mercredi 25 juin 2014

Jim ALLCHIN "Q.E.D." (2013), by Bruno



     Le parcours de Jim Allchin est un cas particulier, bien différent de celui du musicien de Blues habituel .

     Il grandit dans une minuscule bicoque, édifiée par son père, perdue au milieu d'une orangeraie en Floride. La famille a peu d'argent, et Jim sèche parfois l'école pour la cueillette. Lors de périodes de vache maigre, Jim se ressaisit et donne un coup de collier pour ses études. Il se découvre alors une passion pour les mathématiques et l'informatique et obtient un doctorat. Parallèlement, il ne lâche pas la musique qu'il a découverte à travers le Blues et le Rock (ainsi que les Allman et Santana). Après la trompette débutée à l'adolescence, il se tourne vers la guitare ; il économise un an pour pouvoir s'en offrir une.
En 1990, il intègre Microsoft où il dirige le développement de Windows. Il quitte le géant informatique en 2007, peu après la mise en place de Vista. Il se concentre alors sur la composition, la lecture et le chant, ainsi que la production. C'est un nouveau challenge : essayer de s'accomplir à travers une passion qui ne l'a jamais quittée, soit celle du Blues-Rock.



     Un premier disque sort en 2009, et surprend par sa bonne tenue et sa technique. Cela sonne très pro, et donne bien plus la sensation d'une réalisation d'un vieux requin de studio plutôt que celle d'un friqué à la retraite voulant se faire plaisir, ou satisfaire un caprice. Il n'y a là rien de maladroit. 
Arrive un second en 2011, « Overcloked » (lien), qui monte déjà d'un cran ou deux.
Et enfin, en septembre de cette année « Q.E.D. » qui confirme bien que Jim prend sa carrière au sérieux.

     Le Blues de Jim Allchin est assez moderne, tantôt nimbé d'intonations jazzy à la manière de Scott Henderson, tantôt baigné d'instants rock coincés entre Stevie Ray Vaughan et Joe Satriani ; en parlant de ce dernier, on peut d'ailleurs remarquer sur des clips vidéos que Jim Allchin utilise une Ibanez JS1200CA, une Joe Satriani signature Prestige (pour le précédent, l'élue était une Tom Anderson. Des références fortes car sans contexte Jim est un guitariste fin et adroit. A cet effet, il a une maîtrise de la modulation des notes au potentiomètre de volume assez étonnante. Une technique que Roy Buchanan avait érigée en art, et que Jim reprend fort bien - toutefois dans un registre moins agressif et moins plaintif - faisant alors presque parler sa guitare.

     Jim en a sous la pédale mais se garde bien d'en faire des tonnes. Aucun babillage ou autre manifestation puérile. Son souci étant en toute évidence d'avoir la note juste et de ne jamais être en déséquilibre avec le tempo. Une rigueur qui n'est parfois pas loin d'un côté clinique mais qui semble s'effacer sur les pièces les plus riches au niveau de l'orchestration ; celles qui se parent de quelques cuivres judicieux, et/ou d'un orgue. En l'occurrence, ce sont les meilleures.


     Le point faible demeure sa voix. Un rien traînante, un tantinet laconique, elle semble – faussement - désintéressée. En fait, en dépit de ses efforts, Jim n'a ni le coffre ni le timbre adéquate. Même si sur certaines pièces il passe très bien, il aurait à gagner d'engager un chanteur, ou encore de partager les rôles avec un de ses musiciens ; comme l'on fait tant d'excellents guitaristes mais piètres chanteurs (dont, non un des moindres, Carlos Santana). D'autant qu'il avait sous la main trois choristes.
Choix qu'il fait pour le bon slow-blues "Trust Me" où c'est Mycle Wastman qui prend place derrière le micro ; ce qui permet à cette composition de s'élever d'un cran ou deux.

     Jim Allchin, c'est un peu une rencontre entre Scott Henderson, Eric Johnson, avec un soupçon de Joe Satriani et des réminiscences de Stevie Ray Vaughan. Sachant que sa musique a plus de chances de satisfaire les amateurs des deux premiers que ceux des suivants.



,50



Article initialement paru dans la revue BCR n° 34

The Trailer


Le Clip


Bonus ; un second clip


Autre article sur Jim Allchin : "Overlocked" (2012) par ROCKIN-JL

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