S’il y
a bien un duo qui a laissé sa trace dans la mouvance de la chanson française, c'est les Rita Misouko.
Ils auront même été le maelström qui laissera une trace indélébile.
Catherine et Fred
Catherine
Ringer, née en 1957
à Suresnes d’une mère architecte et d’un père artiste peintre polonais naturalisé française. Elle est élevée
avec son frère dans une ambiance musicale. Jeune, elle est mannequin-enfant
pour des catalogues et fera même des couvertures de journaux de modes. Elle se
met à la musique, elle apprend à jouer de quelques instruments dont la flûte,
chante, écrit des poèmes et écoute Brassens et La Callas en passant
par le Velvet Underground de Lou Reed. Les études n’étant pas sa tasse de thé, elle
quitte l’école à 15 ans. Elle s’essayera à toutes les expériences artistiques qui
passeront à sa portée. Du cinéma X à la danse, avec comme professeur la chorégraphe
Marcia Moretto, en passant par le théâtre ou
elle joue Bertold Brecht et le chant à l’affiche
de «N’Shima » sous la baguette de Iannis Xenakis. En 1976, on la verra danser avec Marcia Moretto au café de la gare et au théâtre le
palace. A la même période, elle fera aussi du doublage de dessins animés :
«Les Boulugres».
Frédéric
Chichin, né en 1954
à Clichy d’une mère au foyer et d’un père cadre dans une entreprise de travaux
publics. Une enfance un peu bohème. Comme Catherine, les études ne l’intéressent
pas, il préfère la musique et joue un peu de batterie et il se mettra à la
guitare après. Après avoir quitté le lycée, il fait quelques petits boulots et
part sur la route à travers la France mais aussi au Maroc et en Angleterre ou
il vit dans des squats. Il travaillera aussi pour un marionnettiste pour lequel
il composera des musiques. De retour à Paris, il découvre la musique
électronique et expérimentale avec le compositeur Nicolas
Frize. Il se tourne pour finir vers le rock et tourne avec quelques
groupe comme Gazoline en 1977 (Punk Rock) et le
groupe de Daniel Darc :
Taxi-Girl.
Catherine et Fred, le flash rouge
C’est en 1979
que Catherine et Fred tombent
amoureux l’un de l’autre après s'être rencontrés à Montreuil sur la comédie
musical « Flash Rouge ». Ils
partagent tous les deux ce même sens du décalage, de la contradiction voire de
la provocation. Fred formera Catherine à la composition. Après quelques tentatives
en groupe, c’est finalement en duo qu’ils choisissent de fonctionner. Ils se
produisent sur diverses scènes comme l’Usine Pali-Kao, lieu alternatif
incontournable à Belleville, avec quelques reprises de David Bowie du Velvet
Underground et leurs premières compositions originales. Leur look est comme
leurs musiques, original et décalé, anoraks fluos ou sac en plastique «Félix
Potin». A force de tourner dans les bars et les boîtes de rocks, ils se forgent
une petite réputation à Paris. Ce sera au Gibus en 1980 que le duo se
présentera sous le nom de «Rita Mitsouko». Quand ils se sont aperçus que
les gens pensaient que le nom du groupe était celui de la chanteuse, ils se
rebaptisent «Les Rita
Mitsouko». Rita qui se rapporte à la musique sud
américaine (Et à l’actrice Rita Hayworth) et Mitsouko
qui est un prénom japonais dont la première partie «Mitsu» peut ce traduire par
secret, mais qui par ailleurs est le nom d’un parfum de Guerlain.
Catherine et Fred, Les Premiers Pas
En 1981, sort un premier album avec « Don’t forget the nite ». Un premier essai qui
ne sera pas une réussite commerciale. Ils signent chez Virgin. Ils ont déjà
enregistré plusieurs titres sur un quatre pistes. Le talent d’ingénieur du son
de Fred donne un très bon volume à ces premiers
enregistrements. Il faudra encore attendre quelques années avant le succès,
mais une fois présent, celui-ci sera retentissant.
Marcia Moretto |
En 1984, ils partent se jeter à l’eau, à Cologne, avec leurs maquettes sous le bras pour enregistrer un
premier album éponyme produit par Conny Plank (Ultravox,
Daf). Le premier single extrait sera le titre «Restez
chez moi» qui passera inaperçu, c’est sur la demande de Catherine Ringer qu’en sortira un second
avec le titre rock-latino-zazou «Marcia Baïla»
(En hommage à Marcia Moretto). Une bombe dans la mare de la
chanson française. Il sera vendu à 1 million d’exemplaires et, d’après la
SACEM, il reste le titre le plus programmé en radio toute époque confondue. Le
clip signé Philippe Gauthier est aussi un des
plus célèbres des années 80. Tous les titres de l’album enregistrés dans leurs
home-studio parisien seront à peine retouchés.
Catherine et Fred, No Comprendo
En 1985, ils s’essaient
à la musique de film et écrivent la B.O du film «Nuit
d’ivresse» de Josiane Balasko. Le
travail de Conny Plank sur le premier album ne
les ayant pas satisfait à 100 %, ils se tournent vers Tony
Visconti (T-Rex, Bowie,
Sparks, Thin Lizzy …) et, en 1986, sort «The No
Comprendo » Que beaucoup considèrent
comme leur meilleur disque, sinon un des meilleurs disques de la décennie. Emprisonnés dans les sillons, au moins trois tubes, «Les histoires d’A»,
«Andy»
et «C’est comme
ça» dont le clip de Jean-Baptiste
Mondino sera largement diffusé sur toutes les
chaînes télévisées.
Ils repartent en tournée et traversent l’Atlantique suivis de
leur notoriété française et européenne. Les Yankees craquent pour le groupe
français avec leur rock particulier et ils font fureur dans les clubs
New-Yorkais. En 1987 sort le film «Soigne ta droite».
Jean-Luc Goddard
a filmé le groupe pendant les trois semaines de l’enregistrement de «The No Comprendo».
Catherine et Fred, Marc et Robert, Ron et
Russel
En novembre 1988, toujours sous la houlette de Visconti, ils sortent «Marc
et Robert», avec un son plus «dance»,
il n’aura pas le succès de son prédécesseur mais un titre sortira du lot :
«Le petit train». La musique de base est
tirée d’une ritournelle chantée par André Claveau
en 1952, mais les Rita accélèrent le mouvement, que ce soit au
point de vue paroles et rythme. Malgré l’air guilleret de la chanson et son
clip tourné dans les studios de cinéma de Bombay au Indes, les paroles font
références aux trains qui déportaient les juifs dans les camps
d’exterminations. Catherine Ringer est très
concernée dans cette chanson, Une partie de sa famille ayant été déportée
durant la seconde guerre mondiale.
Des invités aussi dérangés qu’eux apparaissent dans l’album
pour un morceau. Les frères Mael le fameux duo Sparks feront un morceau «Singing
in the shower», un tube qui éclabousse !
Ils lèvent un peu le pied, juste le temps de sortir une
compilation en 1990 remixé par des
DJ’s : «Re». En décembre de la même
année, ils font leur grand retour sur la scène de la cigale pour quatre
semaines.
Catherine et Fred, système D et Hétéroclisme
Les
Rita Mitsouko
hétéroclites ? Assurément ! La suite va nous le démontrer. En 1992,
ils enregistrent à Essaouira au Maroc et à Paris «Système
D» avec des bons titres comme «Y’a d’la haine», «Get up,
Get older»
ou «Les Amants» écrit pour le film de Léo Carax : «Les
Amants du
Pont Neuf». On
trouve aussi un hommage à James Brown «Godfather of soul», une reprise de Gainsbourg :
«l’Hôtel Particulier» et un titre pour leurs filles «Chères
petites». Forts de leur premier duo avec «Sparks, ils récidivent avec
l’Iguane Iggy Pop «My Love is Bad».
Qui dit nouveau disque, dit tournée. Elle passera par les
Transmusicales de Rennes et l’Olympia pour quatre soirées. En 1995 Catherine
Ringer interprète la chanson titre du film des Inconnus
«Les Trois Frères», la même année, elle est
invitée à la Cité de la Musique de Paris au concert de l’accordéoniste Richard Galliano. Avec sa voix puissante et pure, elle
chante, à cette occasion, des reprises de Charles
Trenet, Mick Jagger
et va même jusqu’à déclamer Rimbaud sur une
musique de Léo Ferré.
Infatigables,
Les Rita
Mitsouko
ne cessent de tourner sur toutes les scènes de France et d’ailleurs. En 1997, la Cité de la Musique leur donne
carte blanche pour trois soirs. Ils vont en profiter pour inviter des artistes
de tous les horizons à les rejoindre sur scène. Nous passerons du jazzman
américain Archie Shepp
au groupe de rap «Assassin» et du compositeur de musique
contemporaine Pierre Henry
(La messe pour le temps présent).
Leurs premier live sort : «Les Rita Mitsouko
Acoustiques» avec des tubes bien sûr, mais aussi deux inédits et un
duo avec Doc Gynéco
(No Comment !). Ils
réapparaissent sur la scène musicale en janvier 2000 avec un nouveau simple «Cool Frénésie» titre éponyme du futur album à
sortir. En 2001 sort un «Bestov» avec quand
même un inédit pour célébrer plus de 20
ans de carrière. Seul point noir, Fred Chichin a contracté une hépatite C contre laquelle il
va se battre pendant deux ans.
Le
duo sort un album en 2002 «La femme Trombone» qui servira de support à leur tournée
qui passera par les Solidays et le festival des Vieilles Charrues. Une fois
terminé, Catherine Ringer s’essaie à un exercice
solo et joue le rôle principal dans une comédie musicale «Conchita Bonita» créée
par Alfredo Arias.
Le succès est mondial même si le spectacle a très peu d'audience en France.
En
2003, une série de concerts avec l’orchestre Lamoureux. Jusqu’en 2005, divers
concerts, duos et collaborations avec Corneille, Amadou et Mariam et Thomas Fersen.
En
2007, retour des Rita avec «Variéty» qui
sortira aussi en version anglaise, un album où Catherine
Ringer chante en Mandarin sur le titre «La Berceuse»,
un morceau qui parle du cancer. En avril, ils fêtent leurs 20 années de
carrière à la Cigale, salle qu’ils avaient pratiquement inaugurée en 1987. En
été, festival et tournée européenne qui se terminera au festival rock en seine.
Mais la santé
de Fred Chichin se détériore, plusieurs dates sont annulées suite à son hospitalisation. Le 13
novembre, Catherine monte seule sur la scène de
l’Olympia à la demande de Fred. Le 28 le cancer
diagnostiqué deux mois plutôt aura raison de son cœur qui s’arrêtera de
battre. Il sera inhumé le 6 décembre au cimetière Montmartre.
Catherine
sans Fred, The show must go on!
Catherine
Ringer laisse tout
le monde sur le c*l quand seulement quatre mois après le décès de Fred, elle remonte sur scène pour finir la tournée «Variety». En live, toujours sur les acrobaties
vocales, entre sauts de gazelle, posture de rock-star burlesque et de pin-up
déjantée, la Ringer reste classe et emprunte de
grâce. 8 mois plus tard, la boucle est bouclée et les Rita Mitsouko font maintenant partie
de l’histoire, pile poil un an après la mort de Fred.
Elle fera encore deux albums solos avant d’intégrer le trio «Plaza
Francia» de musique Argentine qui sortira
cette année «A New Tango Song Book» (Album que je conseille vivement !).
Cool cet hommage !
RépondreSupprimerA propos de ce nouveau projet "Plaza Francia":
1/ Ça me fait quand même énormément penser a ce que fait Gotan Project.
2/ Le morceau ne serait-il pas une reprise de Grace Jones ?
Cela dit j'aime beaucoup et Catherine est de plus en plus belle je trouve.
Gotan Project et Plazza Francia c'est exactement la même chose, Christoph H Muller et Eduardo Makarof (moins Philippe Cohen Solal). Effectivement Grace Jones a bien repris "Libertango",l'original a été écris en 1974 par le maître du genre Astor Piazzolla.
SupprimerPour ce qui est de Catherine,je te rejoins complètement, plus elle prend de l'âge plus elle embellie.
Je me disais aussi...
RépondreSupprimerCatherine est une artiste si rare, si precieuse...recemment , j'ai vu des duos qu'elle a fait avec un autre artiste de talent, Iggy Pop..je suis restée sur le cul devant leur interpretation ;Merci à elle d'avoir accompagnée ma jeunesse.
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