samedi 14 juin 2014

Edward ELGAR : Symphonies N° 1 & 2 – Colin DAVIS – par Claude Toon



- Bonjour M'sieur Claude… Encore un nouveau nom dans l'index avec ce monsieur Elgar, un anglais ?
- Oui Sonia, la perfide Albion a donné plusieurs compositeurs qui méritent le détour entre la fin du XIXème et le début du XXème.
- C'est le premier à être évoqué dans le blog ?
- Non, nous avons déjà écouté les assez célèbres Planètes de Gustav Holst et une romance pour violon et orchestre : The Lark ascending de Ralph Vaughan Williams
- Je vois que pour l'interprétation, vous avez choisi Colin Davis dont vous aviez rédigé le RIP en 2013…
- Oui, je vois que suivez l'actualité Sonia, Elgar a été bien servi par le chef anglais disparu…

Le coffret sujet du jour marque une date dans la discographie symphonique d'Elgar en nous offrant les trois symphonies enregistrées en live sur un période de quelques semaines, fin 2001. Il réunit les deux grandes symphonies achevées du compositeur anglais puis une version exécutable de la 3ème restée à l'état d'esquisse à la mort de celui-ci. Les Cd n'étant pas disponibles séparément, nous allons survoler l'ensemble et nous attarder sur les 1ère et 2ème symphonies, l'une connut un grand succès lors de sa création, et l'autre, la 2ème, fit... un bide provisoire.
Attention : Les œuvres d'Elgar ne s'entendent pas en fond sonore mais doivent s'écouter dans le calme pour en savourer toute la sève.
Elgar en quelques mots… Edward Elgar voit le jour en 1857 dans le Worcester. Être issu de la classe moyenne provinciale et de confession catholique dans la très victorienne Angleterre du XIXème siècle sont deux handicaps pour se faire un nom dans le monde musical londonien. D'échecs en échecs, il devra commencer sa carrière par l'écriture d'œuvres chorales dont les anglais sont si friands, dans sa province en particulier et en Grande-Bretagne en général. L'année 1900 va marquer la reconnaissance et le début d'une carrière internationale. L'oratorio Le Rêve de Gerontius puis les plus célèbres Variations Enigma font un tabac.
Les deux premières symphonies datent de 1907 et 1911. On a souvent entendu les curieuses Pomp and circonstances, cinq marches écrites entre 1901 et 1930. C'est vrai quelles paraissent pompeuses ces ouvertures grandiloquentes. Mais, bien dirigées (Bernstein), on y décèle alors une auto-parodie de l'Angleterre guindée et protocolaire, et surtout l'humour si particulier d'un anglais qui aime son pays. On lui doit aussi deux très beaux concertos pour violon et violoncelle.
Edward Elgar sera très affecté par la boucherie des tranchées de 14-18 et la mort de son épouse Alice en 1920. Il composera peu par la suite mais s'intéressera beaucoup aux évolutions des phonographes et du 78 tours et enregistrera ses propres œuvres pour EMI dans les années 30. Il disparait en 1934.
Légende vivante outre-manche, Elgar reste peu connu dans nos contrées. On trouve dans son style diverses influences continentales : Brahms et Wagner, mais aussi des français comme Delibes, Berlioz et Massenet. Bien que typique, la musique d'Elgar semble, à l'écoute, avoir du mal à trouver sa propre identité. Elgar n'aimait pas s'inspirer des thèmes populaires comme un Dvorak. On est loin du modernisme échevelé d'un Bartók ou d'un Stravinsky. Ceci peut expliquer le manque de popularité hors du Royaume-Unis.
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Nous avons déjà rencontré le chef anglais Colin Davis deux fois : pour lui rendre hommage lors de sa disparition (clic), et comme accompagnateur féru de Berlioz dans Harold en Italie, une symphonie avec Alto solo, alto tenu en l'occurrence par Tabea zimmermann (clic). Colin Davis a joué et enregistré plusieurs fois la musique d'Elgar. Nous devons la plupart des enregistrements de qualité de ces symphonies à des chefs anglais comme Adrian Boult (1889 -1983) qui connut le compositeur. Une exception : le maestro néerlandais Bernard Haitink, mais ses disques sont introuvables actuellement.
Petite histoire de deux grandes symphonies : La première symphonie date de 1907 et répond au désir d'Elgar de composer une partition de musique pure et non une évocation à programme comme c'est le cas avec un autre compositeur anglais marquant, Ralph Vaughan Williams (1872-1958 ; encore une autre chronique à suivre). Suite à un pari, Elgar composa une symphonie à double tonalité principale !! La bémol majeur vs ré mineur (calme/tourmenté). Ça parait secondaire cette info, mais à l'écoute, en conséquence, on oscille entre des climats antinomiques : ténébreux, joyeux, humoristiques… Lors de sa création, cette œuvre d'une cinquantaine de minutes fut accueillie triomphalement et jouée une centaine de fois dans l'année suivante. À noter en écho de la présentation du compositeur, les accents wagnériens dans le premier mouvement, eux-mêmes précédés d'une marche typiquement british…
Curieusement, la seconde symphonie de 1911 sera incomprise lors de sa création. Comme son aînée, elle n'a pas de sujet d'inspiration explicite, mais Elgar parlais de "pèlerinage d'une âme". Composée en partie à Venise, la lumière de la place Saint-Marc et la spiritualité de l'intérieur de la basilique ont été sources d'inspiration. Nous rencontrons donc, une fois de plus, des contrastes entre une ambiance élégiaque opposée à une frénésie quasi démoniaque (le 3ème mouvement : rondo). Climats variés qui parcourent un à un les quatre mouvements. La durée est également d'une cinquantaine de minutes et, de vous à moi, je préfère laisser parler la musique et ne pas entrer dans des détails abscons. Je vous épargne une analyse détaillée d'autant que le livret accompagnant les CD est particulièrement détaillé…
Aux néophytes, je conseillerai d'aborder la découverte des symphonies par la seconde : alacrité polyphonique et orchestrale du premier mouvement, obscurité un rien martiale du second, retour à une ambiance plus dansante dans le troisième et pour la quatrième, enfin : Davis et Elgar deviennent complices d'une espièglerie évoluant plus sagement dans la coda. Nous sommes vraiment dans l'âge d'or musical anglais en ce début du XXème siècle.
La première symphonie, a priori plus difficile en première écoute, bénéficie d'une direction très analytique. Elle se place aisément en concurrente du disque de Léonard Slatkin à la baguette plus énergique avec le Philharmonique de Londres. Enfin l'édition "exécutable" de la troisième symphonie, souvent isolée de ses deux ainées, conclut idéalement un ensemble d'une grande cohérence stylistique.
La prise de son Live gagne en vitalité ce que la technique perd par quelques menues imperfections de positionnement de micro (cors et percussions dans la première).
Une référence à un prix enfin décent (tous les mélomanes ne sont pas des nababs) ! Merci au label LSO.
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1ère symphonie : 1) Andante. Nobilmente e semplice - Allegro - 2) Allegro molto (19'29") - 3) Adagio - Molto espressivo e sostenuto (26'53") - 4) Lento - Allegro - Grandioso (39'20")
2ème symphonie : 1) Allegro vivace e Nobilmente - 2) Larghetto (17'45") - 3) Rondo : Presto (33'25") - 4) Lento - Allegro - Grandioso (42'00")


3 commentaires:

  1. Ho Shocking ! SIR Edward Elgar s'il vous plait ! Voyons Claude tu en parle comme le dernier des roturiers ! ^^ Les "Pomp and Circumstance" et sa célèbre marche n°1 ont suffit pour séduire la couronne d'Angleterre. Mais encore une oeuvre que je ne connaissais pas, a cause (ou grâce) a toi,j'ai encore une tonne de chose a ecouter. Aurais-je assez d'une vie ?

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  2. Ah Elgar ! Toute l'Angleterre victorienne mise en notes ! Néanmoins, pour commencer, sans doute vaut-il mieux appréhender son magnifique concerto pour violoncelle, ou les merveilleuses Variations Enigma, non ? Un magnifique disque couple l'ensemble, complété des fameuses "Pompes et circonstances" ! C'est ici, et c'est beau :
    http://www.amazon.fr/Concerto-Pour-Violoncelle-Op-85-Circumstance/dp/B0000B1JWE/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1406108411&sr=8-1&keywords=elgar+sinopoli

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  3. Passionnant !
    On en apprend des tonnes ...merci !

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