-Sonia c'est quoi ce bazar?
-C'est rien Monsieur Rockin, juste Monsieur Luc qui vient de s'évanouir...
Qu'il se rassure, je ne vous parlerai pas ici des vertus comparées du 4-4-2 et du 4-3-3 , ni des pensées profondes de Franck Ribéry, mais du foot au cinéma au travers une sélection d'une dizaine de films ayant pour dénominateur le ballon rond et où nous croiserons de grands acteurs et réalisateurs (M.Caine, Dewaere, Serrault, Huston, Ken Loach, JP Mocky, JJ Annaud..).
J'ai volontairement éloigné de cette liste les documentaires comme "Les yeux dans les bleus " ou le "Maradona" d'Emir Kusturica (2008) ainsi que les grosses bouses genre "Les seigneurs" (Olivier Dahan, 2012, avec Franck Dubosc, José Garcia, Gad Edmaleh, un casting deja prometteur..).
Donc, par ordre chronologique, commençons avec Le triporteur (1957) de Jacques Pinoteau, d'aprés un roman de René Fallet, qui rendit populaire Darry Cowl. Ce dernier incarne un commis pâtissier gaffeur qui va traverser la France sur son triporteur pour assister à la finale de la coupe à laquelle va participer son équipe. C'est plutôt sympathique, porteur d' insouciance, avec pas mal de gags visuels; à voir aussi pour une galerie de petits rôles dont beaucoup débutent ((Pierre Mondy, Roger Carrel, Pierre Doris, Jean Claude Brialy...). Ce qui m'a frappé pour l'avoir revu récemment c'est d'y voir la France à cette période, les routes sans voitures ou presque, beaucoup de verdures, peu de constructions, mais ça c'était avant....Le football n'est ici qu'un prétexte à ce road movie loufoque et bon enfant et aux excentricités de Darry Cowl.
Faisons un bond de 22 ans plus tard pour recevoir dans la tronche le Coup de tête (1979)de Jean Jacques Annaud, sur un scenar de Francis Veber.. En vedette, Patrick Dewaere qui incarne François Perrin, joueur de l'équipe de Trincamp, accusé à tort de viol pour couvrir le joueur vedette de l'équipe. Devenu un héros grâce à ses buts qui qualifient son équipe en coupe, Perrin va profiter de son nouveau statut pour se venger. Un film sur la lâcheté, sur le pouvoir des notables de province, avec une galerie de méchants convaincants (Jean Bouise, B.P. Donnadieu, Michel Aumont, Paul Le Person..), et un Dewaere qui trouve là un de ses rôles marquants. A noter que pour les scènes de foot, on a fait appel aux équipes de Troyes et Auxerre, dont l'entraineur Guy Roux est crédité comme conseiller sportif.
A nous la victoire (1981) est signé du grand John Huston, mais pas sur que ce film soit un des fleurons de sa filmographie...L'idée de départ, c'est l'organisation d'un match prisonniers contre soldats en 1943 au camp de Gensdorf, prétexte à une évasion; un film basé sur une histoire vraie, qui dans la réalité finira beaucoup moins bien... L'originalité c'est la présence au générique d'acteurs comme Michael Caine, Max Von Sydow et Sylvester Stallone et de stars du foot, et en premier lieu le roi Pelé lui même, mais aussi Oswaldo Ardilés (le petit meneur de jeu des champions du monde argentins de 78), Bobby Moore (le capitaine des anglais, vainqueurs de la World cup chez eux en 66), Kasimierz Deyna ou Paul Van Himst (des grands joueurs polonais et belge). Entre film de guerre, film d'évasion, film de sport et surtout nanar... Pelé à la question "quel est le plus grand gardien de but que vous ayez rencontré" répondait souvent : "Sylvester Stallone"..
Plus captivant , A mort l'arbitre (1984) de Jean Pierre Mocky avec Eddy Mitchell en arbitre pourchassé par des supporters mis en furie par ses décisions et manipulés par leur chef, Michel Serrault, retors à souhaits. C'est même carrément flippant et pose pas mal de questions sur la bêtise des foules et leur manipulation. Plusieurs faits divers ont montré hélas que la réalité pouvait dépasser la fiction..
Beaucoup plus léger est le Didier (1997) d'Alain Chabat avec Chabat lui même et J.P. Bacri. Bacri, agent de joueur, garde un toutou qui une nuit se transforme en homme, tout en gardant son âme de chien, joueur et doué pour la baballe. La suite on la devine, Didier va se retrouver binetôt sur le terrain, et contre le PSG! C'est absurde, décalé, foufou, inégal mais au final une comédie familiale à voir avec quelques bonnes trouvailles, comme toujours chez Chabat, et aussi une satyre du milieu du foot. Belles perf d'acteur aussi pour Chabat qui s'éclate à faire le chien et pour Bacri, bougon comme d'hab. Wouaf!
Difficile de raconter le Hongkongais Shaolin Soccer (2001) de Stephen Chow tant il est inénarrable... Shaolin Soccer ou "Quand la Shaw Brothers rencontre... les Marx Brothers"; des ex moines shaolin vont mettre leurs techniques d'arts martiaux au service du foot, le résultat est hilarant et réjouissant, dans le délire le plus total. Surtout ne cherchez aucune vraisemblance sportive dans ce foot manga, dans ce délire cartoonesque déjanté. Dans le genre foot et cinéma celui là écrase la concurrence. Chow signera ensuite "Crazy Kung Fu" films d'arts martiaux parodique, moins réussi à mon sens.
Carton rouge (2001) de Barry Skolmick est une adaptation anglaise du bien nommé "Plein la gueule" un film ricain qui se passe dans le foot américain, ici remplacé par notre bon vieux football. Un ancien footballeur star se retrouve en taule, où il est fraichement reçu (d'où le "Plein la gueule" du titre..) et se voit chargé d'entrainer ses camarades en vue d'un match prisonniers contre matons, je vous le dis de suite le match sera viril, protèges-tibias en titane recommandés..Dans le rôle principal Vinnie Jones dont ceux qui suivent le foot britisch se rappellent bien, dans les années 90 il était surnommé "Le boucher" pour ses tacles à la carotide, et édita un DVD expliquant ses techniques d'intimidation et de jeu dur, un poète quoi....Après sa carrière, il a depuis 1998 fait des apparitions dans une quarantaine de téléfilms et films, dans des rôles de bad boy et gros bras patibulaire, on l'a ainsi vu dans "Arnaques crimes et botaniques", "Snatch", "Braquage à l'italienne", X-Men"...L'autre vedette du film est Jason Statham vu également dans les films de Guy Ritchie "Snatch", "Arnaques..". Quant à ce film brutal qui dénonce lourdement le système carcéral et n'évite aucun cliché du genre, il n'est franchement pas indispensable....
Beaucoup plus intéressant est Joue là comme Beckham (2002) de la réalisatrice britannique d'origine indienne Gurinder Chadha qui signera aussi "Coup de foudre à Bollywood" en 2004.Tourné à Londres dans le quartier Hounslow à forte communauté hindoue, ce movie a connu un très gros succès et a été bardé de récompense. Ce qui est à mon humble avis bien mérité, tant il allie humour et classe so britisch. L'histoire de cette jeune indienne qui intègre une équipe de jeu féminin est prétexte à une belle histoire sur fond de choc des cultures, avec quelques scènes irrésistibles, comme l'explication des hors jeu à table avec des petits pains. A noter que ce n'est pas David Beckham qui fait une apparition à la fin, mais un sosie, le spice boy n'ayant pu se libérer..
J'avais dit en intro que je ne parlerai pas de bouses mais je vais quand même dire quelques mots sur 3 zéros (2002) de Fabien Onteniente, à qui on doit aussi les gros navets Camping et Disco, épouvantables nanars franchouillards. 3 Zéros n'y échappe pas non plus, pourtant le casting était alléchant avec Samuel le Bihan, Gérard Lanvin, Gérard Darmon, Ticky Holgado, Lorant Deutsch, et en invités des stars du foot (JPP, Ronaldinho, Luis Fernandez..), mais la peinture du foot business est lourdingue, pleine de stéréotypes, sans aucune finesse, même si quelques gags et situations font sourire.
Et on termine le match avec Loocking for Eric (2009) signé Ken Loach, le cinéaste anglais engagé qui s'est fait spécialité de comédie sur fond de problèmes sociaux. Ici un postier de Manchester pour qui tout va de travers va voir son idole, Eric Cantona, lui apparaitre et l'aider à reprendre sa vie en main, Canto qui trouve là un rôle à sa mesure. A voir pour ses apparitions hallucinatoires plutôt drôles et la première partie du film pleine d'autodérision de King Eric, la seconde parti étant plus faiblarde. Cantona, élu meilleur joueur de l'histoire du championnat anglais (et pour un français il fallait le faire!) a depuis qu'il a raccroché les crampons joué dans une vingtaine de films, depuis "Le bonheur est dans le pré "(1995).
Conclusion
- A voir sans faute : "Coup de tête" , "Shaolin Soccer", "Joue là comme Beckham"
- éventuellement : "Didier", "Le triporteur", "Loocking for Eric", "A mort l'arbitre"
- vous avez du temps à perdre : "Carton rouge", "A nous la vicoire", "3 zéros"
ROCKINHINHO- JL
Quelques extraits de Shaolin soccer:
et en prolongations le match culte Allemagne/Grece des Monty Phyton :
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