mercredi 9 avril 2014

The ANGELS "Talk the Talk" (28 janvier 2014) by Bruno


     Oui, apparemment, The Angels est bien de retour sur la scène, et impatient de prouver qu'il a encore les aptitudes pour rivaliser avec ses pairs, plus jeunes de vingt ans.
La reformation et le disque qui en résultait en 2012 n'étaient pas un dernier et fier sursaut avant la retraite. En effet, dès l'année suivante (ou presque) déboule, un nouvel opus : « Talk the Talk ».

de G à D : Bailey, J. Brewster, R. Brewster et Gleeson

     La pochette, de prime abord bâclée et repoussante, résume néanmoins l'essentiel. Le logo en rouge sur fond noir et gris saute aux yeux, attirant de suite l'intérêt de l'amateur potentiel. Ensuite - et surtout - Rick Brewster s'expose fièrement et impassiblement, guitare stratoïde en bandoulière, prêt à faire résonner ses riffs tranchants, alors qu'auparavant l'honneur était réservé à Doc Neeson. Même pour « Howling » où le groupe était présenté dans son ensemble, le Doc était au premier plan. Seul « Live Line » échappait à la règle (avec tout de même l'image du Doc reflétée dans les lunettes de Rick) ainsi que la compilation où l'on ne voyait que l'ombre de Rick Brewster.
Le chanteur à la forte personnalité qui faisait alors office de frontman et de leader n'étant plus là, pour diverses raisons, et en particulier de santé, c'est tout naturellement que Rick Brewster prend les rênes. La pochette, sans ambiguïté, LE présente donc comme le leader du groupe.

Cette dernière mouture pourrait même actuellement se rebaptiser Brewster's Angels tant il y a dorénavant de Brewster au m² (3/5ème du groupe).

     « Talk the Talk » aurait pu sortir plus tôt s'il n'y avait eut les graves problèmes de santé de Chris Bailey et par la suite son décès le 4 avril 2013. D'après Nick Norton, le batteur, les premières sessions du matériel qui allait constituer ce disque auraient débuté peu de temps après la réalisation de « Take it to the Street ». Ces premières sessions débutées en 2012, donc avec Chris Bailey qui continua en dépit de la déclaration d'un second cancer, non sans humour et optimisme. Sam Brewster, le fils de John, l'accompagnait au studio, parfois pour l'aider... jusqu'à ce qu'il doive, finalement, tristement, le remplacer. De la sorte, on retrouve Chris Bailey sur cinq pièces, le reste étant donc assuré par Sam.

de G à D : Rick, Dave, Sam, Nick et John 

    Un disque finalisé dans la douleur avec le décès de Bailey, ainsi que les soins intensifs que dut impérativement commencer Doc Neeson pour soigner sa tumeur au cerveau.
Pourtant, même si deci-delà, on peut déceler un côté sombre surgissant quelque fois à la surface, jamais le spleen ne vient obscurcir les compositions. Derrière la morgue faussement bravache et vraisemblablement crâneuse du Rock de The Angels, surnagent toujours des émotions saines comme l'espérance, l'optimisme, ...

     « Talk the Talk » s'inscrit dans la continuité des classiques du groupe d'Adelaïde. A savoir « No Exit », « Dark Room », « Night Attack » et « Face to Face » (ce dernier titre semble d'ailleurs faire écho au dernier né). C'est pratiquement un retour total aux sources, au Rock droit et tranchant qui avait tant fait son succès et sa réputation. En ce sens, pas de crossover ou quoi que ce soit pour s'attirer les faveurs des radios ou de MTV. La production est dépouillée pour mieux servir le son droit, sec et mat du quintet, qui parvient miraculeusement à sonner organique en dépit d'une apparente raideur. Toutefois, malgré ses qualités, Dave Gleeson ne parviendra jamais à effacer le souvenir de Doc Neeson. On serait tenté de dire que c'est une évidence tant le Doc avait une présence forte, indélébile et marquante. En comparaison, Gleeson pêche par une voix plus étouffée, une « gorge serrée », et une relative retenue. Mais inutile de faire la fine bouche car cet acétate peut se présenter la tête haute devant les albums mentionnés ci-dessus. Et puis Gleeson donne l'impression d'être bien plus à son aise, plus naturel et détendu.

Gleeson, Brewster, Brewster, Norton and Brewster

     Dès l'entrée en matière avec le titre éponyme, le décor est planté, on annonce la couleur : c'est du grand « The Angels », assis sur des riffs de tueurs-à-gages, précis et inébranlables, d'une efficacité redoutable. Les Brewster Brothers alternent des arpèges cinglants, tranchants comme un katana, avec des power-chords redoutables, à l'exécution paradoxalement chirurgicale mais non dépourvue de chaleur, soutenus par une rythmique impavide. Des riffs édifiés sur l'interaction entre deux grattes franches, crunchies, qui ne s'embarrassent pas d'effet (peut-être un léger compresseur et une p'tite overdrive pour les soli).
Et la pression ne retombe pas pendant quatre titres de haute volée, avec au passage un « Every Man » qui se marierait plutôt avec le « Skin & Bones » de 1998, et clôturé par « Broken Windows ». Superbe titre de Hard-blues limite boogie, sautillant comme un kangourou en joie, mis en valeur par son chaleureux riff en picking hybride, et ses traits d'harmonica irradiant d'électricité. Soit quatre titres d'affilée de haut niveau
« Heart of Stone », la cinquième piste aux accents de Rolling-Stones fatigués, s'essouffle quelque peu.
On récupère le temps de deux chansons en demi-teinte, pour reprendre avec le virulent pamphlet contre l'aliénation mondiale à un système politique économique impitoyable, « Nation are Falling », empreint d'une sourde et froide colère, mais qui ne libère pas cette dernière dans un déluge sonore stérile mais plutôt dans une ambiance boogie-hard-blues à la AC/DC. Un délice.
« You Might make it » enchaîne avec les penchants Punk-Rock d'autrefois. Du rock nerveux sur un rythme accéléré, mais toujours canalisé, et un chant fébrile et tendu. Et « Book of Law », une composition du fiston Sam, fait appel à l'art du « riff-scalpel » pour accompagner ce Rock qui aurait pu venir enrichir le répertoire le plus nerveux des Cars.
Et « I Come in Peace » résonnerait presque comme le AC/DC de « Powerage », pourvu de refrains plus Pop.
Le final semble s'abandonner à la morosité et la grisaille mais, dès le premier refrain les premiers rayons de soleil font leur apparition, et une lente lueur d'espoir fleurit progressivement, nourrie de chœurs cordiaux, presque triomphants, et d'une guitare lead résonnant sainement de licks bluesy enthousiastes. Un simple et beau final.


Avec « Talk the Talk », The Angels revendique un héritage australien, mais surtout affirme un son, un genre, sa propre personnalité.
  1. Talk the Talk - 4:59 (Brewster, Marcus Ahhern, Brewster)
  2. Got an Itch - 3:22 (Rick, Gleeson, John)
  3. Every Man - 5:35 (John, Norton)
  4. Broken Windows -3:52 (John, Gleeson)
  5. Heart of Stone - 3:42 (Rick, Gleeson)
  6. Got a Feeling 4:09 (Rick, Gleeson)
  7. Nations are Feeling - 4:18 (John, Norton, Rick)
  8. You Might Make it - 3:11 (Norton)
  9. Book of Law - 3:32 (Sam, Norton)
  10. I Come in Peace 4:12 (Rick Brewster, Ross Wilson)
  11. Personnal Thing - 4:39 (Rick Brewster)
  12. No Rhyme Nor Reason - 4:18 (Rick Brewster)

Rick Brewster - guitares
John Brewster - guitares, harmonica, chœurs
Dave Gleeson - chants
Chris Bailey - basse, chœurs - (sur pistes 1, 3, 7, 9 et 12)
Nick Norton - batterie, chœurs, chant /  "Book of Law"
Sam Brewster - basse, chœurs, guitare solo / "Book of Law"


Autre article / The Angels : "Take it to the Streets" (2012)

Rick Brewster a été récemment nominé dans le top 5 des meilleurs guitaristes australiens par une revue de guitare du pays. Rick a été bien évidemment flatté de cet honneur, et surpris de se retrouver aux côté d'Angus Young (placé premier, il me semble), sa principale influence, le guitariste qui lui a donné envie d'en apprendre plus, d'être meilleur (mais dont le jeu de scène n'a eu aucun impact sur lui). Pour mémoire, The Angels a tourné avec AC/DC dès 1975, ce qui permit à Rick de jammer avec Angus sur de bons vieux Blues.


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