and Roll, Ziggy Stardust déclenche ce que l’on appellera la «Bowie mania».

The Fall and the Rise of Ziggy Stardust” sera la bible musical Glam-Rock de l’époque de Bowie, Comment oublier des titres comme “Ziggy Stardust,Suffragette city” ou “Rock‘n’Roll Suicide». Un album qui varie entre pop et rock au riff accrocheur avec des mélodies qui reste facilement en mémoire. En 1973 Ziggy Stardust se "suicide" sur la scène de l’Hammersmith Odéon à cause d’un trop grand succès au profit d’un autre personnage «Aladdin Sane» (Un jeu de mot  sur A ladd Insane, littéralement un type malade).


Alice Cooper
1972 a été un véritable creuset de talents même si certains comme Vincent Furnier, plus connu sous le nom d’Alice Cooper (Au début, Alice Cooper était le nom du groupe et Vincent Furnier n’en était que le chanteur), a profité de la vague Glam pour y mettre sa touche personnelle avec son jeu de scène digne d’un film d’horreur gore comprenant l'exhibition de son boa constrictor. Il durcira aussi sa musique avec l’album «School’s Out». Alice Cooper musicien Glam ? Oui mais une formation version américaine qui donnera plus tard Kiss et Angel. Cela dit, il ouvrira la porte au Hard Rock que Jimmy Page et Led Zeppelin enfonceront définitivement.

ROXY MUSIC
Et puis arrive le Glam-rock Dandy avec Bryan Ferry, Brian Eno et Andy Mckay qui créeront Roxy Music. Bryan Ferry : le dandy crooner anglais et Brian Eno avec ses costumes extravagants et son image d’ange asexué (Lapalissade) feront du groupe l’avant-garde du mouvement Glam avec ses pochettes d’album provocatrices comme «For your Pleasure» avec une Amanda Lear en cuir noir dans une position très… Glam ou sur «Stranded» avec la playmate Marylin Cole allongée lascivement sur un tronc d’arbre. Roxy Music ? Plus Glam ? tu meurs !! 



DAVID ESSEX
Même le show-bizness s’est emparé du Glam avec des groupes kitsch à souhait comme les Osmond Brothers, un groupe concept créé par MGM Records pour tenir la pige à la Motown et leur Jackson Five. Une grosse machine qui fera les beaux jours des hits pendant 6 ans avec des tubes comme «Down by a Lazy River» ou «Crazy Horse». The Osmond Brothers, une grosse machine à fric, pas à musique. Encore un groupe qui fera les beaux jours des émissions de Guy Lux. The Rubettes qui lui aussi surfera sur la vague Glam avec leurs costards blancs et leurs casquettes de golf. Le groupe et son chanteur à la voix haut perchée enchainera les hits comme des perles à un collier. Autre et dernier exemple du chanteur que l’on va lancer comme produit : David Essex. L’image parfaite du bellâtre qui aura du succès auprès de la jeune gente féminine (Comment ça je suis jaloux ?). Des hits vainqueurs «Rock On» et «América», mais dans le fond sur un point de vue musical, le néant.

SUZY QUATRO

Pendant que Bolan et Slade squattent toujours les hauteurs des classements internationaux, de petits groupes et de nouveaux visages apparaissent. Dans ce milieu typiquement masculin et un tantinet macho, une jeune américaine de 23 ans habillée de cuir noir et armée d’une basse va venir jouer dans la cour de ces messieurs. Suzy Quatro sera la seul femme à avoir fait une incursion dans le Glam-Rock. Après avoir traversé l’atlantique, elle se retrouve en Angleterre ou elle signe chez RAK Records. Elle enregistre le hit «Can the Can» et va presque détrôner tous les poilus du Glam qui occupaient les charts. Elle recommence la même année (1973) avec «48 Crash». Dans toute sa carrière, même si celle-ci continue toujours (Son dernier album à vue le jour en 2006 avec Andy Scott le guitariste de Sweet), elle a aligné pas moins de 16 titres dans les hit-parades britanniques. Elle a influencé beaucoup de femmes dans le monde du rock dont Joan Jett qui reconnait l’avoir prise comme modèle.

ALVIN STARDUST
La variante Glam de Gene Vincent a existé. il s’appelait Alvin Stardust. Blouson et pantalon de cuir noir et coupe de cheveux façon «Banane» des années 50 mais avec les paillettes en plus. Des gants noirs avec de grosses bagues bien brillantes aux doigts, bracelet clinquant, rouflaquettes qui descendent jusqu’à la commissure des lèvres, cette caricature de rocker ne fera qu’un déjeuner de soleil. Le titre «My Coo Ca Choo» à sa grande surprise se classera n°2. Il aura aussi son n°1 en 1974 avec «Jealous Mind».  

SPARKS
Encore des américains émigrés en Angleterre : Sparks avec les Frère Ron et Russel Mael qui se feront connaitre par leurs troisième album «Kimono my House» et le titre «This Town Ain't Big Enough for Both of Us». La personnalité des frères Mael, une histoire rocambolesque à elle seule. Si Russel arbore un physique androgyne et s'agite comme une vraie pile électrique et bouge à la manière de Roger Daltrey, autant son frère Ron, en chemise blanche et cravate, les cheveux gominés et la moustache en brosse qui aurait fait « Führer» à une époque, reste impassible derrière son clavier sans jamais regarder ses mains. Il lance des regards furtifs et inquiétants aux caméras qui le filment de prêt, on croirait même quelquefois qu'il s'ennuie à cent sous de l'heure. Sparks saura toujours rebondir de vague en vague, du rock à la pop en passant par le Glam et le psychédélique il est toujours là et toujours de mode.

Le cinéma embrassera aussi la mode Glam avec quelques films qui approchent le sujet comme : «Born to Boogie», un documentaire de et avec Ringo Star et Marc Bolan, « (Slade in) Flame» l’histoire d’un groupe fictif avec Slade et Tom Conti (Que l’on a pu voir dans le film Furyo avec David Bowie) ou encore «Ziggy Stardust» un documentaire sur le concert de David Bowie en 1973.  
Officiellement, le mouvement Glam-Rock est mort en 1975. Même si les groupes et les artistes cités ci-dessus continueront leurs chemins, ils changeront de voies ou évolueront vers d’autres champs d’investigation. D’autre tomberont au chant d’honneur comme Marc Bolan qui un soir de septembre 1977, à 29 ans, perdra la vie après un accident de voiture. Le Glam avait perdu un de ses meilleurs représentants. 



13 commentaires:

  1. A la rubrique cinéma-glam, n'oublions pas le délirant Rocky Horror Picture Show (1975), avec la délicieuse Susan Sarrandon qui passe son temps à courir en petite culotte (ahhh, Susan....). Les chansons sont de Richard O'Brien, et on y croise le subtil Meat Loaf à moto !! Je l'ai montré à mes gamins (faut bien les éduquer ces p'tits mignons), les pauvres, découvrir que des rockers purs et durs pouvaient porter des bas résilles, ça leur a fait tout drôle !!

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  2. Il a pas dévissé sec au niveau cul lui ?

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  3. "Rocky Horror Picture Show" est un classique du genre; Tu parles de Meat Loaf et il y a longtemps que je veux faire quelques chose sur le tas de viande, etant plus carnassier que végétarien, ça tombe bien. Rien qu'avec l'album "Bad Out of Hell" Il y aurait de quoi faire une chronique.

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  4. Et en parlant justement du Rocky Horror Picture Show, film culte par excellence, il y a aussi Tim Curry, dans son 1er long métrage.
    Tim Curry qui interpréta aussi le grand vilain diable rouge (avec les cornes les plus maôsses de toute l'histoire du cinéma) dans "Legend" de Ridley Scott.

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  5. Et si le premier groupe de Glam-rock était tout simplement le quatuor de prolétaires de Wolverhampton : Slade.
    Sachant que le 1er opus Glam de Bolan, "Electric Warrior" date de 1971. Sur "T.Rex", 1970, Marc pratique encore un folk-rock à la Dylan, non ?

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  7. Slade a sortie son première album en tant que groupe Glam en 1972 et c'était le fameux "Slade Alive", mais Sweet avait un an plutot sortie "Funny How Sweet Co-Co Can Be" même si à l'époque ils faisaient encore une pop rock un peut trop sirupeuse à mon goût.

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    1. Ha ? Et "Play it Loud" de Slade, sorti en 1970 ? Ce n'est pas du Glam-rock ? Admettons (le look skinhead les a desservi).
      Mais, alors, rappelons que "Coz I luv You", leur premier N° 1, date de 1971. Et on ne parle pas du fameux "Get down and get with it", sorti quelques mois plus tôt, parce que c'est une reprise (bien que Slade y ait apposé sa marque au fer rouge).
      Quant à l'emblématique "Slade Alive !", effectivement, édité en 1972, mais enregistré en octobre 1971. "Look wot You dun" date aussi de 1971, il me semble, non ? (à vérifier)
      Là où je veux en venir c'est que, même si l'on ne considère pas "Play it loud" comme un disque de Glam-rock, quand Marc Bolan a débarqué avec son "Electric Warrior", Slade envoyait déjà la sauce et faisait péter les watts en concert depuis un bail, dans un Rock'n'Roll appuyé qui engendra le Glam-rock. Alors que Bolan parlait encore au petit peuple de la forêt et autres hobbits.

      Maintenant, Philip Auslander (auteur de "Glam Rock, la subversion des genres") place, dans les premiers artistes canoniques du Glam, en 1971, T.Rex, puis Slade. (Et, de cette première année, Alice Cooper, pour seul artiste américain)

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  8. Ouaip, Sweet portait bien leur nom. C'était un peu léger.

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  9. On ne peut pas dire que"Play it Loud" soit Glam par sa musique, quand tu prend des titres comme "Pouk Hill", "Angelina" ou ""Shape of Things to Come", bien sur tu as "Know who you are" qui sera le frémissement de leurs changement. "CozI luv You" est leur premier titre glam avec les titres en phonétiques et qui n'apparait sur aucun album hormis les lives et les compilations (Comme "Sladest"). Mais au point de vue de la bataille "qui a été le premier...", je dirais T.Rex, mais mon coeur penche quand même pour Slade, mais je ne veux pas que l'on pense que je fais du favoritisme envers un groupe que j'aime depuis presque 40 ans !

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    1. Oui, je suis d'accord : "Play it Loud" n'est pas un disque 100 % Glam-Rock. (Mais quel disque !). Toutefois, il y a, à mon sens, suffisamment de pièces du genre (ou proto-glam) pour qu'il y soit affilié. Enfin, pour ma part, je l'ai toujours considéré comme faisant partie de la genèse de ce mouvement.
      Il me semble même avoir lu que certains morceaux de ce disque avait été aussi considéré comme du proto-punk. (à moins qu'il ne s'agisse du Slade Alive !)

      En tout cas, en concert, qui étaient les rois ? Bolan ou Slade ?

      Sladest : une des rares compilations incontournables, parce que, justement, elle regroupe aussi des chansons incontournables jusqu'alors éditées que sous forme de 45 tours.

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    2. les rois sur scène? Jamais je ne pourrais (Malheureusement ! ) répondre à cette question, je suis trop "jeune" pour avoir vus l'un et l'autre en live. Slade n'est pas passé souvent en France, en 1972 à l'Olympia et en 1973 au Palais des Sports pour T.Rex, je ne sais pas. Au vus des vidéos qui existent, Slade etait tout en puissance alors que Bolan a quelques chose de sensuel que je ne saurais expliquer.
      "Angelina" préfigurer Kiss ? Oui un peut, "Angelina" à des faux airs de "Firehouse" de Kiss sur leur premier album

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  10. Est-ce que "Angelina" ne préfigurerait pas Kiss ? (sans tenir compte du pont un peu foireux - à 1:20 - )

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