- Bonjour M'sieur Claude… Encore un nouveau nom dans l'index avec ce
monsieur Elgar, un anglais ?
- Oui Sonia, la perfide Albion a donné plusieurs compositeurs qui
méritent le détour entre la fin du XIXème et le début du XXème.
- C'est le premier à être évoqué dans le blog ?
- Non, nous avons déjà écouté les assez célèbres Planètes de Gustav Holst
et une romance pour violon et orchestre : The Lark ascending de Ralph
Vaughan Williams
- Je vois que pour l'interprétation, vous avez choisi Colin Davis dont
vous aviez rédigé le RIP en 2013…
- Oui, je vois que suivez l'actualité Sonia, Elgar a été bien servi par
le chef anglais disparu…
Le coffret sujet du jour marque une date dans la discographie symphonique
d'Elgar
en nous offrant les trois symphonies enregistrées en live sur un période de
quelques semaines, fin 2001. Il réunit les deux grandes
symphonies
achevées du compositeur anglais puis une version exécutable de la 3ème
restée à l'état d'esquisse à la mort de celui-ci. Les Cd n'étant pas
disponibles séparément, nous allons survoler l'ensemble et nous attarder sur
les 1ère et 2ème symphonies, l'une connut un grand
succès lors de sa création, et l'autre, la 2ème, fit... un bide
provisoire.
Attention : Les œuvres d'Elgar ne s'entendent pas en fond sonore mais
doivent s'écouter dans le calme pour en savourer toute la sève.
Elgar
en quelques mots…
Edward Elgar
voit le jour en 1857 dans le
Worcester. Être issu de la
classe moyenne provinciale et de confession catholique dans la très
victorienne Angleterre du XIXème siècle sont deux handicaps pour
se faire un nom dans le monde musical londonien. D'échecs en échecs, il
devra commencer sa carrière par l'écriture d'œuvres chorales dont les
anglais sont si friands,
dans sa province en particulier et en Grande-Bretagne en général. L'année
1900 va marquer la
reconnaissance et le début d'une carrière internationale. L'oratorio Le
Rêve de Gerontius
puis les plus célèbres
Variations Enigma
font un tabac.
Les deux
premières symphonies
datent de 1907 et
1911. On a souvent entendu les
curieuses
Pomp and circonstances, cinq marches écrites entre
1901 et
1930. C'est vrai quelles
paraissent pompeuses ces ouvertures grandiloquentes. Mais, bien dirigées (Bernstein), on y décèle alors une auto-parodie de l'Angleterre guindée et
protocolaire, et surtout l'humour si particulier d'un anglais qui aime son
pays. On lui doit aussi deux très beaux
concertos
pour
violon
et
violoncelle.
Edward Elgar
sera très affecté par la boucherie des tranchées de 14-18 et la mort
de son épouse Alice en
1920. Il composera peu par la
suite mais s'intéressera beaucoup aux évolutions des phonographes et du 78
tours et enregistrera ses propres œuvres pour
EMI dans les années 30. Il
disparait en 1934.
Légende vivante outre-manche,
Elgar
reste peu connu dans nos contrées. On trouve dans son style diverses
influences continentales :
Brahms
et
Wagner, mais aussi des français comme
Delibes,
Berlioz
et
Massenet. Bien que typique, la musique d'Elgar
semble, à l'écoute, avoir du mal à trouver sa propre identité.
Elgar n'aimait pas s'inspirer des thèmes populaires comme un
Dvorak. On est loin du modernisme échevelé d'un
Bartók ou d'un
Stravinsky. Ceci peut expliquer le manque de popularité hors du Royaume-Unis.
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Nous avons déjà rencontré le chef anglais
Colin Davis
deux fois : pour lui rendre hommage lors de sa disparition (clic), et comme accompagnateur féru de
Berlioz
dans
Harold en Italie, une symphonie avec Alto solo, alto tenu en l'occurrence par
Tabea zimmermann
(clic).
Colin Davis a joué et enregistré plusieurs fois la musique d'Elgar. Nous devons la plupart des enregistrements de qualité de ces symphonies à
des chefs anglais comme
Adrian Boult
(1889 -1983) qui connut le compositeur. Une exception : le maestro
néerlandais
Bernard Haitink, mais ses disques sont introuvables actuellement.
Petite histoire de deux grandes symphonies
: La
première symphonie
date de 1907 et répond au désir
d'Elgar
de composer une partition de musique pure et non une évocation à programme
comme c'est le cas avec un autre compositeur anglais marquant,
Ralph Vaughan Williams
(1872-1958 ; encore une autre chronique à suivre). Suite à un pari,
Elgar
composa une symphonie à double tonalité principale !!
La bémol majeur vs ré mineur (calme/tourmenté). Ça parait
secondaire cette info, mais à l'écoute, en conséquence, on oscille entre des
climats antinomiques : ténébreux, joyeux, humoristiques… Lors de sa
création, cette œuvre d'une cinquantaine de minutes fut accueillie
triomphalement et jouée une centaine de fois dans l'année suivante. À noter
en écho de la présentation du compositeur, les accents wagnériens dans le
premier mouvement, eux-mêmes précédés d'une marche typiquement
british…
Curieusement, la
seconde symphonie
de 1911 sera incomprise lors de
sa création. Comme son aînée, elle n'a pas de sujet d'inspiration explicite,
mais Elgar parlais de "pèlerinage d'une âme". Composée en partie à Venise,
la lumière de la place Saint-Marc et la spiritualité de l'intérieur de la
basilique ont été sources d'inspiration. Nous rencontrons donc, une fois de
plus, des contrastes entre une ambiance élégiaque opposée à une frénésie
quasi démoniaque (le 3ème mouvement : rondo). Climats variés qui
parcourent un à un les quatre mouvements. La durée est également d'une
cinquantaine de minutes et, de vous à moi, je préfère laisser parler la
musique et ne pas entrer dans des détails abscons. Je vous épargne une
analyse
détaillée d'autant
que le livret accompagnant les CD est particulièrement détaillé…
Aux néophytes, je conseillerai d'aborder la découverte des symphonies par
la seconde : alacrité polyphonique et orchestrale du premier mouvement,
obscurité un rien martiale du second, retour à une ambiance plus dansante
dans le troisième et pour la quatrième, enfin :
Davis et
Elgar
deviennent complices d'une espièglerie évoluant plus sagement dans la coda.
Nous sommes vraiment dans l'âge d'or musical anglais en ce début du XXème
siècle.
La première symphonie, a priori plus difficile en première écoute,
bénéficie d'une direction très analytique. Elle se place aisément en
concurrente du disque de
Léonard Slatkin
à la baguette plus énergique avec le
Philharmonique de Londres. Enfin l'édition "exécutable" de la troisième symphonie, souvent isolée de
ses deux ainées, conclut idéalement un ensemble d'une grande cohérence
stylistique.
La prise de son Live gagne en vitalité ce que la technique perd par
quelques menues imperfections de positionnement de micro (cors et
percussions dans la première).
Une référence à un prix enfin décent (tous les mélomanes ne sont pas des
nababs) ! Merci au label
LSO.
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1ère symphonie
: 1) Andante. Nobilmente e semplice - Allegro - 2) Allegro molto (19'29") -
3) Adagio - Molto espressivo e sostenuto (26'53") - 4) Lento - Allegro -
Grandioso (39'20")
2ème symphonie
: 1) Allegro vivace e Nobilmente - 2) Larghetto (17'45") - 3) Rondo : Presto
(33'25") - 4) Lento - Allegro - Grandioso (42'00")
Ho Shocking ! SIR Edward Elgar s'il vous plait ! Voyons Claude tu en parle comme le dernier des roturiers ! ^^ Les "Pomp and Circumstance" et sa célèbre marche n°1 ont suffit pour séduire la couronne d'Angleterre. Mais encore une oeuvre que je ne connaissais pas, a cause (ou grâce) a toi,j'ai encore une tonne de chose a ecouter. Aurais-je assez d'une vie ?
RépondreSupprimerAh Elgar ! Toute l'Angleterre victorienne mise en notes ! Néanmoins, pour commencer, sans doute vaut-il mieux appréhender son magnifique concerto pour violoncelle, ou les merveilleuses Variations Enigma, non ? Un magnifique disque couple l'ensemble, complété des fameuses "Pompes et circonstances" ! C'est ici, et c'est beau :
RépondreSupprimerhttp://www.amazon.fr/Concerto-Pour-Violoncelle-Op-85-Circumstance/dp/B0000B1JWE/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1406108411&sr=8-1&keywords=elgar+sinopoli
Passionnant !
RépondreSupprimerOn en apprend des tonnes ...merci !