samedi 22 novembre 2014

Giovanni SGAMBATI – Symphonie N° 1 - Francesco LA VECCHIA – Par Claude Toon



- Sgambati ? Sgambati ?? Vous nous parlez de pizza ou d'une nouvelle forme de pâtes aujourd'hui M'sieur Claude ? hi hi hi…
- Très rigolo ma petite Sonia… Je ne tiens pas une critique gastronomique "italienne" (cuisine dont je raffole), mais je parle d'un compositeur italien romantique…
- Désolée pour cette blague.  Encore un compositeur injustement passé à la trappe de la postérité. Un de ceux que vous aimez réhabiliter…
- Excusée pour le calembour Sonia, à force de fréquenter messieurs Rockin' et Luc, vous avez été contaminée…
- C'est vivant ce que j'entends, mais ça me rappelle un peu Mendelssohn ou certains compositeurs allemands… Juste une impression…
- Excellente remarque, Sgambati pensait italien mais composait à l'allemande si l'on peut dire… Les conséquences d'une carrière atypique !

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Giovanni Sgambati : chef d'orchestre, pianiste de talent, compositeur. Ça ne vous rappelle personne ? Sonia a déjà donné la réponse : Felix Mendelssohn, le pianiste génial, le chef qui a redonné vie aux Passions de Bach et s'est inspiré des oratorios du cantor de Leipzig pour ses propres compositions comme Paulus et Elias. Revenons au début…
Giovanni Sgambati voit le jour à Rome en 1841. Il appartient à la génération qui suit celle de Schumann et Liszt. C'est un contemporain de Brahms. Trois compositeurs qui joueront un rôle important dans la carrière de l'italien.
Enfant, il devient un pianiste surdoué qui se produit en concert dès l'âge de six ans. Il étudie pendant ses vingt premières années en Italie avant de devenir élève de Liszt en 1862. Plus qu'élève et professeur, les deux hommes se lient d'amitié et le jeune Giovanni fera découvrir les œuvres de Liszt en Italie en dirigeant notamment la Dante Symphonie en 1866 dans sa ville natale.
Dans un premier temps, Sgambati semble se diriger vers une carrière de chef d'orchestre au service de la musique allemande et austro-hongroise. En 1869, nouvelle rencontre déterminante avec Richard Wagner à Bayreuth. Le maître s'intéresse de près aux premières compositions du musicien qui débute sa carrière de compositeur depuis 1867. Le génie, pourtant avare de recommandations, l'encourage et va même jusqu'à l'aider à faire publier ses partitions chez Schott, son propre éditeur de Mayence. Sgambati sillonne l'Europe, succède à Liszt à l'Institut de France (rien que cela). Dans son pays, il enseigne le piano tout en faisant découvrir la musique germanique dans la péninsule. À cette époque, la Symphonie Héroïque de Beethoven est encore inconnue ! Ce n'est pas surprenant. Le XIXème siècle italien est le siècle lyrique absolu : Verdi, Rossini, Bellini, Donizetti, Rockini… Peu de musique instrumentale s'impose vraiment depuis la mort de Paganini en 1840.
Comme Casella plus tard, la musique de Sgambati aura du mal à dépasser un succès d'estime hors de son pays. Son concerto pour piano rencontrera pourtant un grand succès et Toscannini inscrira fréquemment sa symphonie n° 1 dans ses concerts à partir de 1899. Elle le mérite autant qu'une symphonie de Brahms
Amoureux du soleil de son pays, Sgambati composera en s'inspirant de la tradition italienne mais en épousant le formalisme germanique, essentiellement de la musique instrumentale, orchestrale ou chambriste. Il meurt à Rome en 1914.
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Francesco la Vecchia : Nous avons déjà rencontré ce maestro italien dans le blog lors de la chronique consacrée à une symphonie d'Alfredo Casella, un compositeur influencé par Mahler (Clic). Pour mémoire, ce chef de talent conduit la destinée de l'Orchestre symphonique de Rome et, en contrat avec Naxos, réhabilite les compositeurs italiens de musique symphonique éclipsés par les grandes ou petites pointures du bel canto. Je souhaite que cet album paru en 2012 soit le premier d'une collection consacrée à Sgambati. Celle-ci rejoindrait d'autres enregistrements, souvent des "premières", dédiés à Casella, des œuvres rares de Ottorino Respighi, ou encore Ferruccio Busoni, Muzio Clementi, Giuseppe Martucci et quelques autres…
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La riche palette du tableau de Célestin Messagio m'a paru illustrer à merveille les couleurs vives de la symphonie écoutée aujourd'hui. Je me permettrai un rapprochement : la 1ère symphonie de Sgambati me fait penser à la symphonie "rhénane" de Schumann revisitée par le soleil et la vitalité italienne. Autre analogie : les deux œuvres comportent cinq mouvements. Et puis à l'écoute, on va découvrir un attachement à la forme sonate si particulière des ouvrages symphoniques du romantisme allemand. L'ouvrage qui dure presque trois quarts d'heure offre une variété d'idées, de motifs et de variations qui l'inscrit sans équivoque dans l'apogée de l'époque romantique. Sgambati aurait commencé à travailler cette partition vers 1870. Elle sera publiée grâce à l'appui de Wagner. La première a lieu en 1881 en Italie.

1 – Allegro vivace – non troppo : une rue animée de Rome par un jour d'été. Musique à programme ou musique pure ? Je l'ignore, j'imagine à partir d'un souvenir perso. Trois motifs variés introduisent le premier mouvement. Sur un rythme joyeux, les bois chahutent avec les altos. La tonalité de ré majeur initiale montre la volonté d'égailler la scène et l'espace. Sgambati ne joue pas dans la cour du romantisme dramatique d'un Brahms, il s'amuse et nous avec. Seconde idée : une mélodie de flûte toujours accompagnée par le flot allègre des cordes. Troisième idée : une phrase plus sombre où dialoguent bassons, violoncelles et contrebasses. Quelques traits de cuivres pour agrémentés le tout et… une minute seulement s'est écoulée ! Cette partition réserve des surprises toutes les cinq mesures et de plus, comme on a pu le lire, l'orchestration est d'une imagination folle. À ce stade, mon article est presque terminé dans le sens où j'ai déjà bien résumé l'univers orchestral et fantasque de Sgambati. [3'40] Une petite fanfare gaillarde me fait penser à une marche rencontrée dans les péplums des années 60, en infiniment plus léger, une marche vers le Colisée ? Une thématique aussi généreuse et les facéties sans fin des développements d'un allegro témoignent de l'influence du Liszt des poèmes symphoniques, à savoir pétrir les matériaux musicaux sans retenue, distiller une fantaisie dansante et radieuse.

2 – Andante Mesto : ce mouvement lent, aux accents nocturnes, s'articule autour de deux thèmes principaux. Une fois de plus, ce sont les instruments solistes : hautbois, cors et flûte qui délimitent les frontières dans les développements. Les mélodies s'enlacent. Une flûte rieuse et la harpe se pourchassent avec tendresse. Francesco la Vecchia explore avec précision ce kaléidoscope coloré et rêveur. Je me demande vraiment pourquoi cette œuvre ne semble jamais avoir été proposée en concert depuis la bonne quarantaine d'années que j'épluche les programmes parisiens. Une musique qui va droit au cœur sans chichis ni difficulté d'écoute. Un mystère, un vrai !

3 -Scherzo Presto : fortement influencé par des airs italiens, ceux chantés dans la rue ou le bel canto, le scherzo se veut énergique. Malgré sa brièveté, aucun instrument ne semble oublié pour enluminer l'orchestration. On pense au Mendelssohn heureux de la symphonie "italienne", encore un indice montrant l'héritage de la musique romantique allemande dans le discours élaboré par Sgambati.

4 - Serenata andante : Sgambati insère avant le final un second andante doux et mystérieux, une aubade développée aux violons avec quelques notes élégantes et diaphanes de la clarinette. Je ressens par moment des accents orientalisants dans ce passage. Mais sans doute mon imagination ne devrait ressentir que des influences méditerranéennes, la chaleur d'un ténor chantant sa flamme à une jolie napolitaine… Cet ajout d'un andante avant le final assure une symétrie parfaite dans cette longue symphonie sans la prolonger abusivement. Francesco la Vecchia nous berce avec un tempo retenu et régulier. La prise de son est excellente.

5 - Finale con Fuoco : Le final se présente en rafale… La mélodie principale jaillit des violons. Elle est pimentée par l'intervention de l'harmonie. On pourra penser que l'inspiration s'émousse, que l'invention mélodique se fait plus banale que dans les quatre mouvements précédents. On rencontrait cela aussi dans les symphonies de jeunesse de Dvořák. Je serai plus indulgent face à cet allegro réjoui. Un final complexe, fugué et trop chargé n'aurait pas vraiment sa place après les enchantements de l'andante qui succède au scherzo. Sgambati a voulu faire simple et jovial. Il y a parfaitement réussi. Francesco la Vecchia joue le jeu avec allégresse…
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3 commentaires:

  1. Bonjour,
    Est-ce que la musique est en premier pour soi ?
    ou en premier pour les autres ?
    Là est la question.
    Cordialement

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  2. Bonjour.
    Waouh une sujet de bac de bon matin… Je pense que la plupart des compositeurs doivent composer pour eux-mêmes dans l'espoir d'être écoutés par les autres… Chez les contemporains (je ne balance personne), on a vraiment l'impression qu'ils écrivent pour eux-mêmes… point !
    J'ai beaucoup de plaisir "solo" à écrire mes articles et ça me fait plaisir d'avoir un lecteur aussi matinal :o)
    Cordialement.

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  3. Une symphonie très goüteuse et agréable à l'oreillle. Je n'arrive pas a comprendre comment une tel perle pus passer à l'as de la postérité car cette symphonie vaut bien d'autres de certains compositeurs Allemands. Comme tu le dis d'ailleurs, un Italien qui sonne très Allemand, mais personnellement, j'aime beaucoup
    Et en ce qui concerne la question du premier post je répondrais pour soit d'abbord et la faire apprécier au autre ensuite...

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