jeudi 8 mai 2014

DICK, GRAEME et MURRAY, la France est leur jardin par Pat Slade


              


Un Hollandais, un Néo-Zélandais, un anglais : trois hommes qui ont forcé en douceur nos frontières pour  y amener leurs talents.

Trois pays, trois artistes, trois styles



Graeme Allwright, le folk des antipodes



Tous les Néo-Zélandais ne sont pas tous des  gros gars baraqués habillés avec un short et un maillot  noir, qui ne font pas le «Haka » à tout bout de champ, et qui te rentrent dans le lard dès que tu as un ballon ovale entre les mains.  Honneur au plus connu par chez nous des chanteurs venant du pays des apterygiformes… pardon , des Kiwis.

Graeme Allwright, bientôt cinquante années sur les routes du folksong francophone, mais tout ne s’est pas fait en un jour. Né en 1926 à Wellington (Comme le rugbyman Tana Umaga), il arrive en France en 1958 et effectuera divers métiers comme : apiculteur, prof d’anglais  et animateur pour enfants dans un hôpital. Poussé par ses amis, il se lance dans le chant et monte à Paris où, comme beaucoup, il se produit dans les cabarets «Rive-Gauche» du quartier Mouffetard. Après diverses rencontres, il côtoie Mouloudji qui le pousse à enregistrer son premier album «Le Trimardeur» en 1965. Mais son succès viendra quand il se tournera vers le Protest-Song et le Folk-Song  bien avant Hugues Auffray, même si ce dernier à été le premier à traduire et à faire connaitre les chansons de Bob Dylan sur notre territoire. Hugues Auffray, même s'il faisait du folk, jouait avant tout du skiffle, le style de musique des Beatles à leur début. 
Pour revenir à Graeme Allright, ce sera en 1968 avec la sortie de l’album «Jour de Clarté» qu’il sera connu aux yeux du grand public. Malgré plusieurs titres de sa fabrication, ce seront ses adaptations des chansons de Pete Seeger, Bob Dylan, Woody Guthrie et surtout de Léonard Cohen qui lui donneront un éventail plus large de fans. Il adaptera  en anglais les chansons de Georges Brassens. En 1980, il fera un 33 tours avec Maxime le Forestier. 19 albums, un nombre incalculable de chansons et d’adaptations,  grand prix de la SACEM en 2010, le folkeux de 87 ans est toujours «On the road». 




Dick Annegarn meurt mais ne se rend pas !



La Hollande, l’autre pays du fromage, des tulipes, de Dave et des Schocking Blue. Peu d’artistes aussi charismatiques que Dick Annegarn n’apparaitront sur les ondes des radios périphériques françaises. Né à la Haye en 1952, il a surtout vécu à Bruxelles. Il arrive à Paris à l’âge de 20 ans traînant sa dégaine de Grand Duduche, il enregistre un premier album «Sacré Géranium» qui sera un succès immédiat où l’on retrouve ses morceaux les plus connus comme «Ubu», «Bruxelles» et le titre phare «Sacré Géranium».


L’année suivante, en 1974, paraît un deuxième 30 centimètres : «Polymorphose», et en 1975 «Mireille» l’histoire tragi-comique d’une mouche. Tous les titres de Dick Annegarn penchent entre le comique, la simplicité de la vie, la tragédie et des ballades douces-amères. Son accent et son style nonchalant lui donne son «Étiquette». Il changera de voie dans les années 80, vivant sur une péniche et s’occupant de vie associative. Même si il n’a jamais arrêté d’enregistrer (deux albums en 6 ans), Il revient sur la scène du Zénith de Paris pour le concert «L’Evènement» qui réunit «Au Bonheur des Dames», «Martin Circus» et «Ange» en 1987.

Il montera diverses associations avec plusieurs musiciens comme le bluesman Robert Pete William ou encore l’accordéoniste Richard Galliano que l’on avait pu entendre avec Catherine Ringer en 1995. Ses enregistrements en dent de scie, ne le font pas oublier pour autant, pour preuve, un album Tribute titré «Le grand dîner» réunissent des artistes comme Bashung, Arno ou encore la famille Chedid père et fils qui apparaissent pour reprendre des chansons de ce dernier pour ses 30 années de carrière. Même si le bonhomme enregistre toujours pour lui-même, il  écrit surtout pour les autres comme Calogero ou Raphael.
Le grand échalas blond collectionne aussi les honneurs comme citoyen d’honneur de Bruxelles, docteur Honoris Causa de l’université de Liège et chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres par le ministre de la culture en France Frédéric Mitterand.

Le 7 avril dernier est sortie son 17 ème album «Vélo Va». Vélo ? Pour un Hollandais quoi que de plus normal dans un pays où la petite reine est roi (?). Quoi ? Oui je sais ! Il y a une faute de français, mais je trouve drôle et sa sonne bien à l’oreille !  Et puis zut ! C’est ma chronique et je fais ce que je veux ! Non mais !
Ah... Claude me fait savoir que ce n'est pas une faute mais une figure de style appelée "antinomie". Mince alors !!!




Murray of the Head in feet




Que dire de plus sur le plus français des britanniques ? Murray Head est un sexagénaire plutôt bien conservé, encore beau mec, on comprend mieux pourquoi il s’est fait connaitre comme acteur avant toute chose. Né 10 mois après la fin de la guerre à Londres, le cinéma le  prend en charge dès 1966, mais le rôle qui le fera connaitre sera dans le film de Schlesinger «Sunday Bloody Sunday» en 1971. Petite carrière d’acteur avec 14 films à son actif, mais carrière quand même ! Avec quelques films qui ont fait de petit succès comme «La Mandarine» de Edouard Molinaro en 1971, Molinaro qu’il retrouvera en 1996 dans «Beaumarchais l’insolent» avec Fabrice Luchini et où il jouera le rôle de Lord Rochford, l’ami de Beaumarchais. Mais sa voix sera son gagne-pain principal, on l’entend pour la première fois dans l’opéra rock de Time Rice «Jésus Christ superstar» en 1969 ou il tiendra le rôle de Judas, alors que celui de Jésus sera joué par …Ian Gillan qui à l’époque était le chanteur de Deep Purple.

Son premier disque sort en 1972 et fait... un bide complet. Il faudra attendre trois ans pour découvrir l’album de la révélation avec «Say It Ain’t so» qui fera un tabac en France. Tous démarre avec le titre emblématique «Say it Ain’t so Joe» : la sombre histoire d’un joueur de base ball tombé en disgrâce suite à une histoire de paris truqués. Personnellement, même si l’original est superbe, j’aime mieux la version de Roger Daltrey en 1977 que l’on trouve sur son album solo «One of the Boys». Mais il ne faut pas s’arrêter à ce morceau. «She’s Such a Drag» : un titre très blues-rock ou «Don’t Forget Him Now» qui n’est pas sans rappeler un certain Cat Stevens. Il se partager entre le cinéma, la musique (23 albums) et les B.O pour le cinéma comme «Cocktail Molotov» de Diane Kurys ou «Pour Cent briques t’as plus rien…» De Molinaro, il jouera dans la comédie musicale «Chess» où, pour l’occasion, il chantera le hit «One night in Bangkok» écrit par Benny Andersson et Björn Ulvaeus les deux ex-ABBA


Même s'il fait moins parler de lui actuellement au point de vue discographique, il tourne toujours sur les route du pays qu’il a adopté en 1970. Pour celles ou ceux qui voudraient en savoir plus sur lui, en 2011, il a écrit son autobiographie «En passant». Monsieur Murray Head, vous avez bien fait de passer et de vous arrêter.

2 commentaires:

  1. Grand fan des deux premiers, j'ai usé jusqu'à la corde le LP Jour de Clarté qui ne contient que des titres fabuleux y comparis les compos de Graeme. Apprenti guitariste à l'époque (je devais avoir 14ans) je rêvais un jour de pouvoir jouer d'aussi belle mélodies.Et puis ces textes sont bein fichus et plein d'humanisme et de volonté de combattre l'injustice.

    Pour Dick Annegarn je suis fan depuis son passage à la MJC de Créteil ou a été enregistré ce superbe double album Live. Dick est un guitariste inventif et dispose de cette connexion avec le BLues roots de chez Roots ca s'entend direct. Katina Tango par exemple est un titre incroyable de groove et d'invention

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  2. vu Graeme en concert dans mon bled il y a 3 ou 4 ans, avec ses musiciens malgaches, salle comble, et ambiance formidable, un grand Monsieur, chapeau

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