jeudi 16 octobre 2014

LEONARD COHEN et ADAM COHEN : Une Histoire de Famille - par Pat Slade






Leonard Cohen, le héros solitaire




The Buckskin Boys
Le Canada nous a donné beaucoup de talents. En janvier 2013, j’avais déjà parlé des Canadiens francophones donc rendons hommages au Canadiens anglophones. De Paul Anka à Bryan Adams en passant par Kid Créole et James Labrie le chanteur de Dream Theater, les groupes comme Saga, Rush ou Steppenwolf le Canada a étendu les branches de sa culture dans toutes les directions que la musique aient pu apporter (Non ! pas Justin Bieber ! Oui ! Je sais il est Canadien ! Mais restons dans la culture s’il vous plaît ! Pourquoi pas Garou et Roch Voisine pendant que l’on y est !) Mais c’est surtout dans le domaine du folksong que la Canada se démarquera. Gordon Lightfoot, Joni Mitchell, Neil Young et Leonard Cohen, quatre noms qui vont changer la musique.

Leonard Cohen est issu d’une famille juive russo-polonaise. Il naît en 1934 dans un quartier riche de Montréal. Très jeune, il est passionné par la littérature et pas uniquement les auteurs anglo-saxons, Camus et Sartre font partie de sa bibliothèque. La poésie l’influence aussi énormément, entre autres : Federico Garcia Lorca. Mais la Bible sera son livre de chevet. Il fera des études d’Histoire et commencera à écrire des poèmes. En parallèle, il commence à s’intéresser à la musique et jouera dans un groupe de folk-country-music «The Buckskin boys». A 22 ans, il publie un premier recueil de poème : «Let Us Compare Mythologie». Le livre est bien accueilli,
Léonard Cohen et Judy Collins
mais les ventes ne dépasseront pas la centaine d’exemplaires. En 1959, il part séjourner quelques temps à Londres et en Grèce sur l’île d’Hydra où il va rester 7 ans. C’est dans cet endroit propice à l’inspiration qu’il rencontrera dans une librairie sa compagne de l’époque et qu’il écrira trois livres. Même si
ses ouvrages ont un certain succès auprès des critiques, ils ne se vendent qu’à très peu d’exemplaires, et comme l’écriture sur papier ne nourrit pas son homme, il cherche une autre voie pour gagner sa vie et la musique s’impose tout naturellement. Il se rend à Nashville pour tenter d’enregistrer un album de country, en faisant une halte à New York, il découvre Joan Baez, Bob Dylan, Joni Mitchell et Tim Buckley. Il commence à fréquenter Greenwich Village pour placer ses chansons et rencontre Judy Collins à qui il donne «Suzanne» qu’elle enregistrera sur son sixième album en 1966 «In my Life». 

Il commence à se faire un nom et rencontre des personnalités de tous bords, d’Allen Ginsberg à Andy Warhol et des musiciens du Velvet Underground comme Lou Reed et Nico. En 1968 il enregistre «Songs of Leonard Cohen». Au Etats-Unis l’album n’aura qu’un petit succès, alors qu’en Angleterre et en Europe c’est une découverte totale, et un succès plus important que sur le nouveau continent. Sont mis au rang de classiques des titres comme «Suzanne», «So long, Marianne» et «Sisters of Mercy».





Leonard Cohen, Un Oiseau sur un Fil 



Ile Of Wight 1970
L’année suivante sort  «Song From a Room » avec le titre «Bird on a Wire» où Léonard Cohen aborde les thèmes de la religion, l’histoire, la politique, le suicide et la drogue. Gros succès au Royaume Unis et il se classe n°2 dans les pays francophones surtout grâce au titre «The Partisan» écrit par Emmanuel d’Astier de la Vigerie surnommé «Bernard » dans l’armée des ombres et Anna Marly pour la musique en 1943. Aout 1970, il fait un triomphe au festival de l’île de Wight. Il sort «Songs Of Love And Hate» avec toujours une ou deux pépites à l’intérieur comme «Famous Blue Raincoat» et «Joan Of Arc». Il prend alors ses distance avec la chanson et sa maison de disque ne devra se contenter que d’un live en 1973 «Live Songs». Mais il ne reste pas inactif pour autant, il publiera un recueil de poèmes, il rejoint Israël en pleine guerre du Kippour et fera deux enfants à sa nouvelle compagne Suzanne, Adam et Lorca.

Il revient à la musique en 1974 avec un nouvelle album «New Skin For The Old Ceremony» avec toujours des perles comme «Lover Lover Lover» et «Chelsea Hotel» à la mémoire de Janis Joplin.

En 1984, entre deux albums, paraît un recueil de psaumes (Le Livre de Miséricorde). Il tourne même dans un épisode de «Deux flics à Miami» (Sa prestation sera coupée au montage), il passera derrière la caméra pour réaliser un court métrage «I Am a Hotel» qui gagnera le premier prix du festival de télévision de Montreux. Il écrira aussi le texte d’une comédie musical de Lewis Furey «Night Magic» et ressortira un album «Various Position» avec un titre qui va marquer les esprits «Hallelujah». Trente ans plus tard, le cheveu plus rare et plus blanc 11 albums en plus, ainsi que quelques bouquins, il fête ses 80 printemps en sortant un nouvel album «Popular Problems». Toujours sur les routes, ce jeune octogénaire continue à promener son bâton de pèlerin tout autour du monde, mais la relève n’est pas loin.




Adam Cohen, Les chiens ne font pas des chats





Est-il difficile d’être le fils de... ? Adam Cohen n’a pas eu besoin de son père pour se faire un nom, même si, à ses débuts, il signe dans la même boite d’édition que son père. Les chiens ne font pas des chats, le talent est inné dans la famille Cohen. Papa a une voix grave limite baryton sans vibrato, fiston  grimpe un peu plus haut dans les aigus et redescend des cintres jusqu'à atteindre une voix quelques fois rauque, mais les intonations chaudes de son père restent les mêmes et tout le monde aime, donc impossible d’échapper à la loi de la génétique. Que ce soit avec sa voix ou bien ses compositions, tout rappelle son illustre père. Mais peut-être aussi pour son malheur, car à chaque album, tous le monde l’attend au tournant donc, en résumé, je dirais qu’il est difficile d’être le fils de... !  Après un premier album sortie en 1998 titré tout bêtement «Adam Cohen», les critiques seront bonnes et voient en lui un talent prometteur. Fiston Adam  manie aussi bien la langue de Shakespeare que celle de Molière (Et sans accent s’il vous plaît !), à la différence de papa Leonard qui, quand il parle français, pourrait accrocher son chapeau à son accent. En 2004 son second album «Mélancolista» sera enregistré en Français avec une invitée en la personne de Virginie le Doyen. Un troisième voit le jour en 2012 puis, en 2014, la dernière galette  «We Go Home» sort pratiquement en même temps que celle de son père. 4 albums en 16 ans, vous allez me dire que le gars ne se foule pas trop ! C’est sûr, mais tous ses albums sont ciselés à la main, tel un orfèvre. Pour preuve, son dernier album, une fois achevé, ne lui plaisait pas, il a tout jeté à la poubelle et a repris l'album à zéro. 

Sur les vidéos de «You tube», vous ne pouvez pas échapper à : « Adam Cohen chante Leonard Cohen». Faites le test sur certaines chansons, fermez les yeux et vous entendrez Leonard Cohen. Mais pour ce qui est de ses propres compositions, le talent est là et bien présent. Des titres comme «Sweet Dominique» (Qui sonne un peut comme du Paul Simon  à une certaine époque), «Cry Ophélia» ou même «Like a Man » sont de très bons morceaux que son père pourrait interpréter. Son dernier album «We Go Home» prend une autre tournure, il prend d’autres sentiers comme sur le titre éponyme ou «Love Is» et «Song of Me And You» où les chœurs et la rythmique s’emballent mais avec des mélodies plus accrocheuses à l’oreille.



Leonard Cohen une valeur sûre, Adam Cohen une valeur en hausse.






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