mercredi 24 décembre 2014

Albert CASTIGLIA "Solid Ground" (Février 2014), by Bruno



     Avec Albert Castiglia, c'est pratiquement un retour au temps jadis du label Black Top. Celui qui avait travaillé dur dans les années 80, profitant du nouvel engouement du Blues grâce à Stevie Ray Vaughan, pour non seulement réhabiliter des anciennes gloires locales (dont Snook Eaglin, Earl King, Hubert Sumlin) mais aussi pour promouvoir des jeunes prétendants.
Ainsi cet Italo-cubain, né à New-York en 1969 (pendant qu'à quelques lieux se déroulait le festival de Woodstock), n'en a cure des pistoleros aux grattes boostées du Blues-rock US actuel, ni même de celles trempées dans un bain de Jazz. Son credo c'est une approche relativement puriste du Blues qui, pour lui, semble avoir stoppé sa mue dans les années 80. Soit en ignorant soigneusement tous ceux qui l'ont transformé par la suite à coup de bonnes doses de Rock. Même si en concert, il durcit le ton (notamment lorsqu'il empoigne une de ses Les Paul - dont une superbe Gold Top-) et s'enflamme parfois sur quelques soli, il reste modéré dans son approche

La carrière professionnelle de cet Albert de 44 piges remonte aux débuts des années 90, avec à la clef son embauche par Junior Wells, qui l'avait repéré lors d'une de ses prestations scéniques. Après le décès de Wells, en 1998, il rejoint Sandra Hall, et joue parfois avec John Primer et Pinetop Perkins
Enfin, au début du siècle il franchit le pas et se lance en solo. En 2002, son premier opus, « Burn », voit le jour. Plus tard, bien que sa Delaney Jagata Signature (1) n'ait rien de flamboyant, de flashy ou d'explosif, le « Miami New Times » le nomme « meilleur guitariste de Blues ».
Semblant dénuée d'effets, sa guitare s'inscrit dans une branche pure du Blues électrique des 80's, non loin de Jimmie Vaughan, d'Anson Funderburgh et de Steve Cropper.

     En dépit d'un chant limité, notamment par défaut de vitalité et de force, parfois à la limite défaillant - fait que l'on relève aisément sur les reprises où la comparaison ne suit pas -, « Solid Ground » est d'un bon niveau. Ainsi, bien que l'interprétation de « Have You no shame » soit irréprochable, Albert fait pâle figure face à la copie de Sean Costello. Et que dire de « Sway » (des Rolling Stones) qui prend ici un coup de vieux, comme usé par les ans, quelque peu souffreteux ? N'est pas Mick Jagger qui veut. C'est que Castiglia n'a pas recherché non plus la facilité en s'attaquant à ces compositions (toutefois personne ne l'y a forcé). Peut-être que tout simplement, c'est un mauvais choix, dans le sens où ce ne sont pas des pièces qui conviennent le mieux à son registre.
En effet, si sa voix fait preuve de lacunes sur les reprises, par contre, elle passe plutôt bien sur la grande majorité des pièces originales, y compris sur le rythmé « Love one Another » d'influence Rythmn'n'Blues de l'écurie Stax.
Mieux, elle s'épanouit lorsqu'elle se frotte à un Country-rock / Americana (les deux belles pièces de Graham Wood : « Celebration » et « Just like Jesus »), genre où il paraît exceller ; tant et si bien qu'il aurait intérêt à développer cette voie, sans pour autant lâcher le Blues.

     Un disque copieux et généreux, sans remplissage, avec quatorze pistes pour une durée totale de près de 66 minutes qui devrait séduire les adeptes d'un Blues sans emphases, tel qu'il était promu par les labels Black Top et Rounder, et tel que peuvent le pratiquer les Mike Morgan, Anson Funderburgh, Jimmie Vaughan, Fabulous Thunderbirds, John Mayall et Ronnie Earl.
Le disque a caracolé dans le Top 10 Blues du Billboard.


  1. Triflin'
  2. Keep You Around Too Long
  3. Searching The Desert For The Blues
  4. Have You No Shame
  5. Put Some Stank On It   (avec Debbie Davies)
  6. Love One Another
  7. Sleepless Nights
  8. Going Down Slow
  9. Celebration
  10. Hard Time
  11. Bad Avenue
  12. Sway
  13. Little Havana Blues (Arroz Con Mango)
  14. Just Like Jesus

(1) La "Delaney Jagata signature Castiglia" est une bien belle pièce avec un corps en frêne, au verni bleu transparent laissant voir les veines du bois, et un manche en érable et touche en palissandre (classique) montée avec deux humbuckers sur un pickguard impression "rouille" de toute beauté. 
Delaney est une petite entreprise Texane qui conçoit des guitares et des basses "fait-main", qui sait mettre en valeur les différentes essences de bois.
La petite entreprise de Mike Delaney a également réalisé des modèles signature pour Samantha Fish (la Fish, SF1), Tom Holland (Shuffle king, TH1), Mike Zito (4 modèles) et Matt Murphy.



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