jeudi 12 mars 2015

LE METRO ENTRE LES LIGNES par Pat Slade


LE MÉTRO, C’EST TROP !


Une thématique sur le métropolitain des parisiens (Tête de chien !) ou sur le métro des parigots (Tête de veau ! )



En voiture s’il vous plaît !




Nous sommes le 10 janvier 1863. Imaginé par Charles Pearson, le premier métro du monde est inauguré à Londres à 6 heures du matin. La ligne ne fait que 6,5 kilomètres et, malgré les problèmes d’aération, fonctionne à la vapeur. Durant cette journée, il transportera 30.000 passagers. Pour la France, il faudra attendre 1898 pour que débute les travaux grâce à Fulgence Bienvenüe et Edmond Huet. La première ligne (Porte de Vincennes – Porte Maillot) sera ouverte au public en juillet 1900.

Le métropolitain a bien changé, fini les poinçonneurs, les portillons automatiques, les chefs de train qui fermaient les portes et «Dinguait» le signale de départ au «Wattman» qui au milieu des étincelles ébranlait la lourde machine. Les temps ont changé et maintenant le conducteur a laissé place à l’informatique et a même laissé sa place tout court, puisque la ligne 14 n’a plus de conducteur. Mais le cinéma et la chanson n’ont pas attendu 114 ans pour s’emparer du thème et, grâce à la culture, les images du passé sont restées dans la mémoire collective.





Le poinçonneur est dans le trou





Quand on pense chanson sur le métro, on pense tout de suite à Serge Gainsbourg et au « Poinçonneur des Lilas », pourtant, beaucoup d’interprètes et de chansonniers se sont très tôt emparé du concept. Dè1891, un certain Jules Oudot qui était le cousin de Gustave Courbet écrira une chanson intitulée «Le métropolitain». Jules Oudot, à qui l’on devra les revues du théâtre Marigny au début du siècle dernier. En 1906Dranem chantera «Le trou de mon quai» qui sera repris par les Charlots en 1971. Entre 1910 et 1912, les auteurs se déchaînent autour du thème : «Au Métro » chanté par un certain Paul Vibert, un genre de Boby Lapointe de l’époque.  «Le joyeux contrôleur» d’un certain Faivre (?), «La petite dame du métro» interprétée par Germain Landry (Pseudo de Paul Lack qui lui-même est le pseudo de l’acteur Lucien Callamand qui fut l'un des premiers acteurs de cinéma français), «Le jeune homme du métro» chantée par Nitta-Jô, un genre de Damia de l’époque et, pour finir avec les années 1912, un titre pas piqué des hannetons «Les Petits pois du métro : chanson légumineuse» par Mansuelle, un gros monsieur avec une voix de ténor léger.

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Après la guerre en 1918 Marcelly (De son vrai nom Marcel Turmel) chantera «Dans les couloirs du métropolitain : Idylle parisienne». Pour la petite histoire, Marcelly sera le premier à enregistrer «Quand Madelon… » et non Bach (Non Claude ! Rien à voir avec Jean Sébastien !) le comique troupier créateur de la chanson. Mais beaucoup d’artistes plus proches de nous ont chanté leurs proses et leurs vers sur le train qui serpente sous Paname. De Henri Tachan à Pierre Louki en passant par Yves Simon, Pierre Rapsat, Pierre Perret et Jean Guidoni. Un autre titre marquant autre que «Le poinçonneur des Lilas» ? «Métro c’est trop»  en 1977 sur le premier album de Téléphone.
J’ai recensé une cinquantaine de chansons sur le métro (Peut être plus, peut être moins ?) Il existe d’ailleurs un album regroupant 48 titres des années 1900 à 2000. Mais le thème du métro est apparu non pas uniquement à la sortie d’un sombre tunnel, mais dans le noir des salles obscures et il va souvent y jouer un rôle considérable. Même Pierre Perret a pris le métro dans un titre intitulé très simplement «Le Métro». Il y a rencontré Mauricette... Le chanteur y case un max de noms de stations dans ses vers aux airs de calembours...



Le Métro en pleine lumière


La station Barbès-Rochechouart surpeuplée. Un marchand ambulant (Julien Carette) vend sa camelote. Un clochard (Jean Vilar) marche lentement en quête de quelque chose et suit un homme (Yves Montant) ; Dans la rame il lui dira : «Vous descendez à la prochaine !» Ce n’est pas une question, mais une affirmation, ce clochard n’est d’autre que le destin. «Les portes de la nuit» de Marcel Carné tourné en 1946 est un des premiers "rôles" du métro au cinéma. Les films ou l’action se passe principalement dans le métro parisien sont rares. On trouve plus souvent quelques scènes, comme celle de Jean-Paul Belmondo marchant sur le toit d’une rame dans «Peur sur la ville», dans «Une époque formidable» de et avec Gérard Jugnot, «Les rois Mages» avec Les Inconnus et encore un petit dernier car la liste est longue, «L’instinct de mort»  le deuxième film sur Mesrine en 2008.

Il y a aussi les clins d’œil dans les titres. Ainsi dans le film de François Truffaut en 1980 «Le dernier Métro» où aucun plan ne montre la moindre couleur des rames Sprague. C'est plutôt un huIs clos dans lequel un metteur en scène israélite, caché pendant la guerre dans les caves d’un théâtre, ne verra que les planches et pas les traverses des voies. Mais "l'heure du dernier métro" mentionnée dans le titre est synonyme des menaces en ces temps d'occupation. Dans «Zazie dans le métro», d’après le livre de Raymond Queneau, le film de Louis Malle de 1960, la jeune Zazie se retrouvera devant les grilles de la station Bastille fermée et ne verra donc jamais les couloirs du métropolitain. Donc ça ne vaut pas le coup de prendre un ticket de métro pour voir ces films, plutôt un billet de cinéma...

Un film où la plupart des scènes se passe dans le métro station Arsenal, sera «La grosse caisse» en 1965 avec Bourvil et Paul Meurisse, l’histoire d’un poinçonneur écrivain.

SUBWAY
Mais le seul et unique film qui se déroule dans le métro pendant 98% du temps reste «Subway» le film de Luc Besson en 1985 avec une pléiade d’acteurs dont un Jean Reno qui ne parle pratiquement pas et ne fait que jouer de la baguette dès qu’il le peut et  quelles que soient les circonstances. «Subway» : une descente dans un monde étrange et souterrain ou nous entraîne Fred (Christophe Lambert). Le monde des marginaux, des asociaux, des débrouillards et autres traficoteurs. «Subway» et sa course-poursuite entre policiers à pied ou à en patin à roulette (Jean-Hugues Anglade), scène aussi révolutionnaire que celle de «French Connection» entre une voiture et un métro. «Subway» un film qui mériterait une chronique à lui seul, bien entendu. Entre les scènes, les acteurs et une  musique inoubliable, il y aurait de quoi écrire.  

Le métro, même si il a beaucoup changé depuis sa création, reste un endroit où l’imaginaire pousse les artistes à écrire sur lui.

Encore merci monsieur Fulgence Bienvenüe.    



13 commentaires:

  1. Le ticket de métro revient souvent dans les films français, comme symbole de nostalgie du pays. Je pense à "Pépé le Moko" ou "Le salaire de la peur" où Montand trimballe un ticket sur lui, en pensant à son retour en France... (on sait comment ça se termine...). Bravo d'avoir déterré la chanson de Pierre Perret !!

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  2. Pour la chanson de Pierre Perret (rendons à César ce qu(il lui appartient) c'est Claude qui a rajouté la vidéo (Qui m'était inconnus). C'est vrai que le ticket de métro dans l'histoire du cinéma revient souvent et des fois dans une autre catégorie de cinéma à ne pas mettre devant tous les yeux (Si vous voyez ce que je veux dire), mais je ne m'y étendrais pas plus longtemps.

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    1. J'ai pas tout compris ? On peut m'expliquer plus précisément...

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    2. Ah ! je n'étais pas le seul mais je n'ai pas osé demandé un éclaircissement...
      "éclaircissement", c'est le cas de le dire.....

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  3. Pour plus d'explication, la coupe "ticket de métro" apparait dans le cinéma dit X

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    1. Ha ? Vraiment ? Et cela ressemble à quoi ? Une iroquoise ? Y'a des filles avec iroquoises ?? Étonnant non ?

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  4. Pat a dit : je ne m'y étendrai pas plus longtemps... Je réponds : dommage...

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  5. ET celle-ci de Pierre Perret, pas mal, non ?
    https://www.youtube.com/watch?v=ejJ3pZ2YdI0

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  6. Bel article !
    Ayant pratiqué ce mode de transport parisien pendant 5 ans, cela me laisse quelques souvenirs.
    Bien mon Patou !

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  7. Très bon le "Bercy Madeleine" du gars Perret !!!

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    1. A écouter deux fois pour bien profiter de toutes les horreurs, en éloignant les enfants (ce que je n'ai pas fait, je ne me souvenais pas que c'était aussi croustillant...) !!!

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    2. Luc , je me demande comment tu leur a expliqué , "elle a prit Montreuil" ou "sa motte picquet".......

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  8. en parlant de métro, ça aussi c'est marrant: http://piwee.net/1janol-alpin-nom-station-metro-photo140814/

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