Je ne sais pas pourquoi mais je m'étais mis en tête que
Jersey Julie venait de Jersey, et Guernesey, les îles anglo-normandes. En fait
elle vient d'outre Atlantique, de l'état de Jersey, qui à vu naître Bruce
Springsteen, Southside Johnny, Zakk Wylde, Bill Evans ou Count Basie. A ces
grands noms il faudra peut-être ajouter bientôt cette chanteuse saxophoniste si
elle continue à pondre des albums de cette qualité, mais nous alons y revenir. Avant de s'établir dans le Sud de la France
elle a pas mal bourlingué, avec son duo "The Vagabonds" ou en
accompagnant des musiciens aussi connus que
Dereck Trucks, Tinsley Ellis, Lucky Peterson, le regretté Sean Costello
ou Mudcat. Elle a également vécu à Chicago, s'y imprégnant du blues, mais ses
influences musicales ne s'arrêtent pas là et vont du jazz au folk en passant
par le gospel, la country, le bluegrass et le rock'n'roll fifties. En France
depuis quelques années, elle fonde le Jersey Julie Band en 2011 avec son
guitariste de mari, Olivier Mas, bien connu sur la scène régionale qui compte
aussi les excellents Red Beans (clic ) (Julie
chantait d'ailleurs un titre sur le premier album de ceux ci) et à la
contrebasse Stéphane Blanc que l'on peut entendre notamment auprès de sa
cousine Olivia Ruiz.
On n'a pas trop l'habitude d'entendre une
chanteuse/saxophoniste alors je me demandais vraiment ce que cela allait donner
et quelle direction prendrait l'album, Jazz ? Rythm'nBlues ? Rock'n'Roll
"Springsteenien" (Ah le sax de
feu Clarence Clemons...) ? Funk ? Bon, le mieux
est de l'écouter ensemble…
"Don't worry no more" m'a décoiffé d'entrée avec cette descente de
manche surf/rockabilly qui ouvre un rock'n'roll jazzy agrémenté du piano de
Christian Bernard (Bayou Brothers) et d'une seconde guitare de luxe, celle de
Bernard Sallam du groupe Awek. La couleur est donnée: du rythme, une chanteuse
énergique, de superbes solos de sax, on ne va pas s'ennuyer. Effectivement suivront
une belle série de reprises, le swinguant "Oh me oh my" (Danny
"Mudcat' Dudeck), "Worried about you baby" un rockin'blues
galopant d' Arthur "Big Boy" Crudup (auteur de "That's allright
mama" et influence majeure d'Elvis),
"Grinning in your face" de Son House, un delta blues bien revisité avec la voix
grave d'Olivier qui vient duetter avec
celle de Julie. Je m'arrête sur "Rockabilly fever" , rien que le
titre est un programme à lui tout seul, signé en plus Carl Perkins, et, magie,
on passe de Béziers aux mythiques studios SUN Records rencontrer les fantômes
de Johnny Cash et Elvis. Et ce solo de sax, terrible, vraiment Jersey joue sur
du velours (calembours déposé à la Sacem copyright Rockin-JL). Encore des
reprises avec le classique de l'harmoniciste Billy Boy Arnold "I wish you
would", sans harmo ici, mais avec une sorte de "Bo Diddley beat",
le "Hound Dog" (Elvis, Big
Mama Thornton) de Leiber & Stoller, dans une belle version cool de ce
standard , "Pony boy" avec
l'harmonica d'Olivier et un beau travail de guitare, un beau country rock
bluesy qui fleure bon le Sud (des
States! normal c'est signé Dickey Betts des Allman Brothers) et "Richland
woman blues" blues du pionnier Mississippi John Hurt. Ajoutons à cela,
outre le premier titre que j'ai déjà évoqué 6 autres compos du groupe qui ne déparent pas l'ensemble, de belles ballades comme "Great
chance" ou "Hope no gal"
portée par les percus de Jean-Brice Vietri et un sax omniprésent , le country-folk
"The promise", le rockab "Sunray" où l'on retrouve Bernard
Sellam et les chœurs des Bayou Brothers qui donnent une jolie couleur gospel.
Pardon, je me recoiffais, faut dire que je sors de ce disque
avec une sacré banane, "Goosebumps" signifie "chair de
poule" ou "frissons" et on peut dire que le Jersey Julie Band
procure tout ça avec ce son de guitare,
le sax, le swing donné par la contrebasse, et bien sur le chant dynamique de
Julie; et en concert ce doit être encore mieux. Le cocktail à base de boogie,
rock'n'roll, blues, jazz, soul est pétillant, bien servi par un groupe à
l'osmose évidente, dont le plaisir de
jouer est palpable et qui a su créer son
propre univers.
article paru dans le N°32 de BCR La Revue
Je découvre, j'adore !
RépondreSupprimerj'ai déjà eu la chance de l'entendre en concert elle est géniale, rien de plus à dire si ce n'est qu'il faut courrir acheter son album.
RépondreSupprimerUne vraie plaie ces spams, je confirme !!
RépondreSupprimerbon, j'ai rien à dire, juste envie de tester votre anti spam!
RépondreSupprimer(mais cet album doit être chouette, l'extrait me plait beaucoup.)